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Le sixtennat européen de Parme

Par Matthieu Rostac
Le sixtennat européen de Parme

À l'heure où le club de Parme est en train de tomber dans les limbes du football italien pour la seconde fois de son histoire, il est de bon ton de rappeler que les Gialloblù ont un temps trôné sur le toit de l'Europe. Une période faste qui dura pile six ans, du 12 mai 1993 au 12 mai 1999.

Le 26 mai 1993, la France est en liesse devant TF1 : Basile Boli et son coup de casque rageur viennent d’envoyer Marseille sur le toit de l’Europe, face au grand Milan AC d’Arrigo Sacchi, dans un match où les téléspectateurs français ont cru jusqu’au bout que les Italiens pouvaient ravir la coupe aux grandes oreilles aux olympiens. Il faut dire que deux semaines auparavant, le public français avait fait connaissance avec le football supersonique du Parme AC en finale de Coupe des vainqueurs de coupe, sur France 2 cette fois-ci. Un 3-1 net et sans bavure face au Royal Antwerp, qui aurait très bien pu être un 4-1 si le but de l’attaquant Sandro Melli après une combinaison sur coup franc parfaite avait été validé. Melli ou le symbole de cette équipe parmesane qui semble inarrêtable. Dans l’effectif pro depuis ses quinze ans, le natif d’Agrigento a tout connu avec le club : la victoire en Serie C en 1986, la révolution tactique de Nevio Scala, la montée en Serie A en 1990, l’arrivée au club du patron du trust agro-alimentaire Parmalat et futur pourvoyeur des rêves gialloblù Calisto Tanzi, les premières sélections en Squadra Azzurra et donc la victoire en C2 en 1993. Le public doit également se familiariser avec de nouveaux noms, tels que Tomas Brolin, Stefano Cuoghi, Faustino Asprilla, Marco Osio, Claudio Taffarel ou encore le libero et capitaine Lorenzo Minotti, dont Michel Hidalgo qualifia le but en finale de « geste de danseur » .

Trois titres européens en six ans pour trois finales européennes d’affilée

L’année suivante, les hommes de Nevio Scala réitère l’exploit de se qualifier pour une finale européenne après avoir éliminé consécutivement l’Ajax Amsterdam et le Benfica Lisbonne. Pas mal pour des mecs qui jouaient en Serie B il y a encore quatre ans. Dans le Parken Stadium de Copenhague, le Parme AC est défait par l’Arsenal de George Graham d’un petit but – mais néanmoins magnifique – d’Alan Smith. Mais le plus important est ailleurs. Ce qui sonnait comme un possible coup de chance lors de la saison 1992-93 est devenu une évidence l’exercice suivant : il faudra désormais compter sur Parme pour endosser le costume de favori lors des compétitions européennes mineures. À dire vrai, l’équipe gialloblù fait figure de second épouvantail italien sur le Vieux Continent dans les nineties, juste derrière la Juventus de Turin. Comme un symbole, ce sont ces deux équipes qui s’affrontent en finale de Coupe UEFA en 1995, après qu’elles aient respectivement remporté la C2 et la C3 en 1993. Grâce à deux buts de Dino Baggio (un à l’aller, un au retour), Parme dispose de la Juve et remporte le second trophée européen de son histoire. En seulement trois ans.

Le club parmesan devra attendre quatre ans avant de goûter à nouveau aux plaisirs d’une finale européenne. Entre-temps, Nevio Scala a quitté le club, remplacé pendant deux ans par le prometteur Carlo Ancelotti, puis par Alberto Malesani. L’effectif, lui, n’a plus rien à voir avec celui qui remporta la Coupe des coupes en 1993, à l’exception de la présence de Faustino Asprilla dans le groupe. Pour autant, après avoir vu passer des fuoriclasse tels que Gianfranco Zola ou Hristo Stoichkov, Parme dispose sans doute de l’effectif le plus compétitif de son histoire lors de cette saison 1998-99 : Gigi Buffon dans les buts, un trident central Sensini-Thuram-Cannavaro, un milieu Baggio-Boghossian-Veron, ainsi qu’une incroyable paire d’as Crespo-Chiesa. De plus, le Parme AC continue de vouer un culte au chiffre trois. Le 12 (multiple de trois) mai 1999 au stade Loujniki de Moscou, le Parme AC bat sèchement 3-0 un Olympique de Marseille émoussé par une longue saison qui l’a vu perdre le titre à la dernière journée face à Bordeaux, et remporte son troisième trophée européen. La suite, on la connaît : les Gialloblù maintiennent leur niveau en Serie A sans forcément briller en Europe, accrochent une seconde place de dauphin lors de la saison 2001-02, l’affaire Parmalat éclate et le club fait banqueroute en 2004.

Vidéo

Le symbole Faustino Asprilla

Mais comment expliquer que cette équipe parmesane, qui a toujours joué les outsiders en Serie A sans pour autant vraiment disputer le titre dans les années 90, ait eu un tel succès en C2 et C3 ? Parce qu’elle est l’exemple parfait de ce qu’on appelle « l’équipe de Coupe » . Outre leurs trois titres continentaux, les Gialloblù ont également joué trois finales de Coppa Italia, pour deux victoires (en 1992 et 1999). À l’image du FC Séville depuis presque dix ans, le Parme AC a toujours préféré la flamboyance à la constance dans son football. Jouer 90 minutes plutôt que 38 matchs, en fait. Capable d’emmerder les gros sur n’importe quelle rencontre et de développer un jeu comme si demain n’existait plus, le club a en revanche souvent péché sur la longueur. Et ça lui allait très bien. Lorsque Carlo Ancelotti réalise le meilleur résultat du club en championnat (une seconde place lors de la saison 1996-97), le néo-président Stefano Tanzi, fils de et remplaçant du mythique Giorgio Pedraneschi, trouve le moyen de critiquer le jeu du Mister au sourcil relevé, trop pragmatique à son goût. Et l’année suivante, lors de sa seule expérience en Ligue des champions estampillée nineties (en 1997-98), Parme a été incapable de soutenir la comparaison en poules avec un Borussia Dortmund entraîné par… Nevio Scala.

Autre symbole de cette période où le Stadio Ennio Tardi était une des places fortes européennes ? Faustino Asprilla. L’attaquant colombien, débarqué en Émilie-Romagne à l’été 1992, a été de toutes les joutes européennes des Gialloblù avant de quitter le club sur cette finale de Coupe UEFA 1999. Mieux, la période de creux qu’a traversé le club parmesan sur la scène européenne entre 1996 et 1998 correspond peu ou prou au moment où Asprilla a plié les gaules pour faire sa pige à Newcastle United avant de revenir à Parme. Un vrai statut d’amulette pour un joueur qui portait en bandoulière l’état d’esprit du Parme AC, qu’il partageait en quelque sorte avec Tomas Brolin. Un joueur aussi éclatant qu’incontrôlable, capable du geste le plus fou sur comme en dehors du terrain, mais surtout, qui n’a jamais été aussi bon que lorsqu’il évoluait avec des couleurs jaune et bleu sur le plastron. Les mêmes que celles du drapeau européen.

Dans cet article :
« D’ici deux ans, le gardien de l’équipe première aura un casque »
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Par Matthieu Rostac

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