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- Bilan 2014/15
Le scénario alternatif de la Serie A
Le tournant de cette saison de Serie A a eu lieu très tôt, c'était au mois d'octobre et le choc contre la Roma remporté par la Vieille Dame. Et si cette rencontre avait tourné en faveur des Giallorossi ?
Totti exulte, il vient d’inscrire le penalty de la victoire face à la Juve, le neuvième décrété par M. Rocchi durant ce choc qui s’est terminé sur le score de 4-3 en faveur des visiteurs. Soit quatre pénos transformés par Francesco, trois par Tévez, et deux stoppés par De Sanctis. La moitié d’entre eux n’étant pas valable. Pour empêcher une telle récidive, la Fédération italienne décide de tripler la présence des arbitres de surface. Ils sont désormais six, plus deux juges de ligne, l’arbitre principal et, autre nouveauté, un banc de touche occupé par sept autres hommes en noir afin de pouvoir effectuer des changements en cours de match. Quoi qu’il en soit, la Louve prend trois longueurs d’avance sur la Vieille Dame. Rudi Garcia, qui a joué de l’accordéon pendant le match, annonce après la rencontre : « Ce match m’a fait comprendre que l’on peut gagner Roland Garros. »
Coup d’arrêt de la Roma à Naples
Nous sommes seulement à la 6e journée, la saison est encore longue. Un mois plus tard, deuxième choc pour les giallorossi, c’est un chaud déplacement chez le Napoli, six mois après l’assassinat de Ciro Esposito. Rencontre sous haute tension. Au San Paolo, les spectateurs tirent des coups de feu à chaque fois que les joueurs de la Roma s’approchent de la surface adverse. Pas de blessés, il s’agit juste de menaces, efficaces puisque le Napoli s’impose 2-0. Garcia ne démord pas, et lâche de nouveau : « Cette défaite m’a fait comprendre que l’on peut gagner le Tour des Flandres. » Les équipes milanaises, elles, sont un peu à la traîne, le premier derby de la saison est délocalisé à Bangkok, Honda et Nagatomo sont nommés capitaines. Berlusconi est surpris dans un bordel accompagné de deux jeunes filles : « Elles ont neuf et dix ans, ça fait 19 à deux » , déclare-t-il alors qu’on lui reproche de flirter une nouvelle fois avec des mineurs. Le match se conclut sur un 0-0, l’arbitre ayant refusé un but hors-jeu d’Inzaghi, désormais entraîneur-joueur.
La Roma championne d’hiver
La trêve approche et la Roma est sacrée championne d’hiver ! C’est la fête dans les rues de Rome, Totti et ses coéquipiers attendent, iPhones en main, la cérémonie pour recevoir le trophée, on leur fait gentiment comprendre que ce n’est qu’un titre honorifique. Il faudra patienter encore quelques mois. Les Giallorossi ont quatre points d’avance sur le Napoli et sept sur la Juve qui doit faire sans Tévez, retenu prisonnier dans un quartier de Buenos Aires depuis deux mois. Ses kidnappeurs demandent une rançon de cinq millions de dollars, Marotta leur offre un prêt de De Ceglie assorti d’une option d’achat. Pendant ce temps, les compétitions européennes reprennent avec la Roma comme seule rescapée en 8es de Champions League. Elle affronte le Barça et prend deux déculottées, 5-1 et 4-0. Totti s’exclame : « Le Barça devait disputer une Champions League à part. » Restent alors les représentants de la Ligue Europa, pas moins de quatre arrivent jusqu’en quarts de finale, mais tous perdent sur tapis vert à cause de la folie de leurs ultras.
Allegri en difficulté et viré
Il n’y a plus que le championnat, puisque la Coupe d’Italie a été annulée, toutes les équipes ayant déclaré forfait par manque d’intérêt. La Roma mène la danse jusqu’à mi-mars, mais s’incline contre la Sampdoria. Pour fêter ça, Massimo Ferrero court nu au milieu de la pelouse. Berlusconi commente : « Voici mon digne héritier. » Un revers dont profite la Lazio, revenue dans le coup. Les hommes de Stefano Pioli sont emmenés par leur néo-capitaine Onazi, le Nigérian a pris du grade et est devenu la nouvelle idole de la Curva Nord. En revanche, tout fout le camp à la Juventus. Débarqué durant l’hiver, Mario Balotelli a plombé le vestiaire à coups de feu de Bengale. Pirlo et Allegri se sont embrouillés, ce dernier est remercié et remplacé par Leonardo. Mais très vite, la relative proximité physique du Brésilien avec les arbitres fait parler. Et lors d’une victoire 1-0 contre le Napoli sur un but du nez de Chiellini hors-jeu de quelques millimètres, le Corriere dello Sport titre : « Moggi à l’échafaud. » Record de ventes pour le journal.
Un derby pour le match du titre
Les journées passent et le mano a mano entre les deux équipes romaines se poursuit, jusqu’au choc final de l’avant-dernière journée. Le vainqueur remportera le titre. La rencontre se joue à guichets fermés puisque le huis clos a été décrété pour éviter les débordements. Du coup, on entend tout ce qui se passe sur le terrain. Totti ouvre le score dès la troisième minute et lance : « Aoh, vi ho purgato ancora, tièèè ! » , ce à quoi Stefano Mauri répond énervé : « On avait dit pas de but avant le premier quart d’heure de jeu ! » La réaction laziale ne se fait pas attendre, Gignac, arrivé en janvier, envoie une mine pleine lunette et hurle « la calotte de vos moooorts ! » . 1-1, c’est le score à la mi-temps. Rudi Garcia, voyant Gervinho dans le dur, décide de retirer le brassard à Totti et de le donner à l’Ivoirien. Stupeur à l’Olimpico. Ou plutôt blasphème. Aux commentaires dans la tribune de presse, Di Canio s’en va.
Les minutes défilent, et Gervinho a le but de la victoire au bout du pied, mais perd son bandeau au moment d’armer sa frappe. Tout honteux, il demande de suite le changement. Sur la contre-attaque, Gignac trompe De Sanctis et fête son but en montrant un T-shirt « Lopez 63 » , la Lazio est championne ! Seulement voilà, quelques jours plus tard, un scandale éclate dans les hautes instances, des écoutes téléphoniques surprennent le président laziale, Lotito, en train de tromper sa femme. La Lazio est déchue de son Scudetto, neuf autres équipes sont pénalisées pour « omission de dénonciation » , l’Inter, dixième et épargnée, récupère le titre sur tapis vert et fête ainsi son 19e Scudetto. Relégué depuis la 26e journée avec Cagliari et ses 126 buts encaissés, Zeman sort un lapidaire : « Qu’est-ce que je vous avais dit ! » Il est nommé dans la foulée nouveau sélectionneur de la Nazionale.
Par Valentin Pauluzzi