- C1
- 8es
- Schalke-City (2-3)
Le roi Sané
En manque de solutions face à un Schalke bien décidé à bétonner pour maintenir son maigre avantage, Pep Guardiola a choisi de faire confiance à un ancien de la maison königsblaue pour débloquer la situation : Leroy Sané. Et ça a marché.
Insérez ici une métaphore sur le fait de retrouver son ex après l’avoir quittée. Remplacez l’ex par Schalke 04 et Leroy Sané dans celui du protagoniste principal. Ce mercredi soir, l’ancien Königsblau caresse la pelouse de la (pas encore) Rudi-Assauer Arena depuis le banc de touche où Pep Guardiola choisit de lui faire commencer la rencontre. Il y a bien eu quelques accolades amicales avec les anciens copains de Buli, un discret salut au public de Gelsenkirchen et puis il a finalement fallu aller s’asseoir, rentrer dans l’ombre et regarder les siens tenter d’entrer dans la lumière.
Pas une mince affaire, car la boulette de Fährmann qui conduit à l’ouverture du score de Sergio Agüero (19e) sert d’étincelle au pétard modèle 04. Les locaux se réveillent, les Citizens multiplient les fautes bêtes, offrent deux penaltys, et Nabil Bentaleb se charge de les transformer à chaque fois, confirmant son adresse dans l’exercice, puisqu’il n’a manqué aucune de ses quatorze tentatives sous le maillot bleu-roi. « C’est une machine à marquer, quand je l’ai vu s’avancer, je savais qu’il allait les mettre » , confiait à la mi-temps Benjamin Stambouli, absent en raison d’une fracture de la pommette, au micro de DAZN (en allemand s’il vous plaît !). Sûr que depuis son banc de touche, Leroy Sané a dû se dire exactement la même chose… et constater les dégâts, comme son entraîneur.
Fouette cocher !
À quoi pouvait-il bien penser pendant que Schalke tenait bon à la surprise générale ? Peut-être à la tournure que prenait sa saison, à la perte de sa place de titulaire dans le onze de Guardiola, aux vagues que suscitent les rumeurs l’envoyant à Manchester United ? Ou peut-être au fait que ses coéquipiers trouvent les ressources nécessaires pour confirmer leur domination sur le terrain sans lui ? Bref, pas de quoi avoir la banane. Pourtant, quand le coach l’envoie à l’échauffement, on le voit esquisser un sourire et même une petite tape dans la main de ses adversaires en chasuble qui trottinent le long de la ligne de touche. Jusqu’à la 78ee minute, lorsqu’il remplace Agüero. Là, Sané montre qu’il n’est pas là par hasard, qu’il n’est pas impressionné par ce stade comble qui vrombit face à l’exploit qu’est en train d’accomplir son ancienne équipe.
Et puis, il y a ce coup franc à 25 mètres, sept minutes plus tard, plein axe. C’est lui qui se charge de le tirer. Avec son pied gauche, il fouette le hideux ballon orange qui finit en plein dans la lucarne de Ralf Fährmann. Et il éteint les lumières de son ancien jardin. Il vient de relancer les siens. Il vient d’être décisif. Ce n’est pas un petit prince, c’est un roi. Le roi Sané. Sans lui, le but final de Sterling n’aurait pas offert la victoire à City dans les ultimes secondes. Sans lui, Schalke aurait pu rêver d’un exploit et temporairement oublier la galère sur laquelle il vogue en Bundesliga. Mais les rois ne sont pas là pour être magnanimes. Ils sont là pour imposer leur autorité. C’est ce que Sané a fait. « Bien sûr que j’étais un peu triste pour Schalke et les fans. L’atmosphère était incroyable » , débriefe-t-il après la rencontre. « Ils ont vraiment bien joué, ils ne nous ont pas rendu la tâche facile. On doit leur dire « respect. » » Espérons pour lui qu’ils seront nombreux à le lui rendre, ce respect.
Par Julien Duez