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Le stade mal-être de Caen

Par Mathieu Rollinger
4 minutes
Le stade mal-être de Caen

Pour la quatrième fois en 15 ans, le Stade Malherbe connaît la relégation en Ligue 2. Sauf que cette fois-ci, les Normands pensaient avoir les cartes en main pour éviter la relégation et même tenter d'échapper aux barrages, grâce à une fin de parcours rassurante. Mais Dijon a sorti un as à la rivière qui a mis fin aux espoirs de braquage des gars de Mercadal et Courbis. Et il faudra d'abord panser cet échec avant de penser à revenir.

L’histoire peut jouer de sales coups. Et ce coup-là, les Caennais ne l’avaient pas forcément vu venir au moment de recevoir des Bordelais en roue libre, offrant un premier match au jeune gardien girondin Gaëtan Poussin (20 ans), et n’ayant pour seul intérêt dans ce match que d’éviter une septième défaite de rang. Seulement, un précédent aurait pu mettre la puce à l’oreille des Normands. Car le 30 mai 2009, les Girondins de Laurent Blanc venaient décrocher un titre de champions de France à Michel-d’Ornano lors de la clôture du championnat, sur un but de Yoan Gouffran, reléguant dans le même temps les coéquipiers de Seube et Savidan. Dix ans plus tard, il n’y aura pas de titre à la clé pour les Aquitains, qui brisent ici leur cycle d’une couronne par décennie les années en 9, mais encore une nouvelle descente en Ligue 2 pour le Stade Malherbe, à la suite d’une défaite 0-1 lors de l’ultime journée de la saison.

Tabasse Normandie

Les hommes de Fabien Mercadal et de Rolland Courbis s’avançaient pourtant avec certaines garanties, avant ce rendez-vous fatidique. Ils comptaient deux points d’avance et une différence de buts favorable sur des Dijonnais à la ramasse, et avaient plus tendance à lorgner sur la place d’Amiénois à portée de fusil. Mais c’était sous-estimer le potentiel scénaristique d’un multiplex de Ligue 1 qui nous en a déjà offert d’autres. Car dès la 9e minute, Younousse Sankharé a prouvé que les Bordelais n’étaient pas venus visiter la ville aux cent clochers, mais plutôt finir l’année sur une bonne note et respecter l’équité sportive. Trouvé par le pied gauche de Palencia, le milieu girondin expédie son coup de tête dans les filets de Brice Samba et instille le doute dans les tronches normandes. Et plutôt que d’être piqués au vif, ces derniers se sont plutôt embourbés dans un piège qu’ils voulaient à tout prix éviter.

Pourtant, à la mi-temps, rien ne prête à la panique : Dijon est lui aussi mené chez lui par Toulouse, sur un énorme coup de billard. Bref, Caen joue le match de sa survie avec la peur au bide, mais arrive dans un premier temps à ne pas exploser. À force de jouer avec le feu, la punition finit toutefois par tomber et ce sont des Bourguignons bien plus volontaires et jouant le tout pour le tout qui renversent la situation, grâce à un tour de passe-passe de Naïm Sliti et un numéro du funambule de Julio Tavarès sur un service de Wesley Saïd. Le public de D’Ornano a vu le score évoluer sur ses téléphones, les joueurs normands l’ont sûrement senti : leur destin vient de leur échapper des mains. Les dernières minutes n’y changeront rien, Caen jouera la saison prochaine en Ligue 2 et Antoine Kombouaré peut remercier Bordeaux d’avoir joué le jeu (et accessoirement, d’éviter provisoirement qu’on l’accable d’avoir fait descendre deux équipes dans la même saison).

L’ascenseur émotionnel

Un crève-cœur quand on sait que les Normands se sont décarcassés – notamment sous l’impulsion de l’exemplaire capitaine Fayçal Fajr – pour croire à un maintien direct. La série de quatre matchs sans défaite, avec des victoires importantes à Nice (0-1), contre le concurrent direct dijonnais (1-0) ou encore Reims (3-2), avait donné quelques raisons de croire que l’attelage Mercadal-Courbis allait réussir son pari. Mais lors de ce dernier match, tout s’est écroulé, et ce sont plutôt les difficultés vues tout le reste de la saison qui ont sauté aux yeux. Un manque de solidité mentale, un manque de qualité technique, quelques errements tactiques, un effectif trop léger, rien n’a permis aux Caennais d’aller chercher une égalisation qui aurait pu leur donner une chance de se rattraper face à Lens mardi prochain en barrages.

Depuis deux saisons, Caen avait assuré son maintien en Ligue 1 à la dernière journée, à chaque fois face à des Parisiens déjà champions ou vice-champions. Cette fois-ci, le club de la capitale a laissé Reims picorer sa part de gloire (défaite 3-1) et les Normands à leur désespoir. « La relégation fait terriblement mal, mais le club a déjà connu ça et s’est relevé, soupirait Fabien Mercadal en conférence de presse. C’est la solidité de ce club-là, et je souhaite que son futur soit meilleur. » Les prochaines heures diront si le technicien sera celui qui mènera cette mission. Mais il n’y avait qu’à voir les larmes de Jessy Deminguet, joueur formé à Malherbe et rare satisfaction de la saison, pour comprendre qu’il faudra d’abord digérer ce coup de massue avant de songer à remonter dans l’ascenseur.

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