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Le Real champion, Madrid s’enivre
C’est officiel depuis mercredi, le Real Madrid peut rajouter une trente-deuxième couronne nationale à sa riche collection de trophées. Mais, pour toute la Casa Blanca, celui-ci révèle quelque chose de bien plus spécial. Tout comme pour ses aficionados comblés comme jamais par ce titre de campeon.
Madrid en avait presque perdu l’habitude. Après trois années d’une outrageuse domination catalane, la capitale espagnole règne de nouveau sur le football ibérique. Depuis sa victoire du 21 avril au Camp Nou, le trente-deuxième sacre du club de Sa Majesté était devenu un secret de Polichinelle au pays de Cervantes. Ne manquait plus que l’officialisation de cette nouvelle couronne pour que les socios et aficionados merengues puissent aller festoyer. C’est chose faite depuis ce mercredi soir, aux alentours de minuit. Enfin, à 22h16 plus précisément, soit au moment de l’ouverture de Gonzalo Higuain : mathématiquement, le Real Madrid ne peut plus être rattrapé par l’ennemi blaugrana. Dès lors, Madrid et tous ses petits Madrileños s’enivrent, les cañas coulent à flot. Et ce n’est pas la pluie qui va y changer quelque chose. Compte-rendu de deux journées d’ivresse au pays de la fiesta, du Futbol et de la camiseta blanca.
« Nous sommes plus forts »
Petit flashback de quelques heures. Il est 20 heures, les Ciento Montaditos et autres bars font le plein. Le Barça joue en première partie et les bières sont à un euro : pour des préliminaires, on a connu pire. Avec un peu de chance, leur Real sera champion avant même de fouler la pelouse hostile de San Mames – c’est un doux euphémisme. Dommage, Messi en colle trois : il faudra encore attendre deux heures. Du côté de la Latina – le quartier des débuts de soirée – la populace s’en réjouirait presque. « Tout de même, c’est plus sympa d’être champion en gagnant que de l’être parce que l’autre perd » , résume Jorge, écharpe du Special One autour du cou. Difficile de lui donner tort.
Ça tombe bien, ce Real version 2011-2012 veut faire les choses comme un grand. Histoire de montrer sa mue orchestrée depuis l’arrivée de Mourinho à sa tête. « Ce titre, nous allons le gagner parce que nous sommes les plus forts, pas parce que le Barça l’est moins » , clame-t-on dans les bars. Alors lorsque « Pipita » Higuain ouvre le score, c’est une grande partie de Madrid qui se soulève d’un seul homme – l’Atletico compte lui aussi son lot de supporters. D’ailleurs, personne ne veut le voir partir cet été. Étonnant… S’ensuivent les deuxième et troisième buts madrilènes. Les bières tombent, les chants montent. Les « Asi, asi, asi gana el Madrid » se répètent à tue-tête dans les rues. Apparemment, tout le monde doit prendre la direction de la place de Cibeles. Ça klaxonne, un peu, et ça continue de boire, toujours. « Ce soir, on va faire calme, mais jeudi, il faut revenir vers 19 heures » , précise ce même Jorge à l’haleine de plus en plus imbibée de cerveza.
Et la pluie s’est arrêtée…
Pour beaucoup, le réveil de ce jeudi matin se fait dans une douleur qu’ils n’avaient plus connue depuis trois ans. Bref, une gueule de bois qui fait du bien. Avant de se rendre à Cibeles, un petit tour par la case presse s’impose. Pour AS et Marca, c’est bien grâce à Mourinho que l’hégémonie barcelonaise a pris fin. Leur Une lui est donc entièrement consacrée – ce qui ne devrait pas calmer son ego. Fierté oblige, le Mundo Deportivo s’épanche, lui, sur la tornade Messi. Pas de quoi atténuer les ardeurs madrilènes. Ils sont d’ailleurs plusieurs milliers à se réunir autour de la fontaine de Cibeles – 500 000 selon les derniers chiffres de l’UMP. Mais cette fois, interdiction de ramener de l’alcool sur place : la Guardia Civil s’occupe de la fouille.
Il est 19 heures et les joueurs ne sont toujours pas là. Pis, la pluie fait son apparition. Eh non, il ne fait pas toujours beau de l’autre côté des Pyrénées! Apparemment, et fort heureusement, il en faut beaucoup plus pour calmer tout ce peuple de la Maison blanche. Vers 19h30, le bus estampillé 32 fait son apparition. Les écharpes s’élèvent et miracle, la pluie cesse de s’abattre. « C’est le miracle Mourinho » , tente d’expliquer un grand-père à son petit-fils. « De mes yeux de socios qui ont bientôt 80 ans, c’est l’un des plus beaux titres du Real. Parce que ce Barça-là était vraiment très fort » , résume-t-il. Et pendant ce temps, les « Campeones, campeones » s’invitent un peu partout dans Madrid. Pour une nouvelle nuit d’ivresse.
Par Robin Delorme, à Madrid