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Le RC Strasbourg en pleine crise de confiance
Alors qu'il se débat en cinquième division depuis l'été dernier, le RC Strasbourg doit désormais faire face à la fronde des Ultra Boys, déçus du comportement de leurs dirigeants...
Le Racing Club de Strasbourg est-il en voie accélérée de disparition ? Le 19 août dernier, Patrick Spielmann, le président de l’Association Racing Club de Strasbourg annonçait la descente du club en CFA2. D’abord relégué du National en CFA pour des « raisons financières » par la DNCG, Strasbourg avait préféré directement descendre en cinquième division pour « créer une dynamique positive sans risquer une nouvelle relégation dans un an » (une liquidation judiciaire entraînant forcément une nouvelle descente, NDLR). La décision avait fait débat à l’époque, mais le fait de voir le président Jafar Hilali quitter le navire suffisait au bonheur de nombreux fans. A peine un an plus tard, le Racing est de nouveau dans la merde. Très bien placé pour une promotion en CFA, le club continue d’alimenter la rubrique faits divers. Le principal responsable ? Frédéric Sitterle. C’est du moins ce qu’affirment les Ultra Boys 90, le principal groupe de supporters du club alsacien. Du statut d’homme providentiel à la fin de la saison dernière, Sitterle est aujourd’hui considéré, au mieux, comme un sacré menteur.
« En début de saison, tout le monde y croit »
« L’été dernier, le club a été sauvé en partie par Frédéric Sitterle après le dépôt de bilan causé par la gestion apocalyptique de Jafar Hilali. Dès le départ, Sitterle bénéficie d’une bonne image et a un discours vraiment intéressant, reconnait Olivier, un des responsables des Ultras. Il a une vision du foot et du club qui font espérer des jours meilleurs. En début de saison, son équipe dirigeante et lui font preuve d’un réel enthousiasme et on les voit même aux guichets pour participer à la campagne d’abonnements. La phase de reconstruction est en marche et tout le monde y croit, nous les premiers » . Malgré la CFA2, les supporters strasbourgeois s’éclatent. « Le football dit amateur te rapproche d’un certain idéal. Il n’est pas pourri par l’argent et par la répression à tout-va. Cette année, on a encore 160 membres. Même le noyau du groupe est resté le même. Ce sont les derniers acharnés, toujours là à domicile comme en déplacement, poursuit Olivier. Les clubs contre lesquels on joue nous appellent pour savoir combien nous serons et sont souvent ravis de nous accueillir. Faut dire que certains d’entre nous le leur rendent bien à la buvette ! Mais au début de l’hiver, quelques détails bizarres nous font nous poser des questions » .
« La soi-disant réduction du déficit n’est pas prouvée »
Un des premiers problèmes concerne l’entourage de Frédéric Sitterle. Pour l’organisation des rencontres à la Meinau et la communication du Racing Club de Strasbourg, il s’appuie sur deux hommes : Mathieu Rabby et Jean-Baptiste Duteurtre. Annoncés comme des bénévoles aux yeux des UB90, les supporters apprennent finalement qu’ils se font rembourser leurs frais. « Ce qui paraît normal, estime Olivier. Mais ça ne s’arrête pas là » . Sitterle finit par avouer que les deux sont rémunérés à hauteur de 1500€ par mois depuis octobre 2011. Et nouveau coup de théâtre, la presse locale révèle que Mathieu Rabby a perçu une moyenne de plus de 4000€/mois, remboursement de frais compris… De plus, Sitterle ne serait pas réellement à la tête du club. Notre Ultra s’explique : « L’association du Racing Club de Strasbourg s’occupe des jeunes, de la formation et de l’équipe réserve tandis que la SASP doit gérer l’équipe première et détient la propriété de la marque. Problème, Sitterle est actuellement à la tête d’une coquille vide car une convention de gestion doit être signée entre les deux parties » . Ce qui n’est pas encore le cas. Sans oublier le déficit du RCS que Frédéric Sitterle s’était engagé à éponger… Selon ses propres dires, le « nouvel homme fort » du club aurait déjà réduit le déficit de 2,3 millions à 800 000 €. Seul hic pour les fans strasbourgeois, la « soi-disant réduction du déficit de 1,5 million d’euros » n’est pas prouvée…
La goutte d’eau qui a fait déborder le vase a été une entrevue entre Sitterle et les UB90 avant le match Strasbourg – Forbach du 9 avril. « Il (Sitterle) nous joue à merveille un psychodrame dont il se veut la victime. Il se dit sur la sellette, poussé dehors par la Mairie de Strasbourg qui aurait déjà échafaudé un plan B. Pire encore à nos yeux, il nous sort un dossier, selon ses dires, monté par les responsables de l’association qui travaillent sur un changement du nom du club (RCS Alsace) avec des maquettes de logos pour le futur club (du fait que Frédéric Sitterle détient l’usage de la marque Racing Club de Strasbourg, NDLR) » , raconte le responsable des Ultras. Le sang des supporters ne fait qu’un tour et ces derniers organisent immédiatement une réunion avec tous les protagonistes de l’histoire pour mettre ce problème à plat. Et surprise, ils réalisent que le dossier que Sitterle leur a présenté dans l’après-midi date du mois de…septembre ! Olivier précise : « Il (le dossier) était destiné à un éventuel changement de nom et de logo si l’engagement financier de la région Alsace devait accroitre. Evidemment, Monsieur Sitterle a pris soin de passer sous silence ce détail l’après-midi même ! »
« D’ici quelques semaines, les caisses seront vides »
Les Ultras le rencontrent à nouveau la semaine suivante à l’occasion du match Strasbourg – Auxerre III afin de le « mettre devant ses contradictions et souligner ses mensonges » . Une entrevue tendue. Même « s’il n’est pas seul responsable de cette situation, ses tentatives de manipulation » ont cassé la confiance que lui accordaient les supporters. « Au final, il s’avère que Frédéric Sitterle n’a pas honoré ses engagements pour financer le club, prétextant attendre la signature de la convention de gestion qui lie l’association et la SASP. L’association a donc vécu jusque là grâce aux subventions de la ville de Strasbourg et d’ici quelques semaines, les caisses seront vides. Sitterle a depuis annoncé son désir de se retirer. Espérons que ce flou artistique soit vite dissipé et que la saison prochaine ne pâtira pas de toutes ces tergiversations » , souhaite les Ultra Boys. En attendant, ces derniers jouent à fond leur rôle de douzième homme. Et cela a encore été le cas le week-end dernier à l’occasion de la réception de Vesoul. « C’est pour ce genre de soirées qu’on aime ce put… de club ! Voir plus de 10 000 personnes à la Meinau, un quart de virage bondé, une ambiance que certains clubs de D1 nous envieraient (sans vouloir paraître prétentieux) et une victoire 2-0, on en redemande. C’est à t’en faire oublier que tu joues en 5ème division ! » .
Par Antoine Aubry