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Le RB Leipzig, un futur Leicester allemand ?
Le week-end dernier, le club de Leipzig et des boissons énergisantes a validé son ticket pour la Bundesliga. Le 55e club de l'histoire de l'élite du football allemand est-il la future sensation du championnat ?
« Impossible. » Quand Bild demande à Ciriaco Sforza ou à Otto Rehhagel si un nouveau miracle façon Kaiserslautern (seul club de l’histoire à avoir pris le Meisterschale en étant promu) peut avoir lieu en Bundesliga, la réponse ne manque pas d’être claire et unanime. Otto Rehhagel, admiratif, « trouve ça formidable [ce titre de Leicester], en particulier aujourd’hui, alors qu’il n’y a plus d’égalité des chances » . Toutefois, pour Armin Veh – qui avait obtenu un titre assez inattendu avec Stuttgart en 2007 –, il y a un club qui peut trouver grâce à ses yeux pour accomplir un tel miracle : le RB Leipzig. Tout nouveau, tout frais en Bundesliga, le club de la firme autrichienne alimente les espoirs et les fantasmes d’un championnat allemand en manque de sensations pures.
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En sept ans d’existence, le club de Leipzig créé ex nihilo a passé toutes les étapes sans trop d’encombres, avec en particulier trois montées sur les quatre dernières saisons. Seul le dernier palier a mérité des efforts supplémentaires. L’apprentissage de la 2. Bundesliga et de ses matchs pièges a toutefois été rapide. En deux saisons, Leipzig a montré qu’il était capable d’apprendre et de passer enfin à l’étape supérieur. Pour cela, Red Bull a mis la main au portefeuille sans hésiter (environ seize millions d’euros dépensés en 2015). Parmi les recrutements les plus clinquants de l’été dernier, le plus notable est celui de Davie Selke, qui a coûté huit millions d’euros. L’attaquant espoir commençait à s’imposer en Bundesliga avec le Werder, il a préféré s’installer à l’étage inférieur et revenir avec un taureau sur le maillot. Preuve de la force de persuasion autour du projet Red Bull. Avec Selke, mais aussi une panoplie de jeunes joueurs talentueux comme Yussuf Poulsen ou les transfuges de la filiale de Salzbourg, Bruno et Sabitzer, le RB Leipzig a passé pratiquement toute sa saison dans le trio de tête. Sans surprise. Si le titre ne leur revient pas, la faute à des gros matchs mal gérés – défaites contre Fribourg, Nuremberg et Sankt-Pauli en particulier –, la montée n’a jamais fait aucun doute. Maintenant, l’ambition est annoncée à demi-mots et dans les clauses du contrat du nouvel entraîneur, Hasenhüttl. L’objectif minimum est la Ligue des champions dans les trois ans. Voire le titre ?
Plutôt Hoffenheim ou Leicester ?
Il y a un modèle pour cela, que Red Bull compte bien améliorer. En 2008, le TSG Hoffenheim accède à l’élite et apparaît comme une originalité dans le football allemand composé de vieux clubs, appelés Traditionsverein. Hoffenheim est la créature de Dietmar Hopp. Pendant quelques semaines, le club du petit village de Sinsheim provoque la folie et termine champion d’automne. La fin du championnat est moins bonne. L’équipe termine finalement 7e et stagne depuis dans le ventre mou de la Buli, parfois à la limite de la descente. Mais à l’image d’Hoffenheim, Leipzig profite d’investissements conséquents et donne l’espoir à certains d’un « compte de fées » financier qui pourrait offrir le premier titre de Bundesliga de l’histoire à un club basé à l’Est. Comme à Hoffenheim, Leipzig a une stratégie bien définie : tout sur les jeunes joueurs. Trente-cinq millions ont été investis pour le centre de formation – et désormais, la plupart des jeunes talents à l’Est se tournent vers le RB. C’est pour cela que Jamie Vardy avait été refusé, trop vieux.
Et c’est là que se trouve le secret espoir du RB, son véritable modèle aujourd’hui : la Premier League. Les dirigeants et son directeur sportif, Ralph Rangnick, espèrent bien pouvoir copier Leicester et ravir le titre dès que possible. Pour cela, l’idée est d’investir vite et bien, pour rattraper le retard : niveau budget – au total inconnu –, on est probablement encore loin du Rekordmeister, et même du Borussia Dortmund. Pour autant, une dizaine de recrues est annoncée pour l’été prochain. L’idée est simple : renforcer la colonne vertébrale sans se démembrer complètement de ceux qui connaissent le club. Le président du club, Oliver Mintzlaff, confirme à Bild que tout ne sera pas changé : « Nous avons une équipe qui s’identifie au club et à notre parcours. » Autrement dit, certains présents dès la 4e division vont poursuivre au Red-Bull Stadium. Le capitaine, Dominik Kaiser, et le gardien de but, Coltorti, en particulier. Le son de cloche est le même dans la bouche du portier et des dirigeants : « Notre parcours est encore loin d’être terminé. L’année prochaine, on va le poursuivre. » Et comme le chantaient les supporters ce week-end, ils arrivent en Bundesliga pour « baisser la culotte de cuir aux Bavarois » . Attention tout de même au retour de fessée.
Par Côme Tessier