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Le talent peut-il disparaître ?

Par Charles Alf Lafon
Le talent peut-il disparaître ?

La liste des joueurs ayant égaré leur football est longue comme le bras : Adriano, Torres, Falcao, bien sûr, mais aussi Kagawa, Motta, Thiago Silva ou Piqué. Sans parler des Kaká, Shevchenko ou Verón du passé. Mais où se cache-t-il donc ?

Pour Noël, les supporters havrais ont eu mieux qu’un pull qui gratte un peu, une bouteille de whisky ou même qu’une PS4 : la confirmation qu’Adriano allait porter le maillot ciel et marine. Si ce n’est pour le moment qu’un tweet fleurant bon le Google Translate, la possibilité de voir l’Imperatore fouler les pelouses françaises, de Ligue 2 qui plus est, en fait saliver plus d’un, qu’il soit immatriculé 76 ou simple amateur de belles choses. Parce qu’Adriano, c’est la violence, la puissance d’un jeu sans faiblesse, avec ces frappes du gauche à vous trouer les filets. Le meilleur joueur de l’histoire de PES, et pendant quelque temps, du monde, tout simplement.

Et puis son père est mort, Adriano a plongé, et sa carrière a déraillé. Un tour à São Paulo, l’Inter de nouveau, un retour à Flamengo. Cinq matchs dans une Roma qui tente sa chance, un de moins à Corinthians qu’il quitte parce qu’il n’a plus envie, aucun à Flamengo qui le payait pourtant à la performance, toujours zéro à Atlético Paranaense. Alors malgré les souvenirs, difficile de s’imaginer un nouveau départ pour le Brésilien en Normandie. Christophe Maillol a – peut-être – fait venir un nom, mais guère plus. L’Imperatore est devenu le « nouveau porc du Havre » . Sauf que le talent ne se mesure pas sur une balance.

L’éternelle bataille de l’inné et de l’acquis

Lorsqu’il revient la première fois à Flamengo, même plein d’alcool et de fêtes, il trouve le moyen de remporter championnat, titre de meilleur joueur et de meilleur buteur. Suffisant pour que José Mourinho décide d’essayer de le sauver. Quand Zlatan ne parvient pas à abattre les Red Devils en Ligue des champions, le Special One lance quelqu’un d’encore plus bigger than life. À un poteau près, le talent d’Adriano aurait suffi. La justice pour les médiocres adeptes des résultats acquis à la sueur du front, un crève-cœur pour les esthètes.

Parce que le talent, c’est le contraire du travail. C’est l’inné, l’inquantifiable, le chemin infini qui relie l’âme au corps. C’est la beauté de tout ce qu’on ne peut tenir. C’est la grâce. Quand on demande à Gabriel Heinze comment il se définit en tant que joueur, il répond : « Moi ? Comme un joueur très mauvais ! Avec une très grande capacité d’effort et de concentration, mais sans qualité technique. J’ai du caractère, je suis tenace, je ne laisse rien au hasard. On ne m’a pas doté de ce don technique, je n’ai pas de talent. Donc je base entièrement mon jeu sur le travail. » Le talent ne pouvant s’acquérir par le travail, seulement se développer, difficile de le retenir. Comme le disait Dostoïevski, « le talent a besoin de sympathie ; il faut qu’on le comprenne » . Et souvent, on ne comprend pas.

De héros à zéro

Facile de rire du poids d’Adriano, du manque de réussite face au but de Torres, des contrôles de DH de Falcao, de la marche de Motta, des errements et des larmes de Thiago Silva. Il est aisé de brûler ses idoles, mais ceux qu’on adorait hier ne sont pas devenus des bananes du jour au lendemain. Leur don s’est simplement dissout dans l’alcool, brisé dans un genou, un dos, égaré dans une ville étrangère. Il est toujours là, quelque part, attendant qu’on le retrouve. Mais plus on le cherche en vain, plus il s’éloigne. Une certaine histoire de confiance. « Pour avoir du talent, il faut être convaincu qu’on en possède » , écrivait Flaubert. Certains l’ont oublié. D’autres n’ont pas envie de faire les efforts nécessaires. Regardez Cassano : il aurait pu être immense, mais être un roi à Parme lui suffit.

D’aucun parlerait de gâchis, mais un homme a encore le droit de choisir sa destinée. Il ne doit une carrière à personne, si ce n’est à lui-même. Après reste une question : que ressent-on quand on n’est plus celui qu’on a été, et qu’on ne le sera peut-être plus jamais, pour une raison ou pour une autre ? Alain-Fournier disait : « Un homme qui a fait un bond dans le Paradis, comment pourrait-il s’accommoder de la vie de tout le monde ? » et il avait sûrement raison. Les footballeurs n’étant jamais que des superhéros en crampons, la réponse se trouve peut-être dans la bouche du Comédien des Watchmen, juste avant de mourir : « C’est une farce. Tout n’est qu’une farce » .

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Par Charles Alf Lafon

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