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Le retour du Lorient express
À l'heure d'accueillir Nantes dans sa forteresse imprenable du Moustoir, Lorient s'avance avec la confiance du meilleur début de saison de son histoire en Ligue 1. Quatre victoires en six journées, une volonté de jouer vers l'avant à chaque instant et déjà plusieurs buts collectifs qui ont fait se lever les foules. Après dix ans à la tête du centre de formation des Merlus, Régis Le Bris est en train d'imposer sa patte sur l'équipe première avec réussite.
Tout va très vite en football, répète inlassablement l’adage. Depuis quelques semaines, le FC Lorient s’en est fait l’incarnation vivante. Maintenus de justesse au soir d’un triste 0-0 contre Bordeaux lors de la 37e journée en mai dernier, les Merlus sont transfigurés depuis le coup d’envoi de cette nouvelle mouture de la Ligue 1. Entre-temps, le club a été pas mal chamboulé tout au long de l’été, avec le départ de Christophe Pélissier et la nomination d’un novice à ce niveau : Régis Le Bris, qui occupait le poste de directeur du centre de formation du club depuis 2012. Ajoutez à cela un mercato peu dispendieux et le départ d’Armand Laurienté dans les derniers jours d’août, et vous obtenez une bonne dose d’inquiétude à l’entame d’une saison à quatre descentes.
Chaud devant
Il en faut pourtant plus pour effrayer un Merlu. Dès la première journée, la bande d’Enzo Le Fée s’offre un succès surprise chez le voisin rennais. S’ensuivent trois nouvelles victoires, à peine entachées d’un lourd revers à Lens et d’un nul à Toulouse au terme d’une prestation qui aurait mérité meilleure récompense. Jusqu’à cette prestation remarquable face à Lyon, en match en retard de la deuxième journée, avec une nouvelle fois un jeu enivrant fait de projections rapides vers l’avant, de redoublements de passes et d’actions spectaculaires. Pire attaque du championnat la saison passée (35 buts, à égalité avec le FC Metz), Lorient aurait-il retrouvé son ADN tourné vers le beau jeu ?
« Il s’agit de ma quatorzième saison au club, et je vois quelque chose. Il y a un état d’esprit dans le groupe que j’ai rarement vu, se félicitait le président Loïc Féry au lendemain du succès face aux Gones. On le sentait en ouvrant ce nouveau cycle, mais il fallait que cela se concrétise sur le terrain. » Pari réussi jusqu’à présent, puisque le club réalise son meilleur départ en Ligue 1 avec 4 victoires et 13 points en 6 matchs. « On avait une sorte de challenge à construire notre jeu sous pression et on l’a fait en plusieurs occasions, se réjouissait pour sa part Le Bris mercredi soir. Sur les précédents matchs, il y avait quelques bribes, aujourd’hui il y en a eu un peu plus, dont certaines qui ont abouti à des actions magnifiques, comme le but en début de deuxième mi-temps. »
⏱️10 secondes? 7 touches de balle? 4 joueurs impliqués : @YMvogo – @7erem_ – @gedeon_K2 – Dango Ouattara = Le troisième but du @FCLorient ? pic.twitter.com/tT6iHmFWZP
— FC LORIENT ? (@FCLorient) September 8, 2022
Le pion en question, signé Dango Outtara au terme d’une action remarquable, initiée par une relance audacieuse à la main d’Yvon Mvogo, n’est d’ailleurs pas le premier du genre cette saison. À Ajaccio notamment, la jeune pépite s’était également retrouvée à la conclusion d’un mouvement de toute beauté côté droit pour offrir la victoire aux siens. Une preuve supplémentaire de la grande confiance affichée par les Lorientais, portés par quelques révélations, à l’image de l’ailier burkinabé, rayonnant depuis un mois (deux buts et trois passes décisives notamment) après une découverte de l’élite plus difficile l’an passé. Dans les buts, le nouvel arrivant Yvon Mvogo s’inscrit déjà parmi les meilleurs portiers de ce début de saison, Théo Le Bris – neveu du coach – montre de belles choses au milieu, pendant que Terem Moffi continue de peser sur toutes les défenses du championnat.
Le Bris, vent frais venu de l’ouest
Un ensemble parfaitement mis en musique par un chef d’orchestre en pleine réussite. Premier entraîneur de l’histoire du club à remporter ses deux premiers matchs à domicile, Régis Le Bris sait parfaitement quels principes de jeu il souhaite appliquer. « Je ne veux pas rechercher la possession à tout prix, ce n’est pas un enjeu pour nous. Les possessions doivent être hyper incisives, elles doivent faire mal à l’adversaire, résumait-il après la démonstration infligée à Lyon. À partir du moment où on garde cette ambition collective et cet esprit du groupe qui est en train de se créer, on pourra passer quelques mauvaises échéances sans problème, comme après Lens. » Bollaert, justement, le seul accroc du parcours jusqu’ici. Mais pas de quoi inquiéter celui qui s’est rendu en Espagne observer de près le travail de Quique Setién avec le Betis pour s’en inspirer. « On peut perdre des matchs comme à Lens, face à l’une des meilleures équipes du championnat, mais on a joué et on les a même fait douter par moments… Vite, le match retour ! », s’exclamait-il récemment dans Le Monde.
En seulement quelques mois, Régis Le Bris, détenteur d’un doctorat en physiologie et biomécanique, a bousculé les habitudes dans le Morbihan. Une méthode à base d’échanges permanents avec les joueurs visant à instaurer une relation davantage horizontale avec son groupe. « Durer en Ligue 1, je n’en fais pas une obsession. À la fin de la saison, j’aimerais surtout que les joueurs se disent : « On a joué le football que l’on voulait jouer », et même : « On s’est découvert des possibilités insoupçonnées… » Et ça, généralement, ça produit des bons résultats… » Et quoi qu’il en soit, hors de question de céder à l’euphorie malgré la cinquième place actuelle avant de défier les Canaris. Histoire d’éviter de vérifier si dans ce cas précis, l’adage peut marcher dans les deux sens.
Par Tom Binet