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Le Real découvre les tracas blaugrana
À l’instar du FC Barcelone en son temps, la FIFA cherche désormais des poux au Real Madrid. À son tour interdite de recrutement, l’institution merengue se retrouve également dans le viseur de l’Union européenne et de la mairie madrilène.
Malgré une Supercoupe d’Europe et deux succès en Liga dans la besace, Zinédine Zidane arbore la tête des mauvais jours. Quelques heures avant de recevoir Osasuna, l’entraîneur français « ne comprend pas » la sanction infligée par la FIFA au Real Madrid. Et pour cause : « Le club essaye de faire de son mieux avec les jeunes. Moi, je peux parler du cas de deux de mes fils. Ils sont nés ici et y ont vécu toute leur vie. C’est absurde qu’ils ne puissent pas jouer en Espagne. Je ne le comprends pas et cela me gêne. La sanction est injuste. » Interdite de recrutement pour les deux prochaines périodes de mercato, la Maison-Blanche découvre par là même une partie des tracas qui rythment la vie blaugrana depuis déjà quelques saisons. Car en plus de cette punition, cohérente à la vue du passif barcelonais, incompréhensible à en croire certaines raisons avancées, le Real doit également régler une ardoise de près de vingt millions d’euros à la mairie de Madrid pour une supposée aide illégale de l’État. Une actualité extra-sportive riche, donc, qui tranche avec le début d’exercice canon et record des disciples de Zidane.
José Angel Sánchez : « On nous sanctionne pour inscrire les fils de Zidane »
Lorsque la FIFA notifie au Real Madrid, mais aussi à l’Atlético, son interdiction de recrutement, la gueule de bois est au rendez-vous du côté de la Castellana. Mais pas la surprise. Plus d’un an auparavant, en avril 2015, Marca et As, les deux quotidiens sportifs pro-madridistas, annoncent déjà la couleur : les deux fanions madrilènes ne respectent pas le règlement de la FIFA et s’exposent à une sanction égale à celle du FC Barcelone. D’abord retardée, la faute au licenciement polémique de Sepp Blatter, elle intervient donc en cette rentrée et presse le service juridique madridista à trouver une solution ou, tout au moins, une réduction de peine. Entre-temps, toutes les strates du club, de l’entraîneur Zinédine Zidane au directeur général José Angel Sánchez, rentrent dans une campagne de communication à l’encontre du principal organisme du football. Le schéma de défense est bien établi : « La FIFA nous sanctionne pour inscrire deux des fils de Zidane. » Enzo et Luca, en l’occurrence, figurent effectivement dans la liste des huit joueurs alors mineurs ayant entraîné ledit châtiment, ubuesque à en croire la ligne de défense merengue.
C’est que dans le règlement de la FIFA, qui fait fi de la loi espagnole, il est interdit de transférer un joueur avant ses dix-huit ans à trois exceptions près : si le joueur, entre seize et dix-huit ans, provient de l’Union européenne et que le club se charge de sa scolarité ; si le joueur vit à 50 kilomètres de la frontière de son pays d’origine ; si les parents du joueur déménagent à l’étranger pour des raisons extérieures au football. Trois cas singuliers qui ne s’appliquent pas aux deux aînés de la fratrie Zidane, leur paternel ayant débarqué à Madrid en 2001 pour des raisons bien footballistiques. Une hérésie selon le Real Madrid, qui a déjà porté son appel devant le TAS et levé provisoirement l’interdiction pour ces huit joueurs d’évoluer avec les équipes de la cantera madridista. « La sanction ne se centre pas que sur le cas des fils de Zidane, éclaire une source du club au Pais. La dureté de la sanction s’explique plus par les autres cas de joueurs mineurs. » Mais que Florentino Pérez ne s’inquiète pas trop, puisqu’une autre affaire, cette fois liée à la mairie de Madrid et à l’Union Européenne, devrait rapidement lui permettre d’ouvrir son chéquier.
De 1998 à aujourd’hui, une ardoise à vingt millions
Retour en 1998. Pas au mieux financièrement, le Real Madrid reçoit une parcelle de terrain de Las Platas de la part de la mairie. En contrepartie, le club alors dirigé par Lorenzo Sanz octroie 30 000 mètres carrés du terrain anciennement occupé par sa Ciudad Deportiva pour un montant de 488 000 euros. Problème, jamais les équipes municipales n’arrivent à transférer le titre de propriété des terrains de Las Tablas, prévus pour la construction d’un centre commercial. Si bien qu’en 2011, le maire Alberto Ruiz Gallardon, issu du Parti populaire, décide de verser 22,7 millions d’euros au Real en guise de dédommagement. Un montant qui, selon la commissaire européenne à la concurrence, Margrethe Vestager, est largement sur-évalué et ressemble fort à des aides illégales, à une subvention publique déguisée. Aujourd’hui passée à gauche, la mairie menée par Manuela Carmena espère bien récupérer son dû – estimé à vingt millions d’euros – et faire valoir le droit européen. À défaut de s’offrir un nouveau Galactico au prochain mercato, le Real Madrid s’empêtre dans des maux à l’accoutumée barcelonais et n’a désormais plus que deux mois pour rendre ces liquidités à la ville qu’il représente.
Par Robin Delorme