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Le Snookball se met à table

Propos recueillis par Raphael Gaftarnik
7 minutes
Le Snookball se met à table

Jouer au billard avec les pieds ? La semaine passée, Toby Aldeweired s'y essayait dans les installations de Tottenham. À l'origine de cette nouvelle discipline, deux Français propriétaires de la marque Snookball, dont Samuel, qui lâche quelques billes quant à ses intentions.

Comment vous est venue l’idée du Snookball ?

Au tout début, on cherchait une animation pour promouvoir notre licence textile (autour d’Olive et Tom, ndlr) et pour rester dans l’environnement du foot, tout en étant ludique. Et on était dans toute cette euphorie des dérivés de sport de ballon, comme le footgolf, le teckball, le tennis-ballon plus ancien, que tout le monde a pratiqué à l’entraînement. Donc on est partis sur des délires, et on s’est dit pourquoi pas faire un billard-foot. Et puis d’une idée comme ça entre nous, on l’a fabriqué nous-mêmes, on est peu bricoleurs. Tous nos potes ont joué et trouvé ça très sympa.

D’où l’idée de le commercialiser ?

On s’est dit qu’il y avait sans doute un business à faire autour de ça. On a fait une version plus aboutie, plus commerciale et on a rapidement fait une vidéo publiée en septembre 2014. C’est cette vidéo qui a fait le buzz, en quelques jours, on a eu 4 millions de vues sur Facebook. Elle a été relayée dans le monde entier dans différents magazines, journaux, que ce soit en Australie, au Japon, aux États-Unis… On doit être à 12-13 millions de vues cumulées. Et on a tout de suite sollicité pour des achats, depuis maintenant 1 an. Depuis, on est en pleine demande de ce produit, donc on se restructure, on cherche de nouveaux bureaux, on a des demandes un peu partout. C’est un peu la problématique du buzz, car on a eu une visibilité immédiate, mais limite trop rapide, car il a fallu qu’on mette les bouchées doubles pour proposer les produits, les fabriquer, les commercialiser. Les premiers sont sortis en janvier 2015. Et nous sommes à une trentaine de tables vendues.

Comment fabriquez-vous le matériel, et combien coûte-t-il ?

Aujourd’hui, on travaille essentiellement en France. Après, on a différents fournisseurs. Les ballons, comme tous les ballons aujourd’hui, sont fabriqués au Pakistan. Pour le reste, on a un fournisseur moquette, un fournisseur pour l’encadrement en bois et on assemble nous-mêmes à Guyancourt. Il existe deux versions de tables, l’une au sol, où l’on déroule un tapis au sol et on vient poser un encadrement autour. C’est plus pour l’évènementiel, c’est facile à installer, ça prend 15 minutes. Là, c’est autour de 4000 euros. Et on a une version qui reproduit vraiment la jouabilité d’une vraie table de billard, qui est à 50cm de hauteur, avec la magie du ballon qui tombe dans la poche. Là, c’est autour de 10 000 euros.

Les ballons sont-ils également adaptés ?

Le ballon blanc est un ballon de futsal, pour limiter les rebonds. Comme ça, il ne sort pas de l’espace de jeu, et il a une meilleure réponse sur la casse. C’est pour une pratique de débutant. Après, pour les effets et les coups plus compliqués, il vaut mieux un ballon normal. D’ailleurs, on fournit les deux lorsque l’on vend une table. Les autres ballons sont des ballons normaux, de taille 3, comme au handball.

Comment avez-vous défini les règles de cette nouvelle discipline ?

Ce qui est sympa et ludique, c’est que tout le monde connaît déjà plus ou moins les règles, ce sont les règles du quartier. Tout le monde a les siennes. Quand on fait une manifestation ou un événement, on explique très rapidement : il y a deux couleurs, la noire en dernier, si la blanche tombe on la replace où on veut, si on se trompe de bille l’autre a deux coups. Tout le monde joue à la 8, donc on l’utilise. Après, on y a intégré quelques petites règles qui font un peu plus foot on va dire. Notamment ce qu’on appelle nous le Snookball. Snooker, c’est quand 3 billes sont alignées, qu’entre la blanche et votre bille, il y a une bille adverse. Donc il faut soit faire une bande, soit un effet. Mais si on passe par-dessus le ballon de l’adversaire et qu’on arrive à rentrer le nôtre, on peut récupérer un ballon de l’adversaire dans une poche pour la replacer sur la table. On peut aussi faire des 2v2, où les reprises de volée sont admises. Mais on laisse pour l’instant beaucoup de liberté quant aux règles. On réfléchit aussi à faire quelque chose de fédéral, avec un vrai encadrement des règles.

À combien estimez-vous le nombre de pratiquants ?

C’est difficile à évaluer, car forcément, on a créé un intérêt. D’autres ont fabriqué leurs propres tables, pas dans les mêmes finitions ou dans la même qualité. Ça va de poser six bancs par terre, de les incliner et jouer avec des poubelles en guise de trous à la quasi-copie de nos produits. Nous, on en est à une trentaine de tables vendues, beaucoup l’ont été à des sociétés d’événementiel. Ça peut être sur un CE, une collectivité, une entreprise… On a récemment fait la foire de Paris, pendant 15 jours. Un certain nombre de gens l’ont donc testé, mais finalement, peu peuvent revendiquer une vraie pratique sportive.


Il n’y a pour le moment aucune compétition existante ?

Non. En revanche, on peut trouver plein de vidéos, comme celle de Tottenham, même si ce n’est pas notre billard.

Vous avez l’impression de vous faire piquer le concept ?

C’est compliqué, car personne ne peut dire « j’ai inventé le tennis-ballon » par exemple. Ça reste une combinaison de deux disciplines, on ne peut se l’approprier. En revanche, on peut revendiquer le nom « Snookball » , car c’est notre marque. Après, les gens l’appellent de différentes manières, « Footbillard, Footpool » …

Ne faudrait-il pas regrouper tous les acteurs de cette discipline pour la structurer ?

Nous, c’est ce qu’on aimerait. Nous sommes reconnus comme les premiers et ceux qui sommes le plus avancé dans cette aventure. Notre but, c’est de récupérer un maximum de personnes sous une Fédération qui s’appellerait « Snookball » .

Vous seriez capable de diriger une Fédération et d’abandonner votre activité commerciale ?

C’est notre intention, de créer une nouvelle discipline. Mais ça passera par le nombre de pratiquants et de tables disponibles. À travers nous, mais aussi les gens. C’est pour ça que nous avons mis sur notre site un manuel pour construire sa table soi-même. L’idée, c’est que ce soit pratiqué. C’est simple, ça ne nécessite pas un brevet technologique, juste un peu de bonne volonté et d’outils. À nous de faire en sorte après que ce soit la marque « Snookball » qui reste dans l’esprit des gens. Et à nous de proposer le meilleur rapport qualité prix pour faire perdurer notre marque.

Selon vous, le Snookball a autant d’avenir que le tennis-ballon ou d’autres sports de ce genre ?

Oui, car il y a plusieurs avantages. D’abord, c’est mixte. Pas que les filles ne soient pas capables de faire du tennis-ballon, loin de là, mais les non-sportives ou joueuses de foot, quand elles sont dans des bars ou des événements, jouent très bien. Elles sont même parfois meilleures que les garçons, car elle tapent moins fort et sont plus précises. Souvent, les femmes ont remporté nos petits défis. Ça ouvre un panel beaucoup plus important. Et puis pour les enfants aussi, c’est assez ludique. C’est accessible à beaucoup plus de gens.

On pourrait retrouver des Snookball dans les sous-sols de bar sous peu ?

On se rapproche plus de l’esprit billard que l’esprit foot. Si demain, il peut y avoir des salles de Snookball, ce serait notre rêve. Que les gens aillent faire une partie de Snookball, ou du moins, dans un premier temps, que dans des complexes de billards, il y ait à côté un Snookball.

Avez-vous été approchés par les fédérations de football ou de billard ?

Non, mais on a fait quelques interventions. On a eu la chance de le faire tester par des joueurs de Ligue 1 lors d’un entraînement. Ils ont tout de suite accroché. C’est un nouveau sport, mais en même temps, tout le monde connaît déjà les règles du jeu. Y a pas besoin d’une demi-heure de formation, c’est très intuitif.

Pourquoi ne pas tenter d’autres associations, comme le foot-fléchettes par exemple, avec des ballons scratchés ?

Non (rires). Même si, à la base, on ne pensait jamais faire du foot-billard. Mais nous ne sommes pas en train de regarder d’autres activités, on avance sur ce projet-là et on le développe. Organiser un championnat de France rapidement par exemple.

C’est faisable ?

Oui, on est en train de réfléchir à une tournée. Il n’y a rien de concret, mais mettre ça en place pour l’Euro 2016 avec en relais les différentes villes hôtes de la compétition. Et puis de faire une finale à Paris. Ce serait plus une tournée, pour faire découvrir le Snookball.

Sur votre site, on peut lire « Venez habillés comme vous êtes » . Une paire de talons ne risque pas de trouer le tapis ?

Rires. Non, ce sont des revêtements adaptés au football, comme l’herbe synthétique. Elle est rase et c’est hyper résistant. Il n’y a jamais eu d’accident.

Plus d’informations sur le Snookball ici

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