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Le règne du Petit Prince se fait encore attendre
Il est l'élu. Celui qui doit assurer la transition et contrôler à terme le milieu turinois. Mais depuis la passation de pouvoir, le règne de Marchisio se fait encore attendre.
C’était il y a à peine plus d’un an. Andrea Pirlo se remettait tout juste d’une blessure à la hanche, mais ça n’empêchait pas la Vieille Dame de piétiner tout le monde. Tellement que les médias italiens se demandaient si la présence de l’Architecte sur le terrain était indispensable. Le directeur sportif de la Juventus, Beppe Marotta, s’expliquait avec retenue : « La concurrence stimule tout le monde, et la saison est longue. Il y aura du travail pour tout le monde. Pirlo est un champion, il est très important que ce soit sur le terrain comme en dehors… » Sous entendu : Pirlo ne bénéficiait d’aucun totem d’immunité. Carlos Tévez en rajoutait même une couche, plus frontalement : « Vous avez vu mon but ? Quand on voit ça, Pirlo peut prendre son temps pour revenir. » La raison de cette mise à l’écart soudaine ? Claudio Marchisio. Sans aucun doute.
« Je ne serai pas l’héritier de Pirlo »
Le petit prince avait simplement affiché toute l’étendue de son talent en quelques semaines. Non, la Juve ne dépendait pas que de Pirlo. Moins métronome que son aîné, il s’était imposé en meneur d’hommes, simple et assuré devant sa défense : « Je me trouve très bien à ce poste. Tu peux marquer plus facilement. Ces dernières années, nos adversaires ferment beaucoup plus le jeu et du coup, je viens de plus loin et je peux plus facilement trouver des angles de passes ou des positions de frappe. Je fais autant de kilomètres qu’avant, mais à une intensité toute différente. C’est très intéressant. » Et cet intérim avait même fini par pousser Allegri à lui trouver une place dans son 4–3–1–2.
Après une saison de porc, c’est donc en toute logique que Marchisio se posait comme le seul à pouvoir régner sur le milieu turinois. Même si lui préférait s’en protéger, au moins cet été, au moment de sa prolongation : « Je ne serai pas l’héritier de Pirlo. Parce que je suis tout simplement un joueur différent. La chose que nous partageons, c’est notre poste sur le terrain. » Allant même jusqu’à de vastes louanges pour éviter le sujet : « Mais je voudrais surtout le remercier pour tout ce qu’il a apporté à la Juventus. Il a été un élément très important de notre réussite. Mais je voudrais aussi le remercier personnellement, parce que j’ai pu apprendre de lui, tous les jours, et aujourd’hui encore, ça m’aide. Je n’ai pas les mêmes caractéristiques que lui, mais apprendre d’un champion comme lui a été incroyable. » Alors, après avoir déjoué ce piège tendu en conférence de presse et après avoir passé quelques semaines sur les tables de kiné, il est attendu au tournant.
Le petit prince doit devenir roi
Parce que Vidal et Pirlo ne sont plus là. Parce que Pogba a besoin d’un modèle. Parce que Khedira ne peut pas combler toutes les brèches tout seul. Parce que la Juve a déjà perdu trop de temps. La preuve encore une fois ce week-end face à l’Inter où l’influence de Marchisio était encore trop légère : « Revenir n’était pas facile, mais la performance de ce soir nous rassure. Je dois travailler et je vais travailler pour revenir à un meilleur niveau. Il était important de repartir avec au moins un point. Si on se base sur le contenu du match, c’est un point gagné. Quant au classement, c’est vrai que nous n’avons plus beaucoup de temps pour refaire notre retard. Nous sommes champions d’Italie et nous allons lutter jusqu’au bout avec les autres pour garder notre titre. » S’il ne veut pas encore (ou du moins, pas tout de suite) devenir roi, le petit prince a compris qu’il devrait un jour ou l’autre faire face à sa destinée. Ça commence plus ou moins à prendre forme dans les médias. Alors, à quand le règne sur le terrain ?
Par Ugo Bocchi