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Le théâtre du Chasselay
Coincé dans les monts d’Or, à une vingtaine de kilomètres de Lyon, Chasselay, 2751 habitants, cache un club atypique : MDA Foot. Une formation dont le principal fait d'armes cette saison reste d'avoir mis fin prématurément à la saison de Falcao, et qui se bat en CFA pour garder la tête hors de l’eau en s'appuyant sur un recrutement haut de gamme. Immersion dans le vestiaire de Giuly, Govou et Zaïri.
Vendredi 28 mars, 17h02. Deux minutes de trop. « Vous êtes en retard les gars ! Vous allez payer ! – Mais oui tonton, t’inquiète. » Celui qui sermonne les derniers retardataires, ce n’est pas le coach. C’est celui dont le stade où la scène se déroule porte le nom : Ludovic Giuly. « J’avais promis à Gérard Leroy, aujourd’hui décédé, que je reviendrais à Chasselay. J’ai tenu ma promesse. Je suis bien ici, je connais le club par cœur. » C’est lui aussi qui, dix minutes plus tard, prendra l’initiative avec Soner Ertek, le vice-capitaine, de débuter l’entraînement en attendant le coach, qui prépare sa feuille de match pour le lendemain. Finalement, Stéphane Santini, fils de, arrive pour superviser la séance. Le même timbre de voix que son père, qui lui avait dit, il y a quelques années, qu’il avait les capacités pour coacher. « C’était pour moi difficile de réaliser que j’en étais capable à l’époque car j’étais encore joueur. Aujourd’hui, il ne m’aiguille pas sur les choses à faire, le plus grand respect qu’il a, c‘est de me laisser m’exprimer avec mes mots, ma propre méthode de travail. On échange forcément mais c’est quelqu’un qui me laisse travailler et qui, comme tout père, est content du travail que je peux faire. »
Les coups du foulard de Zaïri
La séance d’entraînement prend des allures de répétition générale avant le derby du lendemain contre le rival voisin Villefranche. Govou perd quelques ballons, Giuly régale et Jaouad Zaïri, ancien Sochalien et Nantais récemment arrivé au club sur les conseils de son coéquipier en sélection marocaine, Jamal Alioui, impressionne. Si le joueur confiait ne pas avoir touché un ballon depuis un an, ça ne l’empêche pas d’enchaîner petits ponts et coups du foulard. « Il est encore facile avec le ballon. Personnellement, je préfère le gérer à distance » , s’amuse Jeffrey Bugnet, un des cadets du groupe, formé chez l’autre prestigieux voisin : l’OL.
Lendemain, même heure. Ils sont cinq sortis du centre de formation de l’Olympique lyonnais alignés dans le onze de départ pour le derby, sans compter les anciens pro Giuly et le stoppeur Alioui, un des hommes du match. Daniel Jaccard, dans le but des locaux, a de son côté été l’entraîneur des gardiennes de l’OL. Une équipe composée d’anciens et de plus jeunes, qui semble doucement trouver son équilibre. « On a besoin de ce mélange, explique Jocelyn Fontanel, le président du club.Avec seulement des jeunes, ça ne marche pas. » Et pour cause. Après deux changements tactiques (4-3-3 au coup d’envoi, 4-4-2 en losange dix minutes plus tard puis 4-2-3-1 peu après le retour des vestiaires) et quelques occasions pour les visiteurs repoussées par Jaccard, le salut vient d’une volée de Giuly, à la 64e minute. Doumé Giuly, père de, président d’honneur du club et donateur depuis 15 ans, confie toute sa fierté. « Aujourd’hui, je n’ai pas pleuré. Mais le premier match où Ludo a marqué avec Chasselay en début de saison, j’ai versé une petite larme. Il m’a dit qu’il n’était pas revenu pour que je pleure. De toute façon, que ce soit avec le Barça ou Chasselay, je pleure à chacun de ses buts. » Zaïri, entré en jeu à sept minutes de la fin du match, se montre, lui, moins performant que la veille. « Aujourd’hui, il ne les a pas respectés, il était encore nonchalant » , commente Bugnet à la sorte des vestiaires. Et Fontanel de vanter une nouvelle fois les mérites de son groupe hétéroclite : « Aujourd’hui, s’il n’y a pas les anciens, on ne gagne pas. Ce match, il se gagne à l’expérience. »
Falcao, le sujet tabou
Un classique du foot amateur : expérience et jeunesse se côtoient plutôt bien du côté de Chasselay. « Les anciens, comme Ludo, mettent l’ambiance » raconte Michel Thiry, un des dirigeants de l’équipe première. Venant de Govou, on imagine ça très bien. « On n’est pas encore sortis avec Sidney, mais on doit le faire bientôt, promet Bugnet. Les plus anciens partagent beaucoup de choses avec nous, et pas seulement des conseils de foot. » Plus sérieusement, pour Soner Ertek, plus connu pour son malheureux tacle sur Radamel Falcao en 16e de finale de la Coupe de France – un sujet tabou au club et que le joueur refuse désormais de commenter – que pour son bon travail de défenseur central, « la mayonnaise a bien pris. Sidney et Ludo se sont mis au diapason. » La question que tout le monde se pose surtout, c’est comment un club de CFA a-t-il réussi à attirer des joueurs tout juste sortis de clubs de l’élite ? « C’est l’effet Ludo,explique le président.Zaïri et Govou ont accepté de venir pour trois fois rien. Sidney, il habite à côté, il vient d’avoir un enfant. Il nous avait dit que s’il n’avait pas d’autres propositions, il viendrait. On ne s’enflamme pas, on n’est pas bling-bling comme certains pourraient le croire. Il y a une bonne ambiance et un projet. » Et pour Santini, avoir à gérer un tel groupe est un atout majeur. « J’ai de la chance que tous les anciens pros et internationaux aient une très bonne mentalité, ils ont envie de transmettre un certain savoir. Ils sont de par
- Par Lucie Bacon