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Le rouleau de Scott

Par Maxime Brigand
Le rouleau de Scott

Entré dans le onze de Manchester United comme on balance un gosse dans une fosse, Scott McTominay a prouvé, une nouvelle fois, face à Liverpool samedi que José Mourinho pouvait lui faire confiance au moment de monter les grands cols. Il devrait une nouvelle fois être titularisé face à Séville mardi soir.

« C’est étrange… » Féroce combat mené depuis plusieurs semaines par José Mourinho : samedi, quelques minutes après la victoire précieuse de son Manchester United face à Liverpool (2-1), où l’on aura notamment vu United verser sur la pelouse d’Old Trafford sa meilleure mi-temps (la première) depuis bien longtemps contre un balourd du Royaume, l’entraîneur portugais a débarqué en conférence de presse en se pinçant les lèvres. Extraits : « Les supporters peuvent faire ce qu’ils veulent. Je ne suis pas agacé par les sifflets qui ont suivi la sortie de Marcus Rashford. Mais, en revanche, j’ai été très déçu par l’attitude qu’ils ont eue avec Scott McTominay (Old Trafford a sifflé le joueur pour une passe en retrait, ndlr). On parle d’un gamin de vingt ans, qui n’a pris que de bonnes décisions et à qui ils ont demandé d’en prendre une mauvaise. Casser le rythme de la rencontre était une décision formidable de sa part. S’en prendre à moi, en revanche, ce n’est pas un problème. »

Dans les succès, comme dans les défaites, le Portugais se rêve en enveloppe d’un groupe mitraillé depuis plusieurs mois à propos du spectacle proposé, et ce, malgré des résultats loin d’être ignobles. Le voilà donc paratonnerre pour l’essentiel – le jeu – là où il s’amuse en parallèle à agiter le n’importe quoi du hors-terrain : le marketing, les consultants, une presse qui le verrait comme le « diable en personne » , les fans, etc. Le 21 février dernier, dans la foulée d’un huitième de finale aller de Ligue des champions avalé sans forme à Séville (0-0), José Mourinho s’était déjà élevé pour recentrer le débat au terrain : « C’est un peu étrange. Je pense vous respecter ainsi que votre travail, je comprends vos questions au sujet de Paul Pogba (sur le banc au coup d’envoi, ndlr), mais si j’étais vous, je demanderais à l’entraîneur de Manchester United s’il est d’accord pour dire que Scott McTominay a réalisé une grande performance. Non ? »

Caution et cocktail

Quoi qu’on pense de Mourinho, il se passe quelque chose de différent depuis quelques semaines à Manchester United. Un truc qui vaut son pesant de tendresse aux yeux des supporters d’un club qui a la formation dans les veines et où les produits locaux recevront toujours plus d’indulgence que les autres. McTominay, un nom qui revient en boucle : un argument pour son entraîneur aussi, forcément, José Mourinho se servant de l’explosion chez les grands du joueur pour affirmer qu’il n’est pas « figé dans ses idées » et qu’avec lui, chacun a sa chance. Avant un match à Huddersfield (2-0), mi-février, le Portugais l’avait dit ainsi : « Pogba ? Je ne sais pas ce qu’il a, et je m’en fiche.(…)McTominay mérite de jouer davantage. Il n’a pas de cheveux colorés, pas de grosse voiture ou de grosse montre, pas de tatouages… » Sans rien demander, voilà comment Scott McTominay, 21 ans, a été balancé dans la fosse du circuit professionnel.

La suite ? Un sourire : depuis le 3 février, la belle gueule a empilé quatre titularisations en Premier League, une en FA Cup et une autre en Ligue des champions. Elle a aussi envoûté Eden Hazard lors de la victoire de Manchester United face à Chelsea (2-1) dans ce qui a ressemblé à un calque de la performance d’Ander Herrera sur le Belge la saison dernière, empêché Éver Banega de s’exprimer pleinement à Séville et a marché, en compagnie de Nemanja Matić, sur le milieu de Liverpool le week-end dernier, là où Pogba s’est souvent éteint lors des grands matches depuis son retour au club. McTominay est en réalité un drôle de cocktail : une abnégation à la Roy Keane, de l’élégance, de la simplicité, du minimalisme poussé. Et représente surtout aux yeux de José Mourinho un défi qu’il décrit comme « une toile vierge » . Matić : « C’est un plaisir de jouer aux côtés de Scott, car il se bat pour l’équipe, il court beaucoup. Il joue comme s’il évoluait en Premier League depuis cinq ou six ans, mais il est encore jeune. Aujourd’hui, c’est l’un de nos meilleurs joueurs sur le terrain. » Confirmation face à Liverpool où, avec Bailly, Rashford, Matić et Lukaku, McTominay a été l’un des meilleurs de son équipe.

« S’il était parti… »

Alors, c’est quoi l’histoire ? Celle d’un mec qui revient de loin, avant tout, débarqué à Manchester United à l’âge de cinq ans, réputé bon joueur, mais longtemps mis de côté pour sa taille. Entre 2013 et 2016, Scott McTominay n’aura commencé qu’une dizaine de rencontres pour les U18 du club (12), soit le temps nécessaire pour prendre 25 centimètres – le joueur était l’un des plus petits de l’effectif – avant d’attraper le mètre 93. En réalité, il revient de nulle part. Il y a quelques semaines, José Mourinho a même avoué que le joueur avait été proche de quitter le club la saison dernière. « S’il était parti, qui sait où il serait aujourd’hui, dans quelle division… » Personne, et on ne le saura jamais. Ainsi, le voilà plongé dans un bain dont il est difficile de se sortir : à 21 ans, McTominay est vu comme le joueur qui a sorti Pogba du onze – il serait aussi (involontairement) à l’origine de la blessure du milieu français, absent face à Liverpool –, mais aussi comme son opposé. C’est caricatural, mais c’est vrai : ici, pas de fantaisie, que de l’exécution d’ordres, Scott McTominay est un soldat, un bosseur, pas un artiste.

C’est aussi, naturellement, devenu un produit à étiqueter. Jusqu’ici, le bonhomme n’avait jamais vraiment pu se poser la question de son avenir international : né en Angleterre, McTominay, issu d’une famille écossaise, a dû choisir sa bannière. José Mourinho et Sir Alex Ferguson ont fait du lobby pour l’Écosse, le petit a foncé et Alex McLeish, nommé sélectionneur en février, l’a convoqué lundi pour la réception du Costa Rica et un déplacement en Hongrie. Pas mal en quelques semaines, et ce, à un moment où Michael Carrick, qui a annoncé lundi qu’il se retirerait définitivement en fin de saison, a annoncé voir en Scott McTominay un successeur parfait. Aujourd’hui, il est encore tôt pour savoir jusqu’où ira ce gamin, s’il finira comme Darren Gibson, Luke Chadwick, Nicky Butt ou Paul Scholes. Seule certitude : ce qu’il fait pour le moment, il le fait bien, avec rigueur et sérieux, sans aventure, et c’est ce que Mourinho demande. Et ça nous ramène au jeu, définitivement.

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