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Le retour raté de Cissokho
Il était revenu à Porto pour se relancer, pour revivre de beaux souvenirs. Malheureusement pour Aly Cissokho, en foot comme en amour, ça ne marche jamais avec les ex. Une prestation horrible contre Maritimo en début de saison a peut-être déjà flingué son année...
Ce 15 septembre 2015, Aly Cissokho fêtait son 28e anniversaire. Son premier avec le FC Porto, où il était brièvement passé en 2009 après avoir explosé du côté de Setúbal quelques mois plus tôt. Le natif de Blois ne devrait pour autant pas garder de merveilleux souvenirs de ce mardi à moitié festif. D’une, parce qu’il a soufflé ses bougies à Kiev, et de deux, parce que ses retrouvailles avec les Dragons sont peut-être déjà complètement foirées. Oui, la saison ne fait que commencer, mais l’international français a déjà eu le temps de commettre une bourde qui a coûté deux points aux siens sur la pelouse de Maritimo à l’occasion de la deuxième journée de Liga Nos. À la sixième minute, Cissokho lit mal la trajectoire du centre adverse – on est même carrément pas loin de l’analphabétisme –, fait semblant de sauter et laisse Edgar Costa, qu’il était censé marquer, tromper un Casillas impuissant de la tête. De quoi foutre Lopetegui en rogne. C’est que le Basque tenait à gagner cette rencontre. Pour ne pas perdre de points sur ses concurrents directs, bien sûr, mais surtout pour conjurer le sort. Depuis qu’il a repris Porto, le club ne gagne plus sur l’île de Madère. Pour cette faute, le latéral prêté par Aston Villa a donc pris très cher. Non convoqué pour la réception d’Estoril la semaine suivante, il a surtout vu Pinto da Costa chercher en catastrophe un autre arrière gauche en Angleterre, à savoir le Mexicain Miguel Layún. Résultat, alors que Cissokho devait avoir le beau rôle suite au départ d’Alex Sandro à la Juve, celui-ci se retrouve désormais dans l’inconfortable position d’alternative à un joueur qui n’a même pas eu à faire ses preuves pour lui chiper sa place. Dur. Très dur.
Quand Cissokho muselait Rooney et CR7
Au moment de reposer ses valises sur les côtes portuenses, l’ancien joueur de Gueugnon ne s’attendait pas du tout à vivre pareil début d’exercice. Au contraire, il était soulagé de retrouver une maison qu’il avait quittée en 2009. « Cela fait six ans déjà, mais je n’ai jamais oublié le FC Porto, il était toujours présent dans ma tête. Je suis très content de revenir ici » , a-t-il déclaré devant les caméras de Porto Canal le jour de sa signature, au mois d’août dernier. Sans doute n’aurait-il jamais dû en partir. Car, malgré quelques bons matchs ça et là, notamment à Lyon, Aly Cissokho n’aura plus jamais retrouvé le niveau qui était le sien à l’époque où il foulait les pelouses du championnat portugais, que ce soit à Setúbal ou Porto. C’est peut-être même pour cette raison qu’il a accepté de revenir là où tout a vraiment commencé, dans l’espoir de retrouver ses ailes perdues. Celles-là mêmes qui lui permettaient d’attaquer avec justesse, d’écraser ses vis-à-vis grâce à sa vitesse et son gabarit puissant et de revenir défendre à la faveur d’un volume de jeu matuidiesque. Celles-là mêmes qui lui ont permis de survoler Old Trafford un soir d’avril 2009 lors duquel il s’est offert le luxe d’annihiler les offensives de Rooney et Cristiano Ronaldo sur son côté comme s’il s’appelait Ashley Cole. Ces ailes qui l’ont emmené trop haut et trop vite sont d’ailleurs peut-être la cause de sa chute immédiate. 2009, c’était un an avant la Coupe du monde. Il fallait profiter de la hype pour quitter le Portugal et son championnat sous-médiatisé. Le Milan AC le veut alors, et ce Milan-là ne se refusait pas encore. Mais un problème aux dents l’a écarté de San Siro et rapproché de Gerland où Cissokho entame alors un lent déclin qu’il a désormais bien du mal à ralentir. Et dire qu’il a peut-être fait ça pour un Mondial qu’il n’aura jamais vu.
Une histoire de confiance
Relégué sur le banc par le Mexicain Layún, pas forcément reluisant pour sa première avec les Dragons contre Arouca, l’ancien défenseur de Liverpool n’a plus son destin en main dans l’effectif de Lopetegui. S’il est encore trop tôt pour parler de cauchemar, le rêve de Cissokho n’est pour le moment pas près de se réaliser. Car dans la hiérarchie portista, il n’est pas simplement derrière le nouvel arrivant. À Estoril, alors que Layún n’avait pas encore débarqué à Porto, c’est Bruno Martins Indi qui a occupé le flanc gauche de la défense. Les questions qui demeurent au sujet de Cissokho concernent la rapidité de sa mise au ban et ses chances de lutter pour une place de titulaire. La dernière fois que Lopetegui s’était montré aussi ferme avec l’un de ses joueurs après un match raté, c’était avec Fabiano, le portier actuellement prêté au Fenerbahçe, au lendemain de la déroute bavaroise en Ligue des champions. Et, contrairement à ce que beaucoup pensaient, il s’agissait plus d’une question de mental que de punition sévère (Fabiano aurait, d’après des gens proches du club, tendance à péter des câbles avant les grands rendez-vous). Est-ce pareil pour Cissokho ? Peut-être. Contre Maritimo, il a non seulement mal défendu, mais été également inoffensif balle au pied. Pire, il ne prenait aucun risque et lâchait le ballon comme s’il lui brûlait les pieds. De quoi se poser des questions sur l’état de confiance du Français. Mais contrairement à Fabiano, l’entraîneur portista n’abdique pas de son latéral gauche. Il lui a longuement parlé à plusieurs reprises pendant la trêve internationale et l’a réintégré au groupe face à Arouca. Il sera également présent à Kiev. Sur le banc, mais présent. En attendant mieux.
Par William Pereira