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Le roseau Génésio
Ce vendredi soir, l'Olympique lyonnais affronte Monaco pour ce qui s'apparente au choc de la journée de Ligue 1. Un match très important pour Bruno Génésio, qui ne peut pas se permettre de perdre la confiance de Jean-Michel Aulas.
« Si je devais changer, je n’aurais pas d’état d’âme. Si les résultats sont meilleurs, on poursuit. Si on ne peut pas revenir, je ferai autrement. Mais il n’y a pas d’urgence. Il est trop tôt pour prendre des décisions après huit matchs. On fera le point après le derby. Tous les entraîneurs sont en danger, on est dans un club ambitieux. » On peut faire plein de reproches à Jean-Michel Aulas, notamment au sujet de sa communication ces derniers mois, mais force est de constater qu’il maîtrise comme personne le sens du timing. Cette semaine, à l’occasion d’une interview accordée à Eurosport, le président de l’Olympique lyonnais a profité de la trêve internationale pour glisser un petit avertissement à Bruno Génésio. Au moment où tous les esprits se préoccupaient du sort de l’équipe de France et de Didier Deschamps, Aulas profitait du calme autour de l’OL pour émettre la première esquisse de réserve au sujet de son coach.
Faire le point
Pourtant, depuis l’arrivée de Bruno Génésio sur le banc de l’OL, Jean-Michel Aulas ne cesse de défendre bec et ongles un homme sous le feu des critiques de ses propres supporters. Pris en grippe, notamment sur un réseau social bien connu et très prisé par les supporters lyonnais, l’entraîneur rhodanien est régulièrement défendu par son président. À ceux qui reprochent au coach lyonnais un manque de charisme, de légitimité et de sens tactique, Aulas répond au lendemain de la qualification contre la Roma qu’il est meilleur que Luciano Spalletti, et qu’il est « un grand entraîneur » après celle contre le Beşiktaş. À chaque attaque contre son entraîneur, Jean-Michel Aulas lui clame sa confiance aveugle avec véhémence et n’hésite par à remettre tout le monde à sa place sur le sujet. Quitte à se mettre une partie du public lyonnais à dos.
Depuis quelques semaines, même le président lyonnais commence à distiller quelques avertissements à son homme de confiance. Après le match nul décevant contre Limassol, il avoue être « très déçu, car on a l’impression que Limassol est moins fort que l’OL. Il faudra que Bruno Génésio regarde précisément pourquoi, quelques fois, nous avons été faibles sur le plan technique alors que nous n’avons que des très bons joueurs. » Et maintenant, quelques jours avant un match important contre Monaco, il concède que « un point » sera organisé dans moins d’un mois. « Faire le point avec un entraîneur » comme il dit, ce n’est jamais très bon signe. Une manière de préparer le terrain pour se désolidariser subtilement ?
Circonstances atténuantes
Pourtant, six mois après avoir décrété que son tacticien était supérieur à l’actuel « Mister » de l’Inter, rien n’a vraiment changé à Lyon. Bruno Génésio a même plus de crédit – compte tenu de sa demi-finale de Ligue Europa et de son bon match au Parc des Princes –, et plus de circonstances atténuantes concernant les résultats décevants de l’OL en début de saison. En fin de cycle, l’effectif lyonnais a connu une importante refonte avec les départs conjugués de Lacazette, Tolisso, Gonalons, Darder, Mammana et Nkoulou. Le onze de départ a largement changé. Et malgré ce chamboulement qui peut expliquer en partie les difficultés à trouver les bons automatismes en ce début de saison, l’OL de Bruno Génésio reste la seule équipe de Ligue 1 à pouvoir emmerder le PSG et Monaco sur un match. Vilipendé, contesté et chahuté de toute part depuis son arrivée, le roseau Génésio plie, mais ne rompt pas. Mais saura-t-il résister sans la protection du chêne Aulas ?
Par Kevin Charnay