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Le retour du Bruges qui gagne
Il y a quelques jours, Marc Wilmots déclarait « se poser des questions sur la valeur de notre championnat ». Son championnat, c'est celui de Belgique. Ça tombe bien, il y a quelques jours, c'était le Topper : Club de Bruges contre le Sporting d'Anderlecht. Le premier contre son dauphin. L'occasion idéale pour faire un premier bilan à un peu plus de la mi-championnat.
Bruges : Assoiffé de titres
Arrivé quelques semaines avant Michel Preud’homme à Bruges, le vétéran Timmy Simons devait constituer la plaque tournante du mentor et ex-meilleur gardien du monde. Proche des 38 ans, le garçon est connu dans le Royaume pour son calme lorsqu’il tire un penalty. Or, depuis son – lamentable – loupé contre Anderlecht dimanche, Timmy en est à deux ratés de suite, ce qui limite clairement son importance, même s’il y a peu de chances qu’il sorte du 11 vu son expérience. Après un début de saison assez difficile, les Brugeois ont remis la machine en marche et carburent désormais à une moyenne de près de 2,5 buts par match. Offensivement, ils n’ont pas beaucoup de leçons à recevoir avec l’expérimenté De Sutter, Castillo le successeur de Bacca (a priori du moins), la promesse Oularé, le déroutant Izquierdo et même les deux milieux Vazquez et Refaelov. Le problème (pour les adversaires), c’est que derrière, ça tient aussi la baraque avec les excellents Thomas Meunier et Laurens De Bock notamment, le tout devant le rempart Mathew Ryan. Avec Preud’homme à la baguette, les Blauw en Zwart parviennent à tout gérer pour le moment : premiers en championnat et en Ligue Europa. Cependant, cela fait plusieurs saisons de suite que Bruges coule quand il atteint – presque – le sommet. C’est donc l’heure maintenant de prouver qu’ils sont capables de tenir une première place qu’ils n’ont plus occupée en fin de championnat depuis près de 10 ans.
Anderlecht : mangeur de millions
Cette année, Anderlecht a décidé de mettre le paquet sur la jeunesse et la Coupe d’Europe. Un combo séduisant quand on cherche à se réconcilier avec son public après une saison 2013-2014 footballistiquement atroce. Toute la magie du football belge est là. L’an dernier, Anderlecht était au fond, mais a terminé champion. Une incongruité dont peu de championnats peuvent se vanter. Du coup, cette année, les Mauves se sont juré d’avant tout penser à la post-formation. Avec une équipe à la moyenne d’âge systématiquement inférieure à 23 ans, Besnik Hasi a sans doute trouvé le meilleur moyen d’assurer ses arrières financiers. Le hic, c’est que cela pourrait payer dès cet hiver avec un exode, si pas massif, au moins ciblé des plus belles pépites de la maison mauve. On pense notamment à Denis Praet, 20 ans et déjà éblouissant sur la scène européenne, mais aussi à Chancel Mbemba, un défenseur central polyvalent âgé selon les dires de 19, 23, 24 ou 26 ans. Deux des joueurs les plus doués, deux des joueurs les plus en vue aussi sur la scène continentale cet automne. Grâce à eux, Anderlecht a assuré une troisième place historique en poule de C1. Une place qui leur offrira un repêchage en Ligue Europa. Une performance pas si anodine que ça pour les Mauves qui n’avaient plus réalisé pareil exploit depuis la saison 2000-2001 !
À cinq pour quatre places juste derrière
Pour le moment, le seul réel rival des deux favoris est totalement hors course. Le Standard, qui a viré – à raison – son entraîneur Guy Luzon en octobre, a enchaîné quatre victoires de suite avant de se ramasser trois défaites de rang. Hors du top 6, on s’inquiète un peu en bord de Meuse, mais si tous les bons joueurs ne foutent pas le camp en janvier, les play-offs devraient être atteints. Plus haut au classement, on trouve La Gantoise (3e). Exécrables depuis deux saisons, les Buffalos ont fait du shopping cet été pour ne pas avoir l’air de ploucs, et ça marche pas trop mal, même s’ils manquent encore de régularité, en témoigne leur défaite ce week-end chez l’antépénultième. Reste donc un Lokeren plutôt séduisant avec un Hans Vanaken que la Belgique entière s’arrache, et qui ne ratera pas la marche des PO1, malgré Genk et Courtrai. Pour les premiers, l’arrivée fracassante de coach McLeish n’a rien changé dans le jeu, alors que les seconds épatent une saison sur deux. Ça tombe bien, normalement, on est dans la bonne pour eux cette année. Avantage Courtrai donc.
La poudrière du ventre mou
Cinq équipes que beaucoup se seraient plus à envoyer directement au casse-pipe en début de saison, mais qui devraient normalement s’en sortir sans trop de problèmes. Les plus optimistes enverraient même bien Charleroi dans les plays-offs 1. Une marche trop haute sans doute, mais une belle publicité pour six exilés français qui font là-bas figure d’incontournables (Clément Tainmont, Damien Marcq, Cédric Fauré, Nicolas Penneteau, Lynel Kitambala et Neeskens Kebano). Une autre équipe qui rentabilise au mieux ses joueurs venus d’outre-Quiévrain, c’est Mouscron-Peruwelz. Il faut dire que l’Excelsior n’a pas le choix. Tenu en vie par le LOSC depuis plusieurs saisons, le club hennuyer décompte aujourd’hui les jours avant de voir son généreux donateur s’en aller. La faute à Marc Coucke. Président du club d’Ostende, le richissime ex-propriétaire du groupe pharmaceutique Omega-Pharma est aussi depuis peu le nouvel investisseur fortuné du LOSC. Un conflit d’intérêts primaire dont les conséquences pourraient s’annoncer dévastatrices pour le club mouscronnois. Ostende, parlons-en. Depuis l’an dernier, l’équipe séduit à chacune de ses sorties ou presque. Une réelle performance quand on doit compter sur Didier Ovono, le sosie esthétique d’Aragon Espinoza, dans les buts. Enfin, il y a ces équipes qui, d’année en année, continuent de flirter avec le ventre mou. Ces habitués des fins de saison en pure dilettante. Cette année encore, Westerlo et Malines se contenteront donc d’une saison discrète, bien loin des spotlights qui risquent bientôt d’éblouir dangereusement le stade du Canonnier à Mouscron.
Battle Royal tout au fond
Le sort des petites équipes est ainsi fait. Un jour candidat à l’Europe, le lendemain, victime expiatoire des plus grands. Comme le Cercle de Bruges période « De Sutter-De Smet » , le Zulte Waregem de Francky Dury a dû faire face à la perte de la moitié de sa brillante équipe cet été. Avec, en tête de gondole, le départ de Thorgan Hazard pour la Bundesliga. Et sans le cadet, c’est forcément plus compliqué. Même constat pour le Lierse. Le club cher à Tony Vairelles n’a jamais semblé aussi proche de la descente au niveau inférieur depuis sa remontée en 2010. Autre province, même combat : pire attaque du championnat avec 11 petits buts en 17 matchs, le Cercle de Bruges est aussi le dernier de classe. Le genre d’équipe qui espère pouvoir compter sur ses vaillants supporters pour s’en sortir. Pas de chance, le Cercle partage son stade avec le Club de Bruges. Un stade beaucoup trop grand et donc vide une semaine sur deux. Du coup, quand le Cercle reçoit, le Cercle perd. Enfin, il y a Waasland-Beveren. Une équipe qui a décidé de confier les rênes de son milieu de terrain à David Hubert. Une belle idée, si on évite de réfléchir à la dernière fois que celle-ci s’est révélé payante. C’était il y a trois ans. Et à l’époque, David était entouré de Kevin De Bruyne et Thibaut Courtois.
Par Martin Grimberghs et Émilien Hofman