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Le Rayo, mieux qu’un Barça du « pauvre »

Par Robin Delorme, à Madrid
4 minutes
Le Rayo, mieux qu&rsquo;un Barça du «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>pauvre<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

Une possession outrancière, un jeu toujours au sol, un nombre de touches minimal, un entraîneur gourou... Le Rayo Vallecano a tout des préceptes blaugrana, sauf le portefeuille. Avant un duel déséquilibré, présentation d'un toque à la sauce populaire.

Lorsque Jorge Valdano, éminence grise du football latin, parle, les badauds écoutent. Oreilles grandes ouvertes, ils s’abreuvent de la parole sage de ce grand penseur du ballon rond espagnol. « Nous ne parlons pas de Guardiola. Nous parlons de Paco Jémez. Comment il garantit le maintien tout en proposant un football plein de convictions, d’audace, qui n’attend pas que l’adversaire fasse une erreur… C’est son équipe qui tente de provoquer l’erreur de l’adversaire, cela s’appelle chercher la chance. Et c’est si important pour vivre comme pour jouer au football. » En élevant le football pratiqué par le Rayo Vallecano au rang d’une certaine noblesse réservée au tiki-taka du Barça, Jorge Valdano tape dans le mille. Bien plus limitée financièrement que le fanion blaugrana, la bande à Paco Jémez mérite d’autant plus d’égards. Dans son quartier de Vallecas, elle bosse, toujours dans l’ombre, rarement sous les flashs. Qu’importe, puisqu’au Rayo, seule la manière est belle. La victoire, elle, peut attendre.

Trashorras : « Les mêmes principes que le Barça »

C’est bien là l’une des rares différences entre le Rayo et le Barça. Hormis les zéros en moins sur le compte bancaire, le seul club de quartier de Liga partage de nombreuses similarités sur le pré avec le mastodonte catalan. D’une, car son entraîneur, Paco Jémez, est un proche de Guardiola. « Guardiola et moi, nous avons presque le même âge. Il a 44 ans et moi 45. Nous avons été coéquipiers en sélection, nous avons été camarades lors du diplôme d’entraîneur. Nous avons une mentalité quasi identique, raconte-t-il, accoudé au bureau de son modeste office du centre d’entraînement. Ce n’est pas tant qu’il m’a influencé, ou que je l’ai influencé : nous avons partagé le même vestiaire et de nombreuses discussions. » Pour autant, « avant que Pep ne devienne entraîneur, j’avais déjà cette volonté de faire jouer mes équipes de cette manière » . Cette dite manière, c’est une certaine vision du football total. Pour certains jugée suicidaire, sa méthode lui rapporte plus que des louanges : depuis sa prise en main, le Rayo n’est jamais descendu. Mieux, en mai 2013, il était à un rien de tutoyer la petite Europe.

« Comme le Barça, nous partons du principe que si nous avons le ballon, l’adversaire ne l’a pas et a moins de chance d’être dangereux » , explique grossièrement Roberto Trashorras. Ainsi, en octobre 2013, le club rayista avait réussi l’exploit de confisquer la chique aux hommes de Tata Martino. Le capitaine du Rayo, formé dans la Masia barcelonaise, est d’ailleurs l’homme de base du système de Jémez. Celui qui dicte le tempo et houspille ses camarades, celui qui régule le milieu et qui rassure ses jeunes coéquipiers. Des coéquipiers qui, selon l’exigence de leur entraîneur, « doivent être techniquement doués » : « On relance toujours à terre, par des passes courtes. N’importe quelle erreur sur une passe, un contrôle peut mettre en péril l’équipe. Si j’ai des joueurs techniques, les chances qu’ils fassent des erreurs seront plus faibles. Sans prise de risque, il n’y a pas de plaisir » . Un discours qui rappelle celui de son intime, Pep Guardiola, à la différence près que ses ouailles restent moins fiables que Xavi ou Iniesta. Le goût du risque, donc.

Kakuta : « L’idée d’être accessible pour le porteur de balle »

Acteur, le Rayo ne l’est pas qu’offensivement. « Il insiste beaucoup sur le pressing. Nous, les joueurs offensifs, on a l’obligation d’exercer un pressing haut et intense dès la perte du ballon, confirme un Gaël Kakuta débarqué cet été dans le barrio du Sud de la capitale. Dès qu’on arrive à le récupérer, il insiste beaucoup sur la conservation. On ne doit jamais être à l’arrêt, toujours en mouvement pour apporter des solutions. Avec lui, on peut changer de côté, permuter. Mais toujours avec l’idée d’être accessible pour le porteur de balle. » En dehors des prés, malgré un budget microscopique en comparaison de celui des Catalans, le Rayo n’a pas de quoi rougir. C’est même un ancien de la maison azulgrana qui le dit. « Nous parlons d’un des plus grands clubs du monde, et du Rayo, sans doute la plus petite équipe de Liga, remet en perspective Roberto Trashorras. Le Barça a un pouvoir économique et un pouvoir social énorme. Dans l’illusion, l’espoir et l’envie, je pense que le Rayo est à la hauteur de tous les autres clubs. Économiquement, c’est évident que l’on ne peut pas concourir dans la même cour. Mais on compense avec d’autres choses. Et cela arrive que le petit gagne contre le grand. » Parfois.

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Par Robin Delorme, à Madrid

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