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Le retour de King Kenny

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Le retour de King Kenny

Vingt ans après son départ de Liverpool, Kenny Dalglish, l'homme du dernier titre de Liverpool, est de retour à la tête des Reds. Pour redevenir un porte-bonheur ou un simple fantôme d'un passé révolu ?

En France, la lettre pour symboliser le sauveur. Z comme Zorro, Z comme Zinedine Zidane évidemment. A Liverpool, la lettre qui change tout, c’est le K. K comme Kop, comme Kevin Keegan. K comme King Kenny Dalglish. Quand l’heure est grave, c’est lui que le club des bords de la Mersey a toujours convoqué. Quand il a fallu remplacer Keegan parti au zénith de sa gloire à l’été 1977 pour rejoindre Hambourg. Quand il a fallu prendre les commandes de l’équipe en 1985 juste après la tragédie du Heysel. Cette fois encore, alors que les Reds sont dans une sacrée panade sportive, Dalglish est appelé à la rescousse pour prendre la relève du pauvre Roy Hodgson après seulement six mois d’exercice sans futur. Mais à bientôt soixante ans et dix années d’inactivité au plus haut niveau, est-ce bien raisonnable ? N’empêche, pour un club qui, au moins sur la scène domestique, court depuis vingt ans après son prestigieux passé, Dalglish incarne de façon absolue la période où Liverpool n’était rien moins que le plus grand club du monde.

Rouge doré

Venu du Celtic où il avait signé en 1967 quelques jours seulement avant le sacre européen du club, le premier d’un club britannique en C1 (ce type avait déjà le sens du timing et de l’Histoire), Kenny Dalglish avait une pression dingue à Liverpool : faire oublier le meilleur joueur d’Europe d’alors, Kevin Keegan. Et en ayant repris le fameux numéro 7 du futur double Ballon d’Or s’il vous plaît. Mission aussitôt accomplie avec notamment l’unique but de la finale de la Coupe des clubs champions 1978 et un bilan de 31 pions en 62 matches toutes compétitions confondues. Le peuple rouge avait compris : avec ce gars, il ne marcherait jamais seul. Huit années durant, Dalglish guide les siens, piétine le royaume (5 championnats, 4 League Cup) et marche allègrement sur l’Europe (3 Coupe des champions). Et puis 1985, le Heysel. Saloperie de Heysel : 39 morts, suspension des clubs anglais en Europe et une réputation de barbares. Liverpool est au plus bas, l’honnête Joe Fagan (pas de la même veine que Shankly ou Paisley, malgré son triplé en 1984 Championnat-League Cup-C1) se retire sagement et Dalglish devient entraîneur-joueur. Une fois encore, sans traîner, Dalglish remet le club sur de bons rails avec un doublé immaculé Cup-Championnat dès sa première saison. Deux autres titres et une FA Cup viendront compléter son œuvre sur le banc des Reds.

Mais son vrai fait de gloire est encore lié à une heure sombre de la vie du club : le drame d’Hillsborough le 15 avril 1989 quand 95 fans des Reds périssent dans un mouvement de foule. Le manager multiplie les présences aux enterrements et se met en première ligne pour soutenir les familles des victimes. On ne parle plus du joueur ou du manager : c’est l’homme qui devient une légende de la ville. Mais moins de deux ans plus tard, en février 1991, l’Ecossais jette l’éponge. Usé, rincé par ce traumatisme qu’il a pris à bras le corps mais qui lui pète au visage comme une bombe à retardement. Liverpool est alors premier du classement dans la course pour sa propre succession et Dalglish quitte le navire. Personne ne sait que plus jamais les Reds ne gagneront le championnat. Dalglish, lui, glane le titre avec Blackburn en 1995 (le dernier d’un non membre du Big Four à ce jour), avant de le frôler avec Newcastle deux ans plus tard (2e alors que les Magpies étaient largués quand il prend l’équipe en janvier 1997) puis de s’enfiler tranquillou un petit championnat d’Ecosse en 2000 et de raccrocher. Damned ! C’est donc bien lui qui avait la clé…

Un simple totem que l’on exhibe ?

Forcément, alors que Liverpool traverse aujourd’hui sa plus grosse crise sportive et structurelle depuis longtemps, on fait comme souvent dans les grands clubs à la dérive : on se tourne vers son passé au lieu de regarder devant. Une idée rarement payante. Prenez le voisin honni, Manchester United, qui avait rappelé sir Matt Busby, deux ans seulement après le sacre européen de 1968 et une chute vertigineuse depuis, pour neuf petits mois soldés par un échec sans appel. Alors qu’attendre de quelqu’un qui n’a plus entraîné depuis plus de dix ans maintenant et qui ressemble davantage à un totem que l’on exhibe en espérant que les succès viendront d’eux-mêmes comme on ferait une danse pour faire tomber la pluie ? A Nantes, un Coco Suaudeau avait eu la sagesse de ne pas tomber dans le piège de la vox populi qui réclamait son retour des années après son départ en retraite. A Liverpool, Dalglish n’a pas su, pas pu résister, lui qui s’occupait de la formation au club. Pourtant, l’affaire ressemble bien à une mission suicide.

Car comment faire des miracles avec une équipe franchement moyenne et dont les leaders sont clairement à bout de souffle ? Restent trois motifs d’espoir pour les Reds. Le premier serait que l’Ecossais ait dealé une enveloppe pour se renforcer dès cet hiver, ce qui n’est pas impossible puisque John W. Henry a plusieurs fois signifié qu’il y avait des fonds pour cela, lui qui sait ce qu’il en coûte de remettre un ancien géant sur pieds pour avoir ramené le titre aux Red Sox de Boston 86 ans après sa dernière couronne. Le second serait que la figure incarnée par Dalglish à tous les niveaux (supporters, dirigeants, staff et joueurs) redonne un coup de booste et d’enthousiasme à un effectif pas mal déprimé, on pense notamment à Gerrard chez qui le nom de son aîné doit forcément inspirer de grandes choses. Enfin, la meilleure idée serait que, quitte à jouer la carte Dalglish, ce soit un pari sur plusieurs années. Car on l’a dit, l’Ecossais travaille à l’Academy depuis de nombreuses années et il a forcément une vue globale de la situation, des forces qui peuvent venir de la formation, du timing à espérer pour ces jeunes pousses (s’il y en a), des talents à certains postes qui font défaut et qu’il faudra dénicher ailleurs… Bref, une vue d’ensemble, « the big picture » comme disent les Anglais.

Dès dimanche, en FA Cup, Kenny Dalglish va être directement plongé dans le bain, bouillant pour le coup puisque c’est un tout simplement un déplacement à Old Trafford qui l’attend face à MU qu’il a tant martyrisé quand le club mancunien n’était plus sur la carte d’Angleterre où Liverpool prenait toute la place. Pour ressusciter ce glorieux passé ou, plus probablement, pour bien mesurer le temps qui passe ?

La lettre à Olise

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