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Le Real et sa terre du milieu
Carlo Ancelotti a la banane. Avec ses renforts Kroos et James, le coach italien dispose de l'un des meilleurs milieux de terrain au monde. Si ce n'est du meilleur. Son équilibre n'a jamais été si proche. Carlo dit « grazie ».
Tout de blanc vêtu, un grand blond à la peau pâle est entré dans son nouveau paradis. Ce 17 juillet, un Bernabéu bien rempli a accueilli sa nouvelle rock star. Toni Kroos, tout frais champion du monde avec sa Mannschaft, était alors le plus heureux des hommes. Ancelotti, le plus heureux des entraîneurs. Avec le cerebro – cerveau en VF – et les pieds du natif de Greifswald, le coach italien voit son vœu réalisé, son plan presque exaucé. Fini les cauchemars et les maux de tête. Ce fameux équilibre, mot redondant lors de ses interventions médiatiques, n’est plus réduit qu’à un schéma tactique. Son milieu à trois peut enfin gérer les temps faibles et irradier la BBC de caviars et autres gâteries. Car le Teuton n’est pas seul. Loin de là. Xabi Alonso, Modrić, James Rodríguez, Isco, Illarramendi, Di María (qui a demandé à être vendu), Khedira (?)… L’effectif du Mister regorge de pourvoyeurs de génie et de travailleurs infatigables. « La position des trois milieux de terrain peut changer parce que je peux mettre des joueurs avec différentes caractéristiques » , se gaussait-il hier en conférence de presse. Normal, il n’existe pas mieux au monde.
Deutsche qualität
Petit retour en arrière. Le 24 mai dernier, Carlo se cherche des poux. À quelques heures de la finale de la Ligue des champions, il doit toujours composer sans son métronome Xabi Alonso. Illarramendi est encore frêle, Sami Khedira tout juste remis sur pied. Un casse-tête d’où l’Allemand sortira titulaire. En enrôlant Toni Kroos dès le début de l’été, Florentino Pérez a livré sa dose d’Efferalgan à l’Italien. Plus besoin de se tracasser, le champion du monde est l’homme idoine. « Nous avons la chance d’avoir un joueur qui peut jouer à différents postes sur le terrain. Il peut sans problème jouer aux trois » , affirmait encore hier l’ex du PSG. En deux rencontres officielles, Kroos a déjà alterné entre le poste de sentinelle et celui de relayeur. Avec une aisance déconcertante. La presse madrilène, les socios madridistas et ses comparses sont sous le charme. « Avec le transfert de Kroos, le club a acheté le meilleur milieu au monde. Il va amener toute sa qualité. C’est difficile de mettre en valeur un aspect précis, il sait tout faire. Vision de jeu, jeu court, jeu long, équilibre… Il a tout » , juge Alfonso Pérez, ancien milieu de terrain merengue.
Mieux, Kroos n’est pas arrivé seul. James Rodríguez, contre un rondelet chèque de 80 millions d’euros, a lui aussi posé ses valises à Madrid. Plus offensif, plus créateur, il a également besoin de plus de liberté. Une adaptation moins naturelle, selon son coach, qui ne l’a pas privé d’ouvrir son compteur but lors du match aller de cette Supercoupe d’Espagne. « Il ne manque rien, pour l’ancien de la Maison Blanche. Tous les profils sont présents. Xabi Alonso apporte son jeu long et sa science du jeu. Modrić adore les petits espaces et a cette touche de l’extérieur… C’est magnifique. James est également dans un autre registre. Et il reste toujours la relève espagnole Isco-Illarramendi, sans oublier Di María et Khedira. » Les deux derniers finalistes du Mondial, en instance de départ, peuvent poser problème. L’Argentin a clairement demandé à s’en aller, l’Allemand ne souhaite, lui, pas prolonger à un an de la fin de son contrat. Des situations qui peuvent dégrader une ambiance dans le vestiaire. Avec le psy des stars Carlo Ancelotti, le Real peut espérer des remous sans trop de secousse.
L’équilibre ou le dada d’Ancelotti
« Je ne vois aucun milieu de terrain au monde aussi fourni. Tous ces joueurs ont quelque chose de spécial. Il n’y a pas un joueur moyen. D’autres équipes en Europe ont un tas de bons milieux, mais une aussi grande densité, je n’en vois pas » , se questionne Alfonso Pérez. Le Bayern et le Barça sont, peut-être, les deux seuls à pouvoir boxer dans cette cour. Sans Kroos, et avec un Javi Martínez out pour les six prochains mois, le bateau bavarois a perdu en équilibre. Même topo en Catalogne où un Xavi vieillissant n’a toujours pas trouvé sa relève. « Chaque milieu de ce Real apporte quelque chose de nouveau, de déséquilibrant pour l’adversaire, et qui équilibre l’équipe. C’est ce dont parle Ancelotti depuis son arrivée : l’équilibre » , synthétise ce même Alfonso. La pré-saison merengue et la Supercoupe d’Europe laissent supposer une intégration rapide des nouveaux. Le schéma à « trois milieux de terrain ne changent pas. Ce qui change, c’est l’interprétation de la position selon le joueur qui l’occupe » , théorisait Ancelotti. Un Ancelotti toujours sur son nuage blanc.
Robin Delorme, à Madrid