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Le semestre grec de Galtier
L’épisode fut court, mais la Grèce est l’un des premiers pays où a exercé Christophe Galtier en tant qu’entraîneur. Coach adjoint de l’Aris Salonique pendant six mois en 2002, le technicien français, qui affronte l’AEK Athènes ce jeudi soir, ressemblait déjà à ce qu’il montre aujourd’hui. Les résultats en moins.
Pour beaucoup, Christiphe Galtier est intimement lié à un seul club : son Saint-Étienne, qu’il dirige depuis 2009. Voire à Marseille, pour ceux qui se souviennent de son passage en tant que joueur sur la Canebière, ou au moins de la baston avec Marcelo Gallardo. C’est oublier un peu vite que Christophe Galtier est aussi un voyageur. Et que parmi la dizaine d’équipes qu’il a connues, certaines sont assez exotiques. Le Liaoning Whowin FC de Chine, par exemple. Ou l’Aris Salonique. Et à l’heure où « la Galette » se rend à Athènes pour un tour préliminaire retour de Ligue Europa, il est grand temps de revenir sur ce passage en Grèce.
Certes, il ne fut pas long. Mais comme le note le principal intéressé, « toute expérience mérite d’être vécue » . Surtout que cet épisode grec de six mois fut l’un de ses premiers sur un banc. Après ses débuts à l’OM, en tant qu’adjoint ou coach principal en doublette avec Albert Emon, l’ancien défenseur est remercié en avril 2001. Quelques mois plus tard, en décembre de la même année, il s’engage à l’Aris Salonique pour devenir l’assistant de Richard Tardy. Une destination étrange ? Peut-être. Mais le bonhomme aime voyager et n’a pas peur de l’intégration difficile en apparence, comme il l’assure dans le JDDtout en anecdotes : « En 1998, j’ai une opportunité en Chine. Après 17 heures de voyage, je rejoins l’équipe en stage. Les structures sont plus que limites. L’entraîneur m’ausculte en me tâtant partout. J’appelle ma femme – ça m’a coûté 500 francs – pour lui dire que je rentre. Je suis finalement resté neuf mois et je me suis régalé dans cette petite ville de trois millions d’habitants, Jinzhou, qui grouille 24 heures sur 24. J’ai une capacité d’adaptation supérieure à la moyenne. J’ai quand même eu du mal avec la nourriture : j’ai perdu sept kilos. C’est comme ça que je me suis retrouvé entraîneur de l’Aris Salonique. »
Un homme de confiance
Cette capacité d’adaptation qu’il met en avant est d’ailleurs confirmée par Patrick Valéry, qui a rejoint le club grec au même moment lors de sa fin de carrière de joueur et qui avait précédemment évolué avec Galtier en équipe de France Espoirs : « Il s’est tout de suite bien intégré à l’environnement. Franchement, il était déjà compétent en tant qu’entraîneur. Même si ce n’était que ses débuts, c’était déjà un bon coach. Que ce soit sur le plan tactique ou sur le plan humain. » Les relations personnelles et la gestion des hommes, voilà ce qui a marqué l’ex-latéral de Monaco ou Bastia : « Travailler avec lui, c’était agréable. Avec les Grecs, pareil, ça se passait très bien. Il discutait énormément avec les joueurs. Il était très présent et disponible dès qu’un des gars avait un problème. Niveau relationnel, c’était fort. » Bien que l’un soit l’entraîneur de l’autre, les deux Français vivent alors ensemble. Et pas question de se la couler douce. « Il n’était pas là-bas en touriste, hein !, s’exclame Valéry. On ne s’est pas amusé à visiter le pays, on était là pour le boulot. »
Finalement, le Galtier grec semble beaucoup ressembler au Galtier actuel. Travailleur, consciencieux, serein, tranquille, proche de ses joueurs… Pour Valéry, « il a surtout appris à s’affirmer là-bas. Il n’hésitait pas à prendre la parole. » En revanche, il n’apprend pas à gagner. Les résultats sportifs de Salonique avec le duo Tardy-Galtier à sa tête sont décevants, le club terminant à la neuvième place, bien loin des ambitions de qualification européenne. Sauf que les fautifs ne sont pas que Français. Des problèmes financiers minent le club et empêchent un climat propice aux bonnes performances. « Là-bas(en Grèce, ndlr), j’ai appris le mot grec « avrio » : demain. « Demain, on te donne ton salaire. » J’ai attendu six mois. Et je n’ai presque rien touché quand j’ai été viré ! » , se rappelle l’entraîneur vert, toujours dans le JDD.
« Aucun coéquipier, aucun dirigeant du club ne m’a évoqué Mr Galtier quand j’y ai joué »
Joël Epalle, qui a évolué en Grèce entre 1997 et 2006 et à Salonique juste après le départ de Galtier, part en fou rire avant d’expliquer la situation : « Ah oui, « avrio avrio avrio » , demain demain demain ! C’est infernal, ce mot. En Grèce, ce n’est pas aussi réglementé qu’en France donc il y a toujours des retards de paiement, à part chez les grosses écuries comme le Panathinaïkos. Moi aussi, j’ai eu des problèmes de salaire… comme tout le monde ! C’est presque culturel, en fait. » Sans doute impatienté par ces histoires de sous, Christophe Galtier ne cherche pas à rester au pays et quitte l’Aris en mai 2002 pour le Bastia de Gerard Gili. Epalle, lui, ne savait même pas qu’il avait loupé Galtier : « Aucun coéquipier, aucun dirigeant du club ne m’a évoqué M. Galtier quand j’y ai joué. En tout cas, je n’en ai jamais entendu parler. En six mois, je ne pense pas qu’il ait marqué la Grèce. » L’inverse n’est sans doute pas vrai.
Par Florian Cadu
Propos de PV et JE recueillis par FC