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- Ce qu'il faut retenir de la 13e journée
Le Real sirote une 16, Vela salue Moyes
Une fin de semaine espagnole marquée par la mort d'un supporter avant Atlético-Depor. Ce drame mis à part, le Real a tapé un nouveau record dans ses 112 ans d'existence, le Barça l'a emporté à la dernière seconde et Carlos Vela a planté un triplé pour la première de Moyes à Anoeta.
Le (grand) perdant du week-end : le football
Ce devrait être une fête. Cela a été un enterrement. À midi, les quelque 50 000 personnes qui se sont entassées dans le Vicente-Calderón ont été les spectateurs malheureux du pathétique. Pathétique comme la violence de certains pseudos supporters qui a engendré la mort de Jimmy, aficionado de 46 ans du Deportivo La Corogne. Pathétique comme l’inaction de la Fédération espagnole qui a laissé ce duel entre Colchoneros et Blanquiazules se dérouler, l’air de rien. Pathétique comme les non-décisions prises avant cette rencontre par les autorités étatiques. Du pathos, à toutes les sauces, qui rappelle que l’Espagne est habitée d’un mal plus profond que son football. Et les décisions qui semblent se dessiner après les déclarations des acteurs politiques, institutionnels et sportifs – comme la dislocation de tous les mouvements ultras – sont loin de prêter à l’optimisme. La stigmatisation fait son chemin, et personne ne peut s’en réjouir. Heureusement, 50 000 personnes qui aiment ce sport et leur club ont sifflé, hué et insulté le noyau d’abrutis qui gangrènent les travées du Vicente-Calderón pendant 90 minutes.
La (petite) équipe du week-end : Eibar
Après avoir organisé sa grande fête du village avec la réception du Real Madrid le week-end dernier, le modeste club d’Eibar continue son petit bonhomme de chemin de Liga. Sympathique squatteuse du milieu de tableau, l’équipe basque est allée s’imposer 1-0 sur les terres du Celta Vigo, pourtant solide huitième au classement. Une victoire tout en réussite et en souffrance. Ce qui l’a rend « d’autant plus magnifique » aux yeux de son entraîneur, Gaizka Garitano. Dans les faits, Eibar n’a cadré qu’une frappe, n’a eu que 28 % de possession, son gardien a effectué plus d’une dizaine de parades. Bref, un hold-up en bonne et due forme, réussi grâce à la banderille de Manu à la demi-heure de jeu, qui doit beaucoup au courage des « paysans » de Liga, sur le bon chemin du maintien. Coucou Guingamp, vos frangins espagnols vous saluent.
La stat du week-end : 16
« De l’impossible surgit la légende » : Florentino Pérez n’est pas du genre à donner dans l’humilité. Une marque de fabrique présidentielle qui, il faut bien l’admettre, sied bien à la forme de ses Galactiques 2.0. En s’imposant sur la pelouse de la Rosaleda (1-2), le Real Madrid a enchaîné un seizième succès consécutif (10 en Liga, 5 en Ligue des champions, 1 en Coupe du Roi). Une première pour les 112 ans d’histoire de la Maison Blanche. Forcément, avec un tel rythme de croisière, la bande à Ancelotti – qui efface Muñoz et Mourinho des livres d’histoire – effraie tout le monde. Pour autant, Málaga est loin d’avoir été ridicule. Enraillant la machine merengue, et son serial-buteur Cristiano Ronaldo, les Boquerones ont tenu la dragée haute à Florentino et sa légende. Muet pour la première fois de la saison en Liga, le toujours Ballon d’or a tout de même offert deux caviars à Benzema et Bale. Et a trouvé sur sa route un Kameni des grands soirs, auteur de la parade de l’année en Liga.
Le joueur du week-end : Vela
Pour sa seconde sous la guérite d’Anoeta – oui, il s’y est déjà assis lors de la dernière édition de Ligue des champions avec Man U – David Moyes ne pouvait rêver mieux : un succès 3-0 et déjà quelques certitudes dans le jeu. Une joie intérieure qui doit beaucoup à Carlos Vela. En remerciant « le talent spécial » de son attaquant après-match, l’Écossais a visé juste. Auteur d’un triplé, le Mexicain offre un grand bol d’air à toute l’aficion txuri-urdin et a éclaboussé la rencontre de son talent. Une première banderille de la tête (3′), un face-à-face remporté sur la seconde (30′) et une finition parfaite (53′) qui permettent aux Basques de remonter à la 14e place du classement. Cerise sur le pudding, la Real n’a pas encaissé de but pour la première fois de la saison. Olé.
L’analyse définitive du week-end : avec Bravo, le Barça peut voyager
Nouveau riche de Liga, le Valence de Nuno était soumis à un test grandeur nature pour tester ses nouvelles ambitions. Et franchement, Mestalla n’a pas été déçu. Face à Barcelone, les Chés ont envoyé du jeu. De l’intensité, de la 1re à la dernière seconde, et des intentions qui ont trouvé face à eux un très grand Claudio Bravo. Le portier chilien, face à Feghouli en un contre un et Negredo d’une manchette, a tout sorti. Et lorsqu’il était battu, Piqué l’a sauvé sur sa ligne. Après un début de saison parfait, l’ex de la Real Sociedad commence à faire son nid et ne fait plus débat. Mieux, à la dernière seconde, Busquets, positionné au milieu de terrain aux côtés de Mascherano, trouve la faille et offre une victoire inespérée au Mes que. Mine de rien, en deux semaines, les Blaugrana se sont tapé les deux challengers annoncés en Liga. Et ne pointent qu’à deux petits points du leadermerengue. Oui, avec ce Bravo, le Barça peut voyager.
Vous avez raté Séville-Grenade (et vous n’auriez pas dû)
La seule manita du week-end est andalouse. Au Sánchez-Pizjuán, après en avoir pris autant la semaine passée au Camp Nou, le FC Séville a passé ses nerfs sur Grenade. Un succès 5-1, qui aurait pu être plus large sans les nombreuses occasions gâchées en début de rencontre par les hommes d’Unai Emery. Des ratés qui ont même permis aux voisins de Grenade de revenir à égalité à la mi-temps par le biais d’El Arabi. Au retour des vestiaires, les copains de Gameiro, dernier buteur de la soirée, en ont collé quatre. Bacca, après son ouverture du score, Banega, M’Bia puis l’ancien Lorientais ont offert une démonstration de force à leurs supporters. Et chipent par la même la quatrième place à Valence, qu’ils avaient dû concéder le week-end dernier après avoir encaissé une manita face à Barcelone.
Le but du week-end : Sergio Garcia (Espanyol)
Sergio Garcia, ou l’archétype du joueur sous-coté de Liga. Formé chez le grand voisin de la Masia, le capitaine des Perruches a offert trois points en forme de bol d’oxygène à ses supporters. Après l’ouverture du score de Levante et l’égalisation de Caicedo, il s’est chargé de mettre aux commandes les siens. Un contrôle orienté tout en élégance pour se retourner face au jeu, puis une minasse qui termine dans le petit filet de Diego Marino et voilà l’Espanyol qui regoûte à la victoire après un trou d’air de cinq matchs de championnat sans victoire.
Le rayon de soleil de ce week-end : le Rayo, encore
2000 euros. À l’échelle du football professionnel, c’est peu. À l’échelle d’un quartier comme celui de Vallecas, c’est beaucoup. Ce lundi, le club de la banlieue madrilène a annoncé avoir amassé 2000 euros sur un compte en banque qu’il a ouvert il y a cinq jours suite à la volonté de Paco Jémez et de ses joueurs de payer le loyer de Carmen, 85 ans et expulsée de son domicile. Sur ce compte destiné à aider toutes les personnes qui sont dans le besoin à Vallecas, toutes les bonnes âmes peuvent faire le virement de leur choix. Après un week-end noir comme celui que vient de vivre le football espagnol, un grand merci au Rayo et ses supporters.
Par Robin Delorme