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Le tableau de Mané, les bouteilles de Ranieri

Par Maxime Brigand
9 minutes
Le tableau de Mané, les bouteilles de Ranieri

Hazard qui fait péter le champagne sur Leicester, Sadio Mané qui danse sur City, Newcastle qui rêve encore de maintien et Louis van Gaal avec une boule rouge dans la bouche. C'était l'une des dernières danses de la saison en Angleterre. Un ballet qui se termine, comme souvent, dans les larmes et les cris.

L’équipe de la journée : Southampton

Oh when the Saints go marching in… C’est un modèle. Le genre d’élève sérieux, discret, qui sait briller sans trop qu’on parle de lui. Pourtant, Southampton est bien un moteur dans la machine Premier League, et ce week-end l’a encore prouvé. Face à City, la bande à Koeman a tout simplement été impériale (4-2), explosive offensivement et extrêmement solide derrière, à l’image de la prestation parfaite de Virgil van Dijk. Alors oui, Pellegrini avait largement fait tourner (Nasri, Delph, Zabaleta, Bony, Iheanacho) en vue de sa demi-finale retour de C1 contre le Real mercredi, mais il ne faut rien enlever aux Saints. Cette saison est paradoxale : des promesses, un hiver difficile et, finalement, un printemps heureux (une seule défaite lors des huit derniers matchs) grâce à la forme retrouvée d’un Sadio Mané en feu, auteur d’un triplé dimanche, et qui ne devrait plus rester très longtemps dans le sud de l’Angleterre. Koeman a retrouvé son système, ses hommes, et peut espérer se battre pour la cinquième place tout en se permettant d’exclure Graziano Pellè du groupe pour « ses prestations à l’entraînement » . La banane donc, avant un nouveau dépeçage estival qui devrait s’organiser autour de Tadić et Jordy Clasie notamment. Un bain de saints.

Le joueur de la journée : Jermain Defoe

Une main au cul a toujours eu des conséquences. C’est comme ça. Celle posée par Geoff Cameron sur le postérieur rebondi de Defoe samedi au Britannia Stadium entre dans cette catégorie. Il ne restait alors que quelques secondes à jouer, Stoke menait 1-0 grâce à Arnautović, mais voilà. Ce Sunderland est en résistance et ne posera jamais les armes dans sa lutte à distance avec Newcastle et Norwich. Ce week-end, Sam Allardyce a pu laisser tranquille son chewing-gum grâce à Jermain, encore. Sur penalty, cette fois, pour ramener un point précieux qui laisse les Black Cats avec les Magpies dans le viseur, à une balle. Si Sunderland en est là cette saison, c’est avant tout grâce à Defoe. Une nouvelle fois ce week-end, le buteur éternel a marqué et soulagé tout un groupe grâce à une quatrième réalisation sur les quatre derniers déplacements de son équipe. Jermain philosophale.

Le but de la journée : Andros Townsend

Rafael Benítez a passé de longues minutes à agiter ses mains derrière sa ligne. Il veut que ça s’arrête. Au fond, il veut surtout respirer. Samedi, face à Crystal Palace, Newcastle a longtemps souffert. C’est dans ces moments que naissent aussi des héros. Cette fois, le costume a été porté par Andros Townsend, un mec qui affirmait encore il y a quelques mois « avoir le cœur brisé » après une romance inachevée avec Tottenham et Mauricio Pochettino. En janvier dernier, l’international anglais (dix sélections) a donc débarqué à Newcastle pour remonter le temps et sauver un club à la dérive pour seize millions d’euros. Depuis, les Magpies se battent encore pour survivre, mais Benítez le sait : tout est encore jouable pour un groupe qui n’a plus perdu depuis quatre matchs. Pour le retour de Pardew à St James’ Park, la Toon army a arraché trois points précieux grâce à un coup de patte du bel Andros, à la prestation énorme de Karl Darlow qui a sorti un penalty de Cabaye et au massif Lascelles pour sortir d’une zone rouge où la bande est enfoncée depuis février dernier. Andros, Andros, la force du fruit.

La déclaration

« Si je vous attrape par les cheveux, vous allez réagir. Ce n’est pas autorisé par les règles, on ne peut pas attraper son adversaire par les cheveux et le mettre au sol ensuite. On ne voit ça que dans le sadomasochisme. Là, c’est autorisé. » Louis van Gaal, interrogé sur une possible exclusion de Marouane Fellaini coupable d’un mauvais geste sur Robert Huth lors du nul entre Manchester United et Leicester (1-1) dimanche.

Le Pélican est différent. Son monde aussi. Alors, il aime le faire savoir. Avant le choc face aux Foxes à Old Trafford, Louis van Gaal avait déjà lâché ceci : « Bien sûr, les propriétaires savaient que ce serait difficile. J’ai été embauché pour ça. Je voulais signer pour deux ans, mais ils me voulaient trois ans. J’ai signé pour trois ans, donc vous me verrez la saison prochaine. » Depuis quelques semaines, son United va mieux, c’est vrai, mais c’est encore loin des standards d’une institution qui rêve encore d’un ticket pour la Ligue des champions avec un match en retard à jouer la semaine prochaine à West Ham. Face à Leicester, les Red Devils ont probablement joué leur meilleure première période de la saison, mais ont été tenus en échec (1-1). L’avenir du banc mancunien est ouvert, Mourinho, pas Mourinho, Blanc, Giggs ou finalement Van Gaal ? On ne sait pas vraiment. Pendant ce temps, Leicester vient de sortir les bouteilles sur la table et peut faire éclater le bordel. Cette fois, Ranieri a rattrapé le temps, tient le premier titre majeur de sa carrière et peut pleurer pour de bon. La fête ne fait que commencer…

L’analyse définitive : Tottenham est un dauphin magnifique

C’était une opération d’ampleur avec un plan simple : tous contre Tottenham. L’atmosphère est comme ça, le monde était pour Leicester, l’Angleterre était pour Leicester, et Chelsea était pour Leicester. Lundi soir, à Stamford Bridge, on a même vu une pancarte « Let’s do it for Ranieri » , alors que la semaine dernière, Eden Hazard avait déjà affirmé vouloir que les Foxes triomphent en fin de saison. L’histoire retiendra finalement que Tottenham est tombé définitivement sur un but de l’attaquant belge des Blues. Et ce, alors que les hommes de Pochettino menaient 2-0 à la pause, que Kane avait de nouveau marqué, et que l’entraîneur argentin était même entré sur la pelouse pour séparer Danny Rose et Willian. Le foot est comme ça. Mais on retiendra surtout que ce Tottenham avait de la gueule, qu’il a de l’avenir, et ne pas le voir finir avec une couronne sur la tête est presque un déchirement. Un perdant magnifique.

La polémique autour de la théière : Wenger est-il vraiment éternel ?

Pour le moment, la fronde est minoritaire. Reste que les semaines passent et se ressemblent à Londres. Le spectacle offert ce week-end par Arsenal contre Norwich (1-0) a frôlé la sieste avec une première frappe cadrée des Gunners à la cinquante-neuvième minute, soit l’instant du but de Welbeck. C’est aussi le moment où Arsène Wenger est sorti de son banc, s’est levé et a effectué un tour à 360° pour voir la réception de l’Emirates Stadium. Le tableau est net : des pancartes, des banderoles, et un message dirigé vers l’entraîneur français. Wenger out. Comme une saison de trop, un refrain qui casse les oreilles et un CD que l’on veut briser en deux. Car une nouvelle fois, Arsenal s’est vautré dans la conquête d’un premier titre de champion depuis 2004. Alors, parmi les supporters, on évoque « le temps du changement » après presque vingt ans de Wenger. Pour le moment, la révolte est clairement minoritaire à l’Emirates. La lassitude, elle, est totale.

Vous avez raté Swansea-Liverpool et vous n’auriez pas dû

Pour voir que le Liverpool version Klopp a toujours du mal à enchaîner et est capable d’exploser en vol à tout moment. Pour voir aussi l’entraîneur allemand perdre un pari qu’il pourrait regretter : en voulant faire reposer la majorité de ses cadres en vue de la demi-finale retour de Ligue Europa contre Villarreal prévue jeudi prochain, Jürgen Klopp a compromis l’avenir européen de ses Reds. Mais surtout pour se rendre aussi compte qu’André Ayew a quelques restes avec un joli doublé face à l’équipe la plus jeune (23 ans, 218 jours de moyenne) de l’histoire de Liverpool en Premier League. Grâce à cette victoire (3-1) facilitée par l’expulsion de Brad Smith, Swansea a officiellement assuré son maintien en Premier League. C’est déjà ça, au cœur d’une saison à oublier complètement malgré ce petit bijou de Jack Cork :

La stat inutile :

2 – Nom : Deeney. Prénom : Troy. Profession : briseur de rêves. En déplacement à Watford samedi, Aston Villa a longtemps cru sourire au moins une fois dans la saison après avoir mené deux fois au score. Mais non, car l’attaquant de Watford a inscrit un doublé dans le temps additionnel pour offrir la victoire aux Hornets (3-2). Marquer deux buts dans les arrêts de jeu d’un match, une première depuis Forlán en décembre 2003. Contre Villa, déjà.

What else ?

Titulaire avec West Bromwich Albion contre West Ham samedi (0-3), Jonathan Leko est le premier joueur né en 1999 à débuter un match de PL. « T’avais des yeux d’enfant, des yeux couleur de l’océan. »

Newcastle a gagné autant de points (8) sur ses quatre derniers matchs que sur les douze précédents. La danse de l’espoir.

En 2016, Crystal Palace a gratté autant de points qu’Aston Villa. Palais Royal.

Cette saison, Dimitri Payet a créé 102 occasions pour West Ham, soit plus du double que n’importe quel autre joueur des Hammers. Dimitri palette.

Aucune équipe n’a marqué plus de buts dans le premier quart d’heure que Bournemouth cette saison (9). Le temps des cerises.

Almen Abdi est le premier joueur de Watford à marquer un coup franc dans l’histoire de la Premier League. Abdibi Yalil.

Face à Bournemouth, Tony Hibbert a fait sa première apparition pour Everton depuis décembre 2014, soit 511 jours. Jumanji.

Karl Darlow est le premier gardien de Newcastle à arrêter un penalty depuis Tim Krul en février 2012. BAM.

Christian Benteke a marqué son cinquantième but en PL contre Swansea. Mais il est quand même pas beau à voir jouer, Christian.

Juan Mata a fait dimanche sa centième apparition pour Manchester United. Yerba maté. La 300e pour Joe Hart dans le même temps et de l’autre côté de la ville.

Sadio Mané est d’ailleurs le deuxième joueur de l’histoire de la Premier League à marquer un triplé à Hart. Joli tableau.

Tottenham est la première équipe de l’histoire à terminer un match de Premier League avec neuf joueurs avertis. Dans les cartons.

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