- L'histoire des maillots
- Épisode 21
Le sous-marin jaune de Villarreal
Il est porté dans les stades, sur les terrains le dimanche, dans la cour de recré, dans la rue. Le maillot de foot est le signe de ralliement de tout supporter. Et chaque maillot a son histoire. Cette semaine, place à la tunique du Villarreal Club de Fútbol.
La qualification pour les demi-finales de la Ligue Europa obtenue sur le terrain du Sparta Prague est une bien belle manière de poursuivre une bien belle saison. Avec leur tunique jaune sur les épaules, les joueurs de la petite commune de Villarreal sont actuellement quatrièmes de la Liga, derrière le podium et ses trois monstres intouchables. Mais qui sait, en sous-marin, Villarreal réussira peut-être un jour à créer la surprise.
Histoire d’un maillot
En 1923, date de la création du club de Villarreal, le football est déjà bien implanté à Valence et dans sa région. Le Cervantes FC et le Club Deportivo Castellón brillent sur le devant de la scène et donnent quelques idées aux gamins de Vila-real, qui voudraient bien représenter leur petite ville dans les compétitions régionales. C’est dans cette optique que naît le Club Deportivo Villarreal. Heureusement pour ces jeunes footballeurs, la municipalité achève la même année la construction d’un stade dans lequel l’équipe s’installe rapidement. Les premiers maillots sont blancs et les shorts sont noirs, question de simplicité.
Le 21 octobre 1923, le nouveau né dispute son tout premier match amical face au Red Star de Castellón. La suite ressemble fatalement aux débuts d’un petit club qui monte : quelques titres régionaux remportés, quelques désillusions aussi, et une disparition prématurée. En 1935, les joueurs luttent pour la promotion dans le championnat national. Mais une défaite face au Cartagena FC les prive finalement de leur Graal. Un an plus tard, Villarreal est finalement sacré, mais la guerre civile espagnole met fin à toutes les compétitions sportives. Le stade est détruit en 1939 et le club ne se reforme pas. On pense alors le football perdu dans la petite commune.
Peña Foghetecaz, les Beatles et le S-63
En 1944, la municipalité, désespérée de ne plus avoir de club pour la représenter, demande à l’ancien président Joseph Calduch de reformer une équipe. C’est alors que plusieurs jeunes se regroupent dans la nouvelle équipe de la Peña Foghetecaz. Un bien étrange nom qui n’est en fait que l’acronyme de plusieurs noms de joueurs (Font, Gil, Herrero, Teulet, Catalá et Zaragoza). Le club devient, en 1947, le Club Atlético Foghetecaz, puis rapidement le CAF Villarreal. En 1952, lorsque le club accède à la première division régionale, le noir et le blanc disparaissent au profit du jaune aujourd’hui bien connu de Villarreal. Le pourquoi du comment est un peu flou, mais dans son Histoire du football espagnol, Phil Ball donne un début d’explication.
Cette année-là, le président voyage à Valence pour renouveler son jeu de maillots. Le magasin dans lequel il se rend n’a ni maillots blancs, ni shorts noirs. La tuile. La seule couleur disponible était le jaune. Hésitant, le président repart finalement avec son nouveau jeu de maillots jaunes. Les joueurs acceptent de porter du jaune, mais pas avec du noir. Le président repart donc et revient avec un paquet de shorts blancs que les joueurs décident de teindre en bleu. Et c’est comme ça que la célèbre association de ces deux couleurs rentrera dans l’histoire du club jusqu’à la saison 2002-2003. Depuis, même les shorts sont jaunes. Vêtus de jaune et bleu, les joueurs de Villarreal progressent à leur rythme et accèdent à la deuxième division en 1970. La suite est un peu plus compliquée, le club s’amusant à jouer au yo-yo, redescendant parfois dans le championnat régional, comme en 1976, montant parfois en deuxième division. L’élite leur ouvre ses portes en 1998 pour la première fois. Depuis, Villarreal continue de progresser.
En 1966, les Beatles sortent leur dixième album studio, Yellow Submarine. Le titre du même nom est un tel succès qu’il est bombardé sur toutes les radios du monde et que chaque groupe y va de sa petite reprise. En Espagne, Los Mustang enregistre rapidement El Submarino Amarillo. La reprise est un succès commercial et tourne en boucle dans les chaumières. Surtout dans celle des joueurs de Villarreal qui l’adorent. Et voilà pourquoi Villarreal est encore aujourd’hui surnommé le sous-marin jaune. Un surnom auquel le club tient beaucoup. À tel point qu’en 2006, les dirigeants demandent à l’état-major espagnol de leur léguer un sous-marin désarmé, le S-63 Marsopa. Le but ? Le repeindre en jaune et installer le musée du club dedans. Mais le ministère de la Défense a finalement refusé la requête du club. Il y aurait pourtant eu de la place pour accrocher tous ces maillots jaunes…
Maillot mythique
Si l’armoire à trophées de Villarreal n’est pas encore très fournie, le club a quand même à son actif quelques belles épopées sur le devant de la scène européenne. À ce titre, le Villarreal de Manuel Pellegrini qui atteint, lors de la saison 2005-2006, les demi-finales de la Ligue des champions, mérite qu’on parle de lui. D’autant plus que cette année-là, Puma avait sorti un beau maillot jaune, tout simple, arborant un des sponsors mythiques du club, Aeroport Castello. Un maillot que portaient magnifiquement bien Riquelme, Juan Pablo Sorín ou encore Diego Forlán. Mais Arsenal s’est mêlé de tout ça. Pas cools les Anglais.
Maillots extérieurs et autres maillots collectors
Comme beaucoup de clubs le font, Villarreal a préféré jouer la carte de la simplicité pour ses jeux de maillots extérieurs. Ainsi, les joueurs ont souvent joué avec des maillots bleus lorsqu’ils sortaient de leur territoire. Dernièrement, les dirigeants ont un peu essayé de nouvelles couleurs, comme le noir, le gris, le blanc et même le rouge. Mais, et c’est assez rare pour être remarqué, Villarreal n’a pas encore sombré dans la mode du fluo à tout-va.
Les plus forts en mathématiques l’auront compris, Villarreal doit encore attendre quelques années avant de sortir son maillot du centenaire. Mais quand même, on peut revenir sur ce maillot rouge de la saison 1992-1993 ? L’équipementier Rasan doit répondre de ce crime. Ok le jaune. Ok le bleu. Mais pourquoi le rouge ?!
Ils se sont inspirés du surnom de Villarreal
On ne sait pas vraiment qui de Cadix ou de Villarreal a la primauté sur le surnom sous-marin jaune. Car oui, les deux clubs partagent le même surnom, et les mêmes couleurs principales. Reste maintenant à savoir où le titre des Beatles a été joué en premier. Et ça, ce n’est vraiment pas une tâche aisée.
Par Gabriel Cnudde