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Le retour du péril jaune
On ne sait pas grand chose sur Villarreal à part que son club de foot fait régulièrement jeu égal avec les grosses écuries. Cette saison encore, le club jaune s'est glissé au milieu des géants de la Liga. Ça commence à devenir une habitude. Et si c'était Villarreal, le meilleur club espagnol ?
« Villarreal c’est le meilleur public du monde » . Fernando Roig, le président du club, a beau être un peu chauvin, il n’est pas loin d’avoir raison. A Villarreal il y a de la céramique, des piscines couvertes et 21 000 abonnés au Madrigal. 143ème ville d’Espagne mais 5ème budget de la Liga, le club jaune est deuxième du classement et semble installé pour y rester un moment. Car dans le sous-marin jaune, on n’a pas l’habitude de jouer les seconds rôles en Liga. Lors de ses sept dernières saisons, le club de la banlieue de Castellón n’a jamais été plus bas que la septième place. Mieux encore, avec le géant Barça, Villarreal c’est le seul club d’Espagne à voir deux de ses équipes évoluer dans les deux divisions supérieures. Pas mal pour une ville de 51 000 habitants.
Il faut dire qu’à Villarreal la richesse ne se compte pas en euros mais en idées.
La politique de la maison, c’est le bon père de famille Fernando Roig qui l’a inventée à son arrivée à la tête du club en 1997. Cet entrepreneur valencien (et ancien dirigeant du voisin Valencia) qui a fait fortune dans la céramique n’est pas du genre à jouer les midinettes et fondre les fusibles en arrivant en Première Division (en 1998). Ce qui compte, c’est que le club soit « autonome financièrement » . Pour ce faire, le principe est simple « investir beaucoup d’argent dans les infrastructures et ensuite acheter de bons joueurs » . Cette saison, crise oblige, Villarreal doit rentrer le ventre « nous devons faire une équipe moins chère et meilleure encore » . Résultat, le budget du club a été réduit de 20 millions d’euros (55 au total au lieu de 75 en 2009-2010), et la petite ville fait la course en tête au milieu des cadors de plus d’un million d’habitants: Madrid (Real 1er et Atletico 5ème ) , Barcelone (Barça 3ème et Espanyol 6ème ), Valence (4ème), Séville (7ème), Bilbao (8ème).
Mes que un club
Pour réaliser ces économies, le club a du réduire la voilure à l’inter-saison et se recentrer sur ses bijoux de famille, les gamins de la cantera. 10 joueurs sont passés de la réserve à l’équipe première. Renforcée par l’arrivée de Borja Valero (génie du Mallorca de l’an passé), le retour de Cazorla, de Senna, l’arrivée du boucher vétéran et champion du Monde Marchena et de deux attaquants en pleine bourre Nilmar et Rossi, le groupe de Villarreal est moins cher que l’an passé et plus performant. Le couteau entre les temps, le gamins qui ont fait monter le Villarreal B en seconde division, sont maintenant responsable de faire gravir les dernières sommets à l’équipe première. La formation à Villarreal, c’est le secret de la réussite. Pour preuve, lors du dernier rassemblement de l’équipe d’Espagne, Villarreal est, avec cinq joueur, le deuxième club qui apporte le plus à la sélection championne du monde en titre, derrière le Barça (6), mais devant le Real Madrid (4). Villarreal, més que un club.
Cette saison tout va mieux. Depuis février c’est Juan-Carlos Garrido, patron et idéologue de la formation jaune ces 9 dernières années, qui a repris le banc. L’ex entraîneur du Villareal B a débarqué pour remplacer Ernesto Valverde et sauver l’équipe première de son naufrage post-Pellegrini. L’équipe revient à ses fondamentaux de jeu (mouvement, une touche de balle, possession) pour remonter finalement à la septième place (après avoir été relégable au début de saison). Les Dieux remercient cette gestion en attribuant au club la dernière place qualificative en UEFA au détriment de Mallorca, 6ème mais foutu à la porte de la compétition pour des raisons financières. Comme quoi, les économies, ça paie.
Le troisième homme
Cette saison, les jaunes ont tout du tueur de gros poissons et du challenger parfait. Ce soir ils accueillent un concurrent direct dans la course à la Champions, l’Atletico de Madrid. Le Madrigal fait peur, même Quique Sanchez Flores flippe « notre objectif c’est toujours la victoire. Mais repartir de Villarreal sans perdre serait déjà très bien » . Mais à l’Atletico et à Villarreal, on pense que la meilleure défense c’est toujours l’attaque et les 0-0 sont un accident (une seule fois en dix ans). Lors de leurs six dernières rencontres directes, les filets ont trembler 29 fois. En 2008-2009, les colchoneros étaient repartis du Madrigal avec un point mais un score de futsal 4-4. Ce dimanche, Godin et Forlan reviendront sur les terres qui ont fait leur légende, et Aguero devrait être sur deux jambes. Mais dans le sous-marin, les jaunes n’ont connu qu’une seule défaite en un an (le 31 janvier 2010 contre Osasuna). Ce soir, c’est à Villarreal que ça se passe.
Thibaud Leplat
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