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Le Standard de Liège en crise d’identité

Par Anthony Cerveaux, avec Quentin Blandin
7 minutes
Le Standard de Liège en crise d’identité

Après un début de saison catastrophique, avec une série de défaites, un match interrompu par des supporters excédés et un changement d’entraîneur, le Standard de Liège, qui se déplace ce dimanche à Waasland-Beveren, s’est repris sportivement ces dernières semaines. Mais la direction des « Rouches », qui se mure dans le silence, doit faire face à la fronde d’une partie de son public, très critique quant à la gestion du club.

Pour comprendre l’ampleur prise par la crise actuelle au Standard, il faut avoir à l’esprit que le club de Liège est au Sud de la Belgique ce que le Racing Club de Lens est au Nord de la France. Les chants du stade de Sclessin (situé dans la banlieue liégeoise) s’entendent, dit-on, jusqu’aux cheminées des usines Arcelor Mittal voisines. Les Lensois avaient les terrils, les Liégeois la sidérurgie. C’est dans ce décor industriel qu’évolue le Standard, 3e club le plus populaire de Belgique derrière le RSC Anderlecht et le FC Bruges, si l’on en croit la sérieuse enquête du Centre d’études de la vie politique (CEVIPOL) de l’université libre de Bruxelles.

Un recrutement raté

Une crise sportive lancinante mine depuis le début de la saison les relations entre la direction du club et une bonne partie des supporters du Standard, même si, après 17 journées, le club wallon vient de remonter à une inespérée 6e place. Il reste toutefois loin du leader Anderlecht et de ses ambitions initiales. Une performance indigne d’un club dont le président, Roland Duchâtelet, disait qu’il jouerait cette saison le « top 3 voire mieux si affinités » , rapporte Didier Stevens, administrateur de la famille des « Rouches » (les Rouges dans le langage local), une association regroupant les différents groupes de supporters du Standard. Roland Duchâtelet, 15e fortune de Belgique avec quelque 500 millions d’euros glanés dans l’industrie des semi-conducteurs, a racheté 100% des parts du Standard en juin 2011, devenant par la même occasion président du Royal Standard de Liège. « Au départ, on était plutôt satisfait qu’un homme d’affaires belge investisse dans le Standard. Il avait des ambitions pour le club et de l’argent pour appuyer ses ambitions. Mais on attend de voir, car le résultat est mitigé pour l’instant » , indique Didier Stevens.

En effet, ils ont vite vu. Malgré un parcours correct en Europa League la saison dernière (1ers de leur groupe, les Rouches s’inclinent en huitièmes de finale contre Hanovre), les résultats en championnat sont en dents de scie et le Standard termine à une décevante 5e place, synonyme de non-qualification pour une coupe européenne. « Les supporters sont restés patients et calmes, estimant qu’il fallait du temps pour construire une nouvelle équipe aussi bien dirigeante que sur le terrain » , analyse l’administrateur de la famille des Rouches. Lors de la dernière intersaison, Roland Duchâtelet débloque une enveloppe de 10 millions d’euros pour le recrutement. À charge pour Jean-François de Sart, promu directeur sportif par l’homme d’affaires, de bâtir une grande équipe. Las, les arrivées de Kawashima (que certains pointent perfidement comme un coup marketing), Bulot (Caen), Ajdarevic (passé par l’Angleterre) ou encore d’Ogunjimi (Genk) ne satisfont personne. « 18 mois après l’arrivée de Duchâtelet, c’est difficile de citer un joueur qui nous convienne » , tranche Renaud, président du Publik Hysterik Kaos, groupe de supporters liégeois occupant la Tribune 4. Après 9 journées, le Standard n’avait pris que 10 points, et Jean-François de Sart et François Duchâtelet se sont retrouvés dans le collimateur des supporters.

« Duchâtelet, un homme d’affaire brillant, un clown dans le foot ! »

Se présente alors le grand rival Anderlecht. Le match contre les Bruxellois est utilisé par les Ultras Inferno, le principal groupe de supporters du Standard situé dans la tribune 3, pour manifester leur mécontentement à l’encontre de la direction, après un an et demi d’une gestion jugée « honteuse » , si l’on en croit les banderoles sorties en virage. La rencontre est marquée par de nombreux chants et messages contre Duchâtelet et de Sart. Mais aussi par les jets de fumigènes sur la pelouse qui conduisent l’arbitre à interrompre le match à deux reprises. Au final, « l’électrochoc » escompté par les Ultras Inferno fonctionne, puisque le Standard s’impose 2-1 contre le leader de la Jupiler Pro League.

Cependant, l’attitude des supporters de la Tribune 3 a suscité l’émoi dans toute la Belgique. Logiquement, la ministre de l’Intérieur belge Joëlle Milquet a fermement condamné ces faits et réclamé des sanctions. Mais plusieurs commentateurs sont allés plus loin en s’en prenant de manière virulente aux ultras liégeois, d’une manière jugée très exagérée par les supporters. « Dans une émission TV, un ancien arbitre [devenu aujourd’hui commentateur vedette de la télé belge, ndlr] est allé jusqu’à demander de la prison ferme pour les supporters incriminés. C’est hallucinant ! » , déplore Didier Stevens de la famille des Rouches. « Le traitement de cette affaire dans les médias a été complètement disproportionné. Il y a une véritable dramatisation des faits. Les ultras sont passés pour des terroristes pour avoir allumé et jeté quelques fumigènes. Beaucoup de copié-collé, peu d’investigation et des journalistes qui ont prouvé une méconnaissance flagrante du monde des tribunes » , commente, de son côté, Renaud.

Neuf interdits de stade et huis clos avec sursis

Aussitôt, le Standard a pris des sanctions à l’encontre des fauteurs de trouble. Histoire aussi de montrer à l’Union Belge et à la cellule football du ministère de l’Intérieur que le club liégeois peut être ferme et ne mérite pas d’être sanctionné sportivement. Les Ultras Inferno ont ainsi été interdits de déplacements et ont vu les facilités habituelles concédées par le Standard (accès au stade en avance, local pour le matériel…) suspendues. Par ailleurs, neuf supporters identifiés pour avoir jeté des fumigènes ont été interdits civilement de stade par le club de Liège.

Condamné malgré tout par l’Union belge de football à jouer un match à huis clos, sanction rarissime dans le plat pays, le Standard a immédiatement fait appel de cette décision, refusant une punition de l’enceinte dans son ensemble pour le comportement d’une dizaine de supporters seulement. La famille des Rouches a, de son côté, porté plainte contre l’Union belge de football estimant la sanction du huis clos « complètement disproportionnée » . « Nous sommes sortis de notre réserve, explique Didier Stevens, devant le déchaînement médiatique et les sanctions requises par l’Union belge. Les Ultras Inferno ont été punis de diverses manières, il faut qu’on arrête maintenant ! » . Quant aux Ultras Inferno, ils ont cessé toute « activité d’encouragement » . Symboliquement, lors du match suivant, face au Cercle de Bruges, ils ont invité les supporters à entrer en tribunes 15 minutes après le début de la rencontre, vêtus entièrement de noir. Pendant que les ultras affichaient leur point de vue par banderole interposée ( « Situation sportive calamiteuse, diabolisation des supporters, non-respect des droits, acharnement médiatique. Voilà, notre réponse !! » ), de nombreux supporters suivaient leur action en se parant de noir afin de manifester clairement (façon de parler…) leur opposition à la politique sportive du Standard.

Finalement, le 19 novembre dernier, la commission des litiges de l’Union belge a levé le huis clos ferme en délivrant un sursis de deux ans au club wallon. Une épée de Damoclès qui ne convient, toutefois, pas à la famille des Rouches. Peu après, la direction du Standard suspendait les sanctions collectives envers les Ultras Inferno dont la ferveur s’avère bien utile…

Une mentalité du Sud contre « une gestion technocratique »

Si l’on en croit les différents interlocuteurs, la crise est plus profonde qu’il n’y paraît car « le ressenti des ultras est également celui du reste du stade. La différence : c’est que les ultras le font savoir de manière visuelle et sonore » , estime Didier Stevens. Parmi les supporters et observateurs du club, nombreux sont ceux qui s’interrogent sur le projet à long terme de Roland Duchâtelet. Le Standard, fort d’une histoire singulière, a une mentalité propre « sanguine, frondeuse, une mentalité du Sud » , précise Renaud du PHK, mentalité sur laquelle il semble difficile d’apposer une simple rationalité entreprenariale. « Ce n’est pas seulement les résultats sportifs qui nous déçoivent, on s’inquiète pour l’esprit du club qui est mis à mal par une gestion qui devient technocratique » , indique un abonné de la tribune 3. Et de citer le licenciement de Pierre François, ancien directeur général du club, dont les anciennes fonctions ont été prises en charge par une société appartenant à Roland Duchâtelet, mais « qui n’a rien avoir avec le football » , peste ce même abonné.

C’est que les supporters rouge et blanc doutent de la compétence sportive de Roland Duchâtelet qui a, au préalable, été président du club de Saint-Trond, qu’il a conduit en 2e division… Une phrase revient d’ailleurs souvent dans la bouche des supporters des Rouches. « Le Standard, c’est pas Saint-Trond ! » Une manière de mettre en garde le président. Pourtant, des observateurs redoutent que le tout-puissant président du Standard ne cherche à se passer des supporters les plus fervents au profit d’un public de « spectateurs consommateurs » plus dociles. « Sauf qu’ici, contrairement au PSG, il y a des racines lointaines et nombreuses, si on veut nettoyer, ça ne se passera pas sans heurts » , prévient-on à Sclessin.

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