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Le retour à Boedo, ça en est où ?

Par Léo Ruiz, en Argentine
Le retour à Boedo, ça en est où ?

Ces dernières années, San Lorenzo est à la mode en Argentine : un titre de champion, la première Copa Libertadores de son histoire, le pape François pour faire sa promotion, et le fameux « retour à Boedo » validé par la loi. Sauf que le supermarché Carrefour est toujours en place le long de l'Avenue La Plata et que le maire de Buenos Aires vient soudainement d'annoncer que ce retour avait en fait peu de chances d'aboutir. Qu'en est-il vraiment ?

En période électorale, toutes les déclarations de candidats sont à prendre avec des pincettes. Pourtant, celles de Mauricio Macri, maire de droite de Buenos Aires et prétendant à la Casa Rosada – l’Élysée argentin – ne sont pas passées inaperçu auprès des fans de San Lorenzo, l’un des cinq grands d’Argentine. Dans une interview à la radio La Red il y a une dizaine de jours, l’ancien président de Boca Juniors (arrivé deuxième dimanche dernier aux PASO, sorte de primaire présidentielle, avec 24% des voix) assurait que le dernier vainqueur de la Copa Libertadores avait « moins d’un pour cent de chances de revenir à Boedo » . Depuis des années, le club, appuyé massivement par ses supporters, se bat pour son retour dans son quartier d’origine, sur le terrain qu’occupait son stade, le Viejo Gasometro, entre 1916 et 1979. Le 15 novembre 2012, après des années de travail et une série de manifestations impressionnantes, la loi de restitution historique est votée de manière anticipée à 50 voix contre 0 par la législature de Buenos Aires (essentiellement composée de macristas, donc). Celle-ci oblige l’entreprise Carrefour, installée sur les lieux, à revendre le terrain à San Lorenzo, jugé lesé par la dernière dictature, pour qu’il puisse y construire son nouveau stade. Une belle histoire argentine de passion et d’identité.

« On a déjà fait deux stades, on en fera trois »

Mais un peu moins de trois ans plus tard, rien n’a changé le long de l’Avenue La Plata. Les habitants du quartier continuent d’aller faire leurs courses à Carrefour et de marcher 1,5 kilomètre les jours de match, pour se rendre au Nuevo Gasometro, inauguré en 1993 sur un terrain immense donné – ou plutôt prêté pour 99 ans – au club par la municipalité. Les murs des rues de Boedo, quartier traditionnel de classe moyenne, sont peints aux couleurs du club – ironiquement les mêmes que celles du supermarché français. Face au Carrefour, un message : « On a déjà fait deux stades, on en fera trois. La légende continue. » Depuis le vote de la loi, le club multiplie les campagnes pour que les supporters investissent : ce sont eux qui doivent racheter le terrain au supermarché. L’achat d’un mètre carré (2880 pesos, environ 280 euros) transforme le supporter en « socio refondateur » . Viggo Mortensen en a acheté 168. Le Pocho Lavezzi ? 50. Selon Claudio De Simone, président de la sous-commission du supporter, en charge du retour à Boedo, 24 377 des 35 667m2 ont déjà été achetés par 19 643 personnes, et ainsi 48 des 94 millions de pesos dûs par le club ont été payés à Carrefour. « D’ici un an, il y aura même de l’argent en plus pour commencer les travaux » , a-t-il déclaré avec optimisme le 27 juillet dernier en conférence de presse. En attendant, Matias Lammens, président de San Lorenzo, réclame un prêt de 50 millions de pesos à Banco Ciudad « pour acheter définitivement le terrain de La Plata dès le mois prochain » .

Le stade Papa Francisco

Si San Lorenzo est un club populaire, il est loin d’avoir le nombre de socios d’un Boca, d’un River, voire d’un Independiente. Pour ses supporters, acheter un mètre carré est un investissement. D’où la lente avancée du « retour à Boedo » depuis l’approbation de la loi. L’histoire du club ne parle pas pour lui : dans les années 60, alors que le stade en bois se fait vieux, les dirigeants annoncent la construction d’un stade de 140 000 places sur les terrains offerts par la ville, dans le Bajo Flores. Déjà, les porte-monnaie des supporters sont sollicités. Mais ce stade ne verra jamais le jour. Dans le quartier, certains voisins dubitatifs, opposants au retour à Boedo (largement minoritaires), ont été menacés pour qu’ils se taisent. Les déclarations de Macri, électoralement calculées (il a aussi parlé de « bordel, violence et vols » autour des stades, avant de tweeter qu’il était toujours favorable au projet), sont mal passées. Parce qu’elles alimentent le doute sur la viabilité du projet, pourtant bien avancé, dans un pays où la confiance n’est pas la coutume. Marcelo Tinelli, vedette de la télé-réalité et vice-président de San Lorenzo, a immédiatement réagi. « Tous les supporters qui ont acheté des mètres carrés peuvent être rassurés, le retour à Boedo est une certitude. On a la loi, nous paierons le terrain à Carrefour et construirons le stade sur l’Avenue La Plata. » Et Lammens d’ajouter : « Le retour à Boedo représente beaucoup plus qu’un stade : c’est la recomposition du tissu social, avec un club et une école au cœur du quartier. » En attendant la totalité des fonds (un accord a été trouvé l’année dernière avec Carrefour pour que le supermarché et le stade cohabitent sur le terrain), le futur stade a déjà trouvé son nom : Papa Francisco. Trouver l’argent pour le construire sera une autre histoire.

« D’ici deux ans, le gardien de l’équipe première aura un casque »

Par Léo Ruiz, en Argentine

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