- Liga
- J27
- Real Madrid-Real Valladolid (6-0)
Benzema et la vérité du terrain
Auteur d'un triplé face au Real Valladolid ce dimanche, Karim Benzema est venu rappeler à qui veut l'entendre qu'il était encore indispensable sur le terrain.
Pas un mois ne passe sans que le nom de Karim Benzema ne vienne occuper la sphère footballistico-médiatique. Bonnes ou mauvaises, les frasques par l’attaquant français font réagir, et c’est justement ce qu’il s’est passé ce dimanche. Pour le meilleur, heureusement. Venu gifler Valladolid à Santiago Bernabéu (6-0), le Real Madrid a en effet pu compter sur son Altesse Nueve, auteur d’un triplé express et délicat : une tête plongeante subtile, un enroulé précis et une volée acrobatique audacieuse. Alors, pourquoi donc en venir à parler de Benzema ? Car justement, l’intéressé a lui-même tenu à rappeler qu’il était l’incontestable leader de la Maison-Blanche, malgré les débats extérieurs.
Des piques et du jeu
Pour le Lyonnais, cette saison 2022-2023 ressemble en effet à un lendemain. Celui d’un printemps 2022, conclu par un sacre en Liga (meilleur joueur et meilleur buteur avec 27 buts) et une démonstration en Ligue des champions (meilleur joueur et meilleur buteur avec 15 buts), puis d’un hiver de la même année, couronné par le Ballon d’or. Mais souvent, les lendemains déchantent, et ce cru 2023 en aura été le symbole. D’abord en France. Forfait pour la Coupe du monde, Benzema s’est engagé dans un énième duel par médias interposés avec Didier Deschamps, suscitant de nouvelles interrogations sur sa communication (trop) souvent irritante. Des messages glissés en subliminal à l’encontre du sélectionneur, venus nourrir la machine à critiques dont est sujet le buteur. Car outre l’Hexagone, l’Espagne y est également allée de ses analyses acerbes.
Principal argument avancé : Benzema n’est plus aussi performant depuis le Ballon d’or. La faute à un corps de plus en plus fragile, poussé à son maximum l’an dernier, et donc à des blessures fréquentes. Entre soucis musculaires et repos forcé, Benzema a ainsi manqué quatorze rencontres cette saison (dix-sept si l’on compte ses dernières convocations en sélection). En 2021-2022, ce chiffre s’élevait à dix absences sur l’ensemble de la campagne madrilène. De quoi donc susciter l’étonnement sur la Péninsule, où beaucoup estiment que KB9 se préserve – surtout en Liga – et que son implication se fait au gré du prestige des rencontres. Mais une fois tout ceci dit et révélé, que reste-t-il ? Le terrain bien sûr. Et dans cette zone, le protagoniste brille toujours.
Action Man
Sur le pré, Karim Benzema est difficilement contestable. En Liga comme ailleurs. Maître offensif, et combinateur toujours aussi absolu aux côtés de Vinícius Júnior et Rodrygo, le Français fait toujours aussi mal une fois lancé. Depuis le 30 décembre dernier, et la reprise post-Mondial, le voilà en effet à seize buts inscrits et quatre passes décisives. Des réalisations à foison, illustrées par ce triplé devant Valladolid, un doublé contre Elche ou un autre à Anfield, face à Liverpool. Deuxième meilleur artificier en championnat (quatorze, derrière Robert Lewandowski, dix-sept), le numéro 9 prouve donc que les critiques ne l’atteignent que très peu et qu’une fois sur le rectangle, seul lui est habilité à parler.
Afin de se donner un léger crédit, la presse espagnole aura tout tenté. Quitte à mettre un puéril « 0 » à l’intéressé, au lendemain de la défaite du Real Madrid contre le FC Barcelone (2-1). On ne saura pas si l’attaquant s’est senti vexé, mais il a, en tout cas, refusé de s’exprimer au sortir du festival blanco ce week-end. Mieux, Benzema a choisi d’envoyer Javier Atalaya, son préparateur physique personnel, pour s’exprimer au micro de DAZN, l’un des diffuseurs de la Liga, avant la partie : « Il est dans une forme physique optimale. Nous avons profité de la trêve pour faire deux, voire trois séances intenses en deux semaines, et il est plus affûté que jamais. » Un ultime pied de nez aux irrévérencieux qui l’accusent de tricher, lui qui, à 35 ans, s’est donné pour objectif une sixième Ligue des champions. Le blabla attendra.
Par Adel Bentaha