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Le Real Madrid élimine Manchester City au bout de la folie
Au bord du précipice à l'entrée des arrêts de jeu, le Real Madrid a de nouveau réussi l'impossible mercredi soir et a retourné Manchester City (3-1) pour se qualifier pour la finale de la Ligue des champions grâce notamment à un doublé de Rodrygo et à un penalty de Karim Benzema. Pep Guardiola pourra s'en vouloir de ne jamais avoir vu ses hommes complètement se lâcher dans un Bernabéu transformé en barbecue géant.
Real Madrid 3-1 Manchester City
Buts : Rodrygo (90e, 90e+2) et Benzema (95e) pour le Real // Mahrez (73e) pour City.
Ces dernières années, en Ligue des champions, Pep Guardiola a vu Sergio Agüero rater un penalty décisif face à Hugo Lloris en 2019 et Ederson cumuler les erreurs contre l’OL en 2020. Mardi dernier, c’est Aymeric Laporte qui offrait un penalty à Karim Benzema. Mercredi soir, c’est cette fois Ruben Dias qui a fait tomber l’attaquant français dans sa surface et l’a envoyé inscrire le troisième but d’un Real qui était de nouveau en train de repousser les frontières de l’irrationnel. Encore une fois, Manchester City a été puni dans un moment clé européen par des erreurs individuelles, mais aussi pour avoir été trop timide, dans une lutte permanente pour donner un sens à ses phases de possession, et pour ne pas avoir su tuer une bête dont la cage n’attendait qu’à exploser. Oui : au bord du précipice, le Real a de nouveau écrit l’histoire.
L’extincteur Walker
« Je ne suis pas quelqu’un qui aime prendre des risques, mais il y a des moments dans une saison où il faut en prendre. Celui-ci en fait partie. » Invité à expliquer ses choix du soir au micro de BT avant de voir le rideau du Bernabéu se lever, Pep Guardiola a d’abord soufflé : malgré quelques hésitations, le général en col roulé de Manchester City a pu profiter de son arme anti-transitions (Walker) et de son architecte reculé le plus redoutable (Cancelo). Conséquence directe : à la 37e minute d’une demi-finale retour de C1 attendue impatiemment depuis une semaine, Vinícius Júnior a démarré le moteur, mais a vu Kyle Walker lui arracher les clés une première fois à l’épaule, puis une seconde fois au sol trois minutes plus tard. Un détail dans la nuit, mais un détail qui a rassuré sur le moment Guardiola, intenable dans sa zone technique. La raison ? Son City, vainqueur à la folie de la première manche de Manchester (4-3), a peiné à dérouler durablement son plan de jeu et a semblé chercher le contrôle plus que le feu mercredi soir, ce qui a installé la rencontre dans un drôle de rythme. Les Mancuniens ont eu beau coucher Courtois à deux reprises, le Real, tout proche de voir Casemiro prendre la porte sur plusieurs contacts, a eu plus d’idées qu’à l’aller, a réussi à se sortir plutôt facilement du pressing citizen, mais s’est aussi montré moins réaliste qu’en Angleterre. La preuve : Benzema, Vinícius Júnior, Kroos se sont retrouvés avec le doigt sur la pierre du briquet au cours du premier acte, mais personne n’a su allumer la mèche menant au cadre d’Ederson. À la pause, statu quo : City, pourtant timide, avait un pied au Stade de France.
0 – Real Madrid have failed to register a shot on target in a first half of a Ligue des champions home game only on two occasions since at least 2003/04, coming in their last two games at the Santiago Bernabéu (vs Chelsea and vs Man City). Calm. pic.twitter.com/loxVryU1Er
— OptaJose (@OptaJose) May 4, 2022
Le Real reste le Real
Au retour des vestiaires, dix secondes ont suffi pour voir Vinícius, trouvé idéalement par Carvajal, foirer une nouvelle occasion mortelle. Le Real d’Ancelotti n’a évidemment pas oublié les deuxièmes périodes livrées face au PSG et à Chelsea, le Bernabéu non plus, et le technicien italien sait que ses hommes n’inverseront le cours des choses qu’en défonçant la porte dans le chaos. Alors, malgré une nouvelle alerte sur le but de Courtois signée Jesus, les Madrilènes ont fait grimper le curseur intensité et forcé City, souvent pétrifié avec le ballon, à plusieurs fautes techniques dans son camp. Le Real s’est offert les opportunités, mais a aussi d’abord eu les jambes qui ont tremblé dans le dernier tiers adverse. Premier hic pour City : à l’heure de jeu, Guardiola a vu Kyle Walker tomber et souffrir pour remonter sur un ring que l’international anglais a finalement quitté quelques minutes plus tard. Carlo Ancelotti, lui, a décidé de ranger Kroos à vingt minutes de la fin et d’envoyer la mobylette Rodrygo dans la bataille. Puis, badaboum : sur son premier ballon, İlkay Gündoğan, entré à la place d’un De Bruyne à la peine, a sorti une passe cachée magistrale en direction de Bernardo Silva, éliminant au passage tout le milieu madrilène d’un coup d’un seul, et Riyad Mahrez n’a cette fois pas manqué la cible (0-1, 73e).
Dans ce qu’on a pensé être les dernières foulées, Camavinga et Asensio se sont alors pointés, mais ont dans un premier temps vu Manchester City, Bernardo Silva et Rodri en tête, jouer avec le sablier, Cancelo pousser Courtois à la parade, Ferland Mendy sortir un retour héroïque devant Grealish et le même Grealish se cogner à son tour la tête contre un potentiel 0-2. Game over ? Évidemment non, car le Real, devenu spécialiste pour fracasser l’horloge, reste le Real, et en deux minutes, Rodrygo s’est offert un doublé dingue (1-1, 90e ; 2-1, 90e+2) pour faire trembler le Bernabéu et est même passé tout près d’un triplé furieux. Mais où est-on encore tombé ?
Les bras de l’enfer
Signe du changement d’air : dès le début de la prolongation, dans une ambiance frappadingue, Karim Benzema a cadré sa première frappe du soir, puis, au bout d’une énième sortie de balle réussie, le Français a obtenu un penalty dans les pieds de Ruben Dias qu’il a évidemment transformé (3-2, 95e), cette fois sans tenter la panenka. Alors qu’ils se voyaient déjà au paradis, les Mancuniens ont été propulsés, eux aussi, dans les bras de l’enfer en une poignée de minutes devant un public aux joues humides. Comme les choses ne sont pas aussi limpides, Fernandinho a suivi une tête de Foden repoussée par un Courtois élastique et n’est pas passé loin d’une réduction du score précieuse avant la mi-temps de la prolongation. Mais cette édition a choisi son miraculé, et ce Real semble porté par un destin difficile à palper : les 210 minutes jouées entre mardi dernier et mercredi soir l’ont définitivement prouvé, et Carlo Ancelotti vivra la cinquième finale de C1 de sa vie, le 28 mai prochain, à Saint-Denis.
Real Madrid (4-2-3-1) : Courtois – Carvajal, Militão (Vallejo, 115e), Nacho, Mendy – Casemiro (Camavinga, 76e), Kroos (Rodrygo, 68e) – Vinicius (Lucas, 115e), Modrić (Asensio, 76e), Valverde – Benzema (Ceballos, 104e). Entraîneur : Carlo Ancelotti.
Manchester City (4-3-3) : Ederson – Walker (Zinchenko, 63e), R. Dias, Laporte, Cancelo – De Bruyne (Gündoğan, 73e), Rodri (Sterling, 99e), B. Silva – Mahrez (Fernandinho, 85e), Jesus, Foden. Entraîneur : Pep Guardiola.
Résultats et classement de la Ligue des championsPar Maxime Brigand