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Le TFC, un club sympa

Antoine Mestres
Le TFC, un club sympa

Le TFC est un club sympa, avec un stade sympa, des supporters sympas, des joueurs sympas, un président sympa et des ambitions sympas. À l'orée de la nouvelle saison, ça ne devrait pas changer.

À défaut de refiler des frissons à ses supporters, le TFC leur assure une certaine tranquillité d’esprit. Dès que le bateau haut-garonnais tangue dans un sens comme dans l’autre, vers la gloire ou vers l’angoisse, une petite série de victoires ou de défaites se ramène pour replacer l’édifice dans sa zone préférée : le devant du ventre mou, ou le derrière de l’échappée, au choix. Bien au chaud, devant Lorient, et derrière Rennes. Il y a deux ans, 14e à 7 journées de la fin, le TFC a fini fort pour finalement terminer 8e. Cette année, 4e à neuf journées de la fin, il a fini très très mal, pour terminer 8e. Comme un symbole, comme si le Toulouse Football Club était génétiquement accroché à cette place inutile et à son statut de club sympa. Celui qu’on craint un peu, mais pas trop non plus. Celui qu’on aimerait mettre avant la saison parmi les outsiders, mais qui déçoit toujours au moment de franchir le cap. Celui qui devrait être capable d’aller gratter une petite coupe de temps en temps, mais qui cale toujours début janvier contre un CFA ou un National, évoquant alors le fameux « traquenard » .

Club social, club viable, club chiant ?

A contrario, il se vend comme un club familial, formateur, bon gestionnaire. Une façon de masquer le manque de résultats ? Un peu. Mais pas seulement, l’idée est cohérente, le TFC est un club avec un fonctionnement sain, qui dure en Ligue 1. Régulièrement dans la première partie de tableau, avec l’un des meilleurs centres de formation de France, le discours et la stratégie d’Olivier Sadran fonctionnent, alors qu’une tripotée de clubs historiques se préparent à jouer en Ligue 2 et que d’autres, toujours en ligue 1, sont obligés de dégraisser pour pérenniser leur modèle économique. Annoncé à ses débuts comme une sorte de Jean-Michel Aulas 2.0, il a vite recalibré son discours autour du principe de réalité. En fin de saison, il se justifiait dans La Depêche : « On a l’équipe la plus jeune du championnat, et quand la pression se fait plus forte, en fin de saison, on loupe quelques coches. » Avant d’ajouter : « La réalité de la Ligue 1, c’est de rester en Ligue 1. Notre treizième budget sera en baisse la saison prochaine, ça veut donc dire qu’il faudra d’abord parfaitement défendre, et nous avons donc la meilleure défense de L1. »
Cette image de club citoyen, Toulouse la cultive. Rémi Denjean, responsable de la Fondation TFC, s’explique dans La Depêche toujours : « On a une politique de mécénat depuis plus de 10 ans. Elle s’articule autour de trois volets. Le premier est éducatif, le second est plus social, on intervient dans les quartiers sensibles, et dans un troisième temps, sur le plan caritatif au soutien d’associations. » Jean-François Soucasse, directeur Général du TFC, responsable de la formation, disait, lui, il y a peu à L’Équipe que « ça peut paraître tarte à la crème, ça peut paraître dans l’air du temps, mais nous, on le fait depuis dix ans » . Olivier Sadran, frustré que son travail long-termiste ne soit pas reconnu, peste, lui, toujours sur la fréquentation en baisse du Stadium : « On a soigné au TFC tous les maux du football, en termes de citoyenneté, d’actions dans les quartiers, auprès des mairies, auprès des femmes, etc. C’est un travail en profondeur, qui n’est pas reconnu. » Et s’il ne manquait, en fait, qu’un peu de folie ?
Bulut déjà parti, Zebina nouveau capitaine
Sur le pré, la donne devrait être sensiblement la même. En période de vaches maigres sur le marché des transferts, ce n’est pas l’austère club toulousain qui va chambouler la donne. L’effectif n’a pas changé, à quelques détails près. Daniel Congré, toulousain depuis toujours, est parti s’aérer et jouer la Champions League avec Montpellier. Il a été remplacé par Jonathan Zebina, d’entrée intronisé capitaine, et qui sera chargé encadrer l’effectif le plus jeune de France. Umut Bulut, capable de planter le but de l’année à Gerland, mais incapable d’être une alternative crédible en pointe, est quant à lui retourné s’exprimer dans le seul championnat où il a marché : le championnat turc, à Galatasaray. Pour ce qu’il faut appeler comme tel : un gros bide. L’attaque toulousaine reposera donc sur Emmanuel Rivière. « Il a connu une première année compliquée par les blessures et la concurrence d’Umut Bulut. Ce n’est pas facile de couper le cordon avec son club formateur. Cette saison doit être celle de son explosion. Il doit être encore plus régulier et efficace » , envoie Alain Casanova, qui tolère une première saison moyenne, mais attend beaucoup plus. Emmanuel Rivière a beau être le meilleur buteur du TFC de la saison passée, cinq pions, c’est peu.
Tactiquement, le 4-1-4-1 de coach Casa a la peau dure. Et encore de beaux jours devant lui. Conscient que l’idée de bien défendre a aussi ses limites quand il faut gagner des matchs de fin de saison, il compte étoffer un peu le plan de match avec des systèmes de secours : « Il faudra pouvoir s’appuyer sur un deuxième et même un troisième système de jeu, lâche-t-il. J’ai aussi le 4-4-2 de la fin du match d’Ajaccio, mais animé de manière différente avec Braaten ou Ben Yedder, par exemple, en soutien de l’attaquant. C’est une possibilité. » Deux attaquants au TFC, vraiment ? Pour mémoire, Toulouse s’était incliné 2-0. Preuve qu’on ne change pas son fond de commerce rapidement. Le TFC a ses certitudes. Les certitudes d’un club sympa. Il en faudrait un peu plus pour devenir autre chose.

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Antoine Mestres

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