- Coupe du monde des clubs 2014
- Ce qu'il faut retenir
Le Real Madrid, l’eau et les autres
Le rideau est tombé. Avant de probablement retourner en Asie (le Japon est le seul candidat à l'organisation pour les deux prochaines années), l'édition 2014 a footballistiquement déçu, connu quelques couacs, mais a permis au Maroc d'oublier l'espace de 10 jours la déception de la CAN 2015.
Le Real Madrid vainqueur, une formalité
Difficile de ne pas voir des similitudes entre la balade du Bayern Munich en décembre 2013 et celle des Merengues cette année : une demi-finale expédiée sans forcer, une finale gérée avec sérieux et dénuée de suspense, et l’affaire est entendue. À la différence des Bavarois, la bande à Cristiano a pu mesurer sa cote de popularité dans un pays qui ne jure que par le foot espagnol et qui a soutenu le Real sans discontinuer.
Auckland mystifie le foot maghrébin
Le derby algéro-marocain qui devait décider du potentiel challenger des Argentins de San Lorenzo en demi-finale n’a pas eu lieu. La faute à la valeureuse équipe de semi-pros d’Auckland City qui a déjoué les pronostics en éliminant tour à tour Tétouan et Sétif. L’analyse des 2 rencontres fait ressortir des failles communes au champion du Maroc en titre et au vainqueur de la dernière Ligue des champions africaine : absence de prise de risques, incapacité des milieux de terrain à combiner entre eux et se défaire du pressing des Néo-Zélandais, et un excès d’individualisme des éléments censés apporter de la créativité (Naïm pour Tétouan, Djahnit pour Sétif). Pour imiter le Raja Casablanca en 2013 et le Tout Puissant Mazembe en 2010 – seuls clubs africains à avoir atteint la finale de cette compétition – il aurait fallu montrer plus d’envie et moins calculer.
Le fiasco du stade Moulay Abdallah
Les pluies qui se sont abattues sur Rabat, le samedi 13 décembre, ont non seulement noyé le quart de finale Cruz Azul-Western Sydney – les Mexicains s’en sont sortis miraculeusement dans des conditions dignes d’un match de water-polo -, mais aussi rendu la pelouse du Grand Stade Moulay-Abdallah inutilisable pour la demi-finale du Real Madrid le mardi suivant. Le 14 décembre, la FIFA annonce la délocalisation du match au Stade de Marrakech. Les images surréalistes des techniciens du stade, sous la pluie entre les 2 quarts de finale, tentant désespérément d’essorer la pelouse avec des serpillères et des seaux de peinture, font le tour du monde.
Outrée, l’opinion publique exige des explications et veut savoir pourquoi un stade dont la rénovation a coûté plus de 20 millions d’euros a pu être coulé à la première pluie. Le ministre de la Jeunesse et des Sports, Mohamed Ouzzine, estime avoir été trompé sur l’état du stade, limoge à tout va dans son département – le responsable du stade, le directeur des Sports – puis se fait lui-même suspendre par le roi Mohammed VI, qui l’interdit d’assister à la finale. L’enquête est en cours, d’autres têtes vont tomber, mais après la CAN 2015 qui leur a filé entre les doigts, les Marocains n’avaient pas vraiment besoin de ça.
L’affluence n’était pas au rendez-vous
L’élimination précoce des équipes algérienne et marocaine, le prix des billets et les remboursements – 11 000 personnes ont renoncé à Real Madrid-Cruz Azul à cause de la délocalisation – sont autant de facteurs qui ont tiré les chiffres du remplissage des stades vers le bas. Moins de 20 000 personnes ont assisté aux deux quarts de finale à Rabat – 1000 personnes à peine ont résisté au déluge pour assister au Swimming Pool Game entre les Mexicains et les Australiens – et 15 000 personnes seulement pour Auckland City-San Lorenzo. La ferveur et l’engouement étaient présents, mais un cran en dessous de l’édition 2013, car le parcours du Raja Casablanca et la présence de Ronaldinho avec Mineiro avaient beaucoup aidé à attirer les foules.
Par ailleurs…
– « Mascarade » , « honte absolue » , « Le Maroc résumé à des musiques kitsch de mariage » . Les médias et les réseaux sociaux s’étaient acharnés sur la catastrophique cérémonie d’ouverture de la Coupe du monde des clubs 2013. La leçon a été retenue, et le cru de cette année – jeux de lumière, fresques peintes, l’hymne du Maroc chanté par tout un stade, et le hit de la compétition interprété par Ahmed Chawki, qui avait déjà sévi lors du Mondial 2014 au Brésil – a privilégié la sobriété. – Belle démonstration de tact et de respect des quelque 7000 supporters de San Lorenzo la veille de la finale. Rassemblés sur la grande place Jemaa El Fna vendredi après-midi, ils ont accroché drapeaux et bannières partout et ont chanté plusieurs heures durant. Avec une petite pause : pendant l’appel à la prière des mosquées alentour, les fanatiques d’El Ciclón ont interrompu leur tumulte et attendu la fin de l’appel pour reprendre les chants. Chapeau. – Un tifo de 2400 mètres carrés pour la demi-finale, un tifo de 3000 mètres sur tout le virage Nord du stade de Marrakech pour la finale : la Pena Casa Madridista a réhabilité les voiles géantes pour l’entrée des joueurs dans un pays qui ne jure que par les tifos chorégraphiques, Raja et Wydad Casablanca en tête.
Par Farouk Abdou, au Maroc