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Real, Bleus, Stockholm, PSG, Ballon d'or : ce qu’il faut retenir de l’interview de Mbappé chez Clique
Kylian Mbappé avait des choses à dire, et il n’a éludé aucun sujet dans le long entretien diffusé ce dimanche dans l’émission Clique. On vous en résume les principaux enseignements.
Son adaptation au Real Madrid, et sa santé mentale
Kylian Mbappé a réalisé son rêve en ralliant Madrid cet été. Mais la réalité n’est pas aussi douce que le joueur l’aurait espéré, malgré 10 buts en 20 matchs. « La culture d’un pays, ça s’apprend, c’est ce que je suis en train de faire, explique-t-il. Le jour de ma présentation, j’avais beaucoup insisté sur l’adaptation dans l’équipe et le club. Quand tu dis ça, les gens disent que c’est de la fausse modestie. […] Les gens nous voient comme des robots, mais quand tu vas un peu plus loin, tu vois qu’on est des êtres humains comme tout le monde. » Avec des coups de moins bien, forcément. « J’ai eu des combats durs à mener, des déceptions sportives. J’ai eu des moments où j’étais fatigué, assume-t-il, mais on n’est pas dans la dépression. »
Visiblement pas aussi perturbé qu’on pourrait le penser, le numéro 9 merengue donne rendez-vous au printemps : « Ce n’est pas le meilleur des débuts de saison, que ce soit collectif ou individuel, mais on est en lice pour tous les trophées (l’entretien a été réalisé avant l’élimination en Coupe du Roi, NDLR). On se prépare pour les moments qui vont compter. On a déjà gagné la Supercoupe d’Europe. On va jouer une finale dans une ou deux semaines pour gagner un deuxième trophée en trois mois (la Coupe intercontinentale, le 18 décembre, NDLR). Ce n’est pas à la hauteur de ce qu’on attendait, mais finalement, c’est en deuxième partie de saison qu’on t’attend. C’est là que tu seras réellement jugé. […] T’es au panthéon du football. Va être le meilleur avec les meilleurs, c’est ma devise. »
Moi, citoyen
Là où la plupart de ses collègues restent silencieux, Mbappé a parfois osé se positionner sur des sujets comme les violences policières ou les dernières élections législatives, dans un contexte marqué par la progression de l’extrême droite. Malgré les critiques qui en sont nées, il ne compte pas s’arrêter. « Tu représentes beaucoup de choses pour les gens, tu défends des valeurs. Il y a des difficultés qu’il faut parfois affronter, mais il ne faut jamais se renier. Peu importe ce qui se passe, je ne vais jamais me renier, promet-il. J’ai toujours voulu m’exprimer en tant que citoyen. Des fois, quand tu es connu, tu es un peu pris au piège. Quand tu ne t’exprimes pas, c’est mal. Quand tu t’exprimes, c’est mal. On est des citoyens comme tout le monde. Tu as un point de vue, des valeurs que tu défends et tu fonces avec ça. »
« Ma France à moi, c’est une France remplie de mixité, où on ne met pas de barrières, où on laisse les jeunes rêver, dans le vivre-ensemble, continue-t-il. À Bondy, on était tous différents. J’ai grandi en me disant que nos différences nous unissent. Je réponds quand je vois des choses qui me touchent. Je ne peux pas faire celui qui ne voit pas. Parfois, peut-être que la manière a dérangé, personne n’est parfait. Mais on ne pourra pas me reprocher de ne pas me soucier de mon pays, de ce qui se passe chez nous. »
Sa relation avec les Bleus et Didier Deschamps
« Mon amour de l’équipe de France n’a pas bougé », insiste le capitaine, alors que son image a été ternie par les derniers rassemblements. « En club, je n’ai jamais pardonné un dixième de ce qu’on m’a fait en équipe de France, balance-t-il. On a menti à mon sujet à bien des reprises. Dans l’intérêt de la nation, je l’ai fermé, j’ai fait le dos rond. […] On m’a mis la responsabilité de pas mal d’échecs sur le dos. J’ai même donné mon nez, tu veux que je te donne quoi ? Je n’ai jamais abandonné l’équipe de France. »
Il a aussi confirmé des désaccords avec Didier Deschamps depuis l’Euro. « En septembre, j’ai eu une discussion avec le sélectionneur. Je lui ai demandé de ne pas venir. Je venais d’arriver à Madrid, je n’étais pas à 100% mentalement. Venir quand tu n’es pas à 100%, c’est un peu s’approprier l’équipe de France. Je lui ai dit : “Je ne suis pas à fond, on a eu des vacances super courtes.” Il a insisté pour que je vienne, ça ne s’est pas très bien passé, mais c’est l’équipe de France, tu y vas. En octobre, j’étais blessé. Je n’étais pas au cœur des discussions, ça parlait entre staffs. […] Novembre, je ne peux pas dire (pourquoi je n’étais pas là). Je voulais y aller. C’est une décision du coach, je me range derrière ce qu’il a dit. Il ne veut pas que ça se sache, je respecte totalement sa décision. » Le sélectionneur se réjouit très probablement d’avoir trois mois devant lui avant de se faire cuisiner en conférence de presse.
Mbappé s’est aussi exprimé au sujet du capitanat, assurant qu’il n’aurait pas bronché si Deschamps avait choisi Antoine Griezmann, qui était « parfaitement légitime ». Pas de caprice pour pouvoir porter le brassard, donc. Le capitaine des Bleus a d’ailleurs glissé quelques mots lourds de sens sur la responsabilité accrue allant avec le rôle depuis qu’il l’a endossé. « Je n’ai pas le même brassard que Hugo (Lloris), estime-t-il. Moi, on me demande beaucoup de choses. Hugo était un très bon capitaine, un très bon gars, mais j’ai l’impression qu’on me demande un autre métier. » À bon entendeur.
Sa virée à Stockholm et la plainte pour viol
Son escapade suédoise avait fait du bruit au mois d’octobre. Encore plus quand la presse locale a révélé qu’une plainte pour viol avait été déposée. Mbappé a toutefois répondu avec beaucoup d’assurance, et sans aucune gêne. « J’ai été surpris, confie-t-il. Ce sont des choses qui débarquent dans ta vie comme ça, sans les voir venir. Je n’ai rien reçu, pas de convocation, rien. Je ne suis pas concerné. C’est juste de l’incompréhension, ça ne m’a pas pesé dans la mesure où je ne me sens pas concerné. […] Il faut laisser couler, laisser la justice faire son travail. »
Le Ballon d’or
Kylian Mbappé aura 26 ans le 20 décembre. Mais toujours pas de Ballon d’or à son tableau de chasse. Le Français, qui n’a jamais caché ses ambitions, s’est pourtant classé sept fois dans le top 10, avec une troisième place en 2023 comme meilleur résultat. « La finale de la Coupe du monde, c’est Messi qui l’a gagnée. Si je l’avais gagnée, j’aurais eu le Ballon d’or, répond-il. Je sais ce qu’il faut faire pour le gagner. Plein de choses, sur le terrain et en dehors. Une fois que je ferai tout ce qu’il faut pour le gagner, je le gagnerai. » Mettre la main sur la Ligue des champions sera un bon début.
Son départ du PSG
Kylian Mbappé n’a pas vraiment quitté le Paris Saint-Germain comme il l’aurait voulu. Les comptes ne sont d’ailleurs pas soldés. L’attaquant admet « des conflits avec des gens, des conflits naturels parce que je défendais mes droits d’homme, de joueur ». Il aurait d’ailleurs pu céder et prolonger, pour son frère Ethan. « Son Real Madrid à lui, c’était le PSG. C’était son rêve de gosse. Indirectement, c’est moi qui lui ai enlevé ça. Je m’excusais tout le temps auprès de lui. Je lui ai dit : “Si vraiment ça te pèse, je prolonge encore et on reste ici.” Il m’a dit : “Non, jamais de la vie, pas après ce qu’ils nous ont fait.” J’aurais abandonné mon rêve et je serais resté pour lui. Ethan, tu ne touches pas. » Dans ce contexte délicat, le meilleur buteur de l’histoire du club de la capitale reconnaît qu’il aurait « pu être plus expressif » à l’égard des supporters.
« Eux ne savent pas tout ce qui se passe, parfois ils le prennent pour eux. Ils se disent : “Kylian, il s’en fout, il n’en a rien à foutre.” Je suis sûr que des gens se disent que je n’ai jamais aimé le PSG », déplore-t-il en soulignant son attachement au maillot rouge et bleu. L’émir Tamim ben Hamad Al Thani aurait d’ailleurs eu des mots très chaleureux à son propos, tels que : « Tu veux réaliser ton rêve, aller au Real Madrid, merci pour tout ce que tu as fait pour nous. En plus tu as prolongé pour la Coupe du monde qui était chez nous au Qatar, pour ça on ne te remerciera jamais assez. » Et Nasser al-Khelaïfi dans tout ça ? « Il ne m’a jamais laissé partir, je suis parti tout seul, répond le joueur dans un large sourire. Mais je leur souhaite le meilleur. J’espère qu’un jour, ils gagneront la Ligue des champions. Les supporters, les gens qui souffrent au quotidien là-bas, ils méritent un peu de bonheur. Mais pas maintenant, parce que moi je dois la gagner ! »
Par Quentin Ballue