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  • Allemagne – 2. Bundesliga – Ingolstadt/Eintracht Brunswick

Le renouveau Brunswick

Par Régis Delanoë
Le renouveau Brunswick

En cas de victoire ce soir, l'Eintracht Brunswick officialisera sa remontée en Bundesliga, près de 30 ans après l'avoir quittée pour la dernière fois. Un vrai petit évènement pour ce club phare de la RFA des années 60, à l'histoire marquée par quelques beaux exploits, beaucoup de larmes et une touche d'innovation.

En deuxième division allemande, les choses se décantent journée après journée. Après un début de saison poussif, le Hertha Berlin s’est progressivement réveillé et est déjà assuré de retrouver la Bundesliga, un an après l’avoir quittée. Pour son dauphin l’Eintracht Brunswick, qui a longtemps été leader du classement et qui compte actuellement 10 points d’avance sur le 3e Kaiserslautern, la délivrance peut intervenir dès ce soir. Une victoire en déplacement à Ingolstad et c’est la remontée en élite assurée. Mais contrairement au club berlinois qui n’a pas traîné à faire ce retour, pour l’Eintracht ce serait la fin d’un tunnel long de près de 30 ans. Une éternité pour un des meilleurs clubs d’Allemagne des années 60 et 70. Un club attachant qui a bien failli disparaître il y a quelques années, la faute évidemment à des finances mal en point. C’eut été dommage, vraiment dommage, et on peut légitimement se satisfaire de voir ce petit monument du foot allemand revenir à la lumière.

Quart-de-finaliste de C1

Né en 1895, l’Eintracht « Braunschweig » en version originale fait partie des 16 équipes à avoir eu droit de participer à la saison originale de la Bundesliga en 1963, grâce à ses excellents résultats obtenus jusqu’alors. Après trois premiers exercices assez moyens, le quatrième va s’avérer remarquable. Grâce à une défense de fer qui n’encaisse que 27 petits buts dans la saison – un record qui tiendra plusieurs décennies –, la bande entraînée par un certain Helmuth Johanssen conquiert le titre de champion d’Allemagne en 1967. Dans la foulée, elle réalise un joli parcours en Coupe d’Europe des clubs champions, se faisant éliminer en quart de finale par la Juventus après un troisième match d’appui, alors que les deux équipes étaient à égalité sur l’ensemble des deux premières rencontres. La sélection allemande demi-finaliste de la Coupe du monde 1970 compte deux joueurs de l’Eintracht Brunswick dans ses rangs. C’est à l’époque un club qui compte. Mais un premier évènement va venir ébranler ce bel édifice, lorsqu’un an plus tard, un vaste scandale de matchs arrangés va être révélé en RFA. Au total, 15 « Lions » – le surnom des joueurs de Brunswick – sont soupçonnés d’avoir touché de l’argent lors d’une rencontre arrangée contre Oberhausen. Ils sont suspendus et l’équipe, qui s’en retrouve fragilisée, est reléguée une première fois en deuxième division à l’issue de la saison 72-73.

L’Eintracht Jägermeister

C’est lors de cette année 1973 que le club innove, avec un partenariat inédit signé avec la fameuse marque de liqueur Jägermeister. Pour la première fois, une formation allemande va évoluer avec un sponsor sur le maillot. C’est l’époque de ces liquettes parmi les plus mythiques de l’histoire du foot, jaune à col bleu avec la tête de cerf caractéristique de la marque. Une merveille pour collectionneurs. Dès la saison suivante, l’Eintracht remonte en Bundesliga et se trouve proche de conquérir un deuxième titre en 1977, échouant finalement à la troisième place, un point seulement derrière le champion Borussia Mönchengladbach. L’été qui suit, les dirigeants s’enflamment et lâchent un gros chèque au Real de Madrid pour enrôler la star Paul Breitner. Mais seulement une saison et 10 buts plus tard, la plus belle tronche du football des seventies retrouve son Bayern de Munich, chez qui il terminera sa carrière.

C’est le début de la lente agonie des Lions de Brunswick, qui chutent encore en deuxième div’, remontent, puis rechutent, cette fois pour très longtemps. Le club est criblé de dettes et sombre même pendant une bonne partie de la décennie 90 jusqu’en troisième division. Des saisons noires où l’équipe joue à l’Eintracht-Stadion devant moins de 5 000 spectateurs, dans l’anonymat, loin des années fastes. Encore récemment, l’équipe évoluait en 3. Liga, mais le retour au premier plan commençait à se faire sentir, avec des affluences en hausse et un bon groupe en construction, d’où émerge un duo d’attaque redoutable constitué encore aujourd’hui du capitaine Dennis Kruppke et du Congolais Domi Kumbela, actuel meilleur buteur de la 2. Bundesliga. Le jeune entraîneur Torsten Liebernecht réalise des miracles et l’équipe est sur le point d’obtenir une deuxième promotion en 3 ans.

Quand la Stasi tue un joueur

Ce coup d’éclat est aussi l’occasion de conjurer le sort une bonne fois pour toute. Car pendant longtemps, le club de Basse-Saxe a traîné une réputation de club maudit. La faute à trois drames qui ont touché trois joueurs du club en activité, à trois époques différentes. En 1949 d’abord, le portier Gustav Fähland meurt à l’hôpital d’une hémorragie interne, quelques jours après avoir percuté un joueur du Werder de Brème sur le terrain. En décembre 1968 ensuite, le défenseur Jurgen Moll, un des artisans du titre obtenu un an et demi auparavant, se tue en voiture avec sa compagne, alors qu’ils revenaient de vacances. Enfin, un autre accident de voiture ôte la vie du footballeur est-allemand Lutz Eigendorf en 1983, alors qu’il venait d’être transféré à Brunswick. Un accident, conclut-on alors, même si des soupçons de meurtre pèsent déjà à l’époque. Soupçons confirmés des années après quand un ancien agent de la Stasi reconnaît que c’est bien la terrible police secrète de RDA qui avait décidé de supprimer celui qu’elle considérait comme un traître et de maquiller son acte en accident de voiture. Une bien triste affaire, souvenir d’une sacrée drôle d’époque. Le passé de Brunswick est décidément chargé d’histoires. Aux joueurs d’aujourd’hui de continuer à l’écrire. Un nouveau beau et grand chapitre peut s’ouvrir dès ce soir.

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