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Le retour du Bachi-Bozok
Après avoir terrorisé les défenses de National et de Ligue 2, l’attaquant nîmois Umut Bozok a connu des premiers pas difficiles dans l’élite. Mais son but le week-end dernier à Bordeaux pourrait bien lancer sa saison pour de bon. Pas forcément la meilleure des nouvelles pour les futurs adversaires des Nîmois, dont Monaco ce vendredi.
Le dos tourné vers le parcage visiteur du Matmut-Atlantique, les deux pouces pointés vers les cinq lettres floquées entre les omoplates : Umut Bozok se présente enfin à la Ligue 1 sous son meilleur visage. À la faveur d’un duel remporté face à Benoît Costil, l’attaquant nîmois a justifié pour la première fois toutes les attentes qui étaient placées en lui. Celles qui accompagnent logiquement le meilleur buteur de Ligue 2 en titre. Utilisé avec parcimonie par Bernard Blaquart et devant composer avec la concurrence de Baptiste Guillaume, Clément Dépres et Renaud Ripart, il a dû prendre son mal en patience pour justifier son statut. Avant ce déplacement à Bordeaux, Bozok restait sur une série de neuf matchs sans avoir marqué. La plus longue qu’il ait connue dans sa carrière. « Je n’ai pas marqué, mais j’ai répondu présent dans l’intensité quand j’étais titulaire » , se défendait le Mosellan de naissance dans les colonnes du Républicain Lorrain.
Le chasseur chassé
Il faut dire qu’Umut n’était plus habitué à ces périodes de disette. Voilà deux ans qu’il se goinfrait de buts. Chaque week-end ou presque, depuis qu’il s’est révélé en 2016 avec Marseille-Consolat. Déjà meilleur buteur de National avec 18 buts, le Nîmes Olympique lui a alors ouvert l’an dernier les portes du monde professionnel, alors qu’elles étaient restées closes à Metz, son club formateur. Force est donc de constater que les Crocodiles ont eu le nez creux, puisque le petit barbu a tout de suite confirmé en Ligue 2, enfilant 24 perles à grande vitesse (trois triplés pour lui la saison dernière). Une assiduité face au but qui lui a donc permis de rattraper le temps perdu en réserve messine. Sauf que depuis son doublé claqué à Quevilly en avril dernier, Bozok était tombé dans un mutisme inhabituel.
De quoi laisser quelques questions en suspens : Umut était-il en surrégime ? A-t-il atteint ses limites ? Ou y avait-il d’autres facteurs pour expliquer cette méforme ? Grimper de deux échelons en deux ans est rarement une formalité, surtout pour un garçon qui a soufflé ses 22 bougies ce mercredi. Mais en plus de ça, l’international espoir turc a dû composer avec un été plutôt agité. Déjà d’un point de vue médical. « Je ne suis pas encore à 100 %, confiait-il début septembre. Ma préparation a été perturbée, j’ai été opéré d’un kyste cet été. Mais je me sens prêt. » Une défaillance physique qui va de pair avec celle qui touche Rachid Alioui, son compère d’attaque de la saison dernière tout juste de retour à l’entraînement après une longue blessure aux ischio-jambiers.
Digérer l’immobilisme
Mais au-delà de ça, ses performances n’ont pas laissé insensibles les plus grosses écuries. Lyon était un des premiers prétendants à sortir du bois – lui valant un échange de tweets pleins d’amour avec Jean-Michel Aulas –, avant que d’autres ne lui emboîtent le pas lors du dernier mercato. « Il y a eu des offres, mais je ne suis pas au courant de tout, précise-t-il. Des clubs de L1, d’Espagne et d’Allemagne étaient intéressés. Il y avait aussi d’autres destinations à l’étranger, mais je ne voulais pas partir dans un championnat de second plan, pour l’argent. Alors voilà, je suis resté et ça me convient bien. » Et il n’est pas le seul. « Je suis surpris qu’il soit encore chez nous, mais j’en suis le premier ravi » , déclarait Bernard Blaquart après le nul acquis à Bordeaux. Bozok se dit « épanoui » à Nîmes. Le voir mener les chants de victoires dans les vestiaires nîmois, lui le mélomane et pianiste de talent, n’en est qu’une illustration. Et il y a fort à parier qu’un refrain revienne en boucle très rapidement : « Umut ! Umut ! Il a tiré, il a marqué ! »
Par Mathieu Rollinger
Propos d'Umut Bozok tirés du Républicain Lorrain