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Le Racing Club de la lose ?

Par Yannick Lefrère
6 minutes
Le Racing Club de la lose ?

Plus de larmes sur le terrain que dans les tribunes. Inconsolables Christian Lopez, Karim Hafez, Desan Cvetinović ou encore le gamin du cru, Benjamin Bourigeaud, vendredi soir sur la pelouse de Bollaert. Scénario catastrophe pour les hommes de Casanova : durant la soirée, ils ont été directement en Ligue 1 pendant plus de trente minutes, barragistes au coup de sifflet final avant que l’ultime but amiénois, à 22h20, ne vienne briser définitivement leurs rêves d’accession.

Dans les travées, les mines sont blafardes. Prostrés, les 37 700 fans des Sang et Or mettent du temps à quitter le stade. Ne sachant que faire et que dire face à ces joueurs écroulés sur le terrain, la tête entre les mains. Peu de sifflets, quelques applaudissements. Pour Bostock, blessé, mais sans doute venu faire ses adieux au public. Pour Lopez, meilleur buteur du club depuis Roger Boli avec seize buts. Ou encore Autret, le chouchou de Bollaert. Pas de colère finalement. De l’abattement surtout. C’est en effet dans le calme, et dignement, que les spectateurs ont quitté le stade dans la douce nuit artésienne. Résignés ?

« On est vraiment des losers, c’est incroyable »

« Je suis surtout déçu pour les joueurs, car ce sont des bons mecs, mais je m’étais tellement préparé à ce scénario » , résume ainsi Antoine, un supporter. Avis partagé par bien des fans Sang et Or vendredi soir. « On est tellement poissards, peste Arnaud, dépité, en commandant sa bière au comptoir de la Loco, devant la gare. J’ai l’impression de ne vivre que des soirées cauchemardesques comme celles-là depuis tout petit. » « On est vraiment des losers, c’est incroyable » , entend-on dans de nombreuses conversations. L’accablement est total. Le supporter lensois est dépité, découragé, écœuré, désespéré, lassé. Fa-ti-gué ! Et ça le rend apathique plutôt qu’irascible. Il faut dire qu’il en a bavé depuis une décennie. Et bien au-delà même. La preuve par six exemples de soirées cauchemardesques dans l’histoire d’un Racing qui rencontre les pires difficultés du monde lorsqu’il s’agit de conclure. Au plus grand dam de ses fans.

Lyon-Lens, mai 2002 Un titre de champion qui se joue entre deux adversaires sur un seul et dernier match. Unique en France. Forcément, il fallait que ça tombe sur Lens. Les Sang et Or sont leaders depuis l’automne, viennent de cartonner Guingamp 4-1 à la maison, et n’ont besoin que d’un nul pour être sacrés. De quoi être confiants. Un second titre de champion leur tend les bras, depuis celui de la bande à Leclercq en 1998. Reste à franchir la dernière marche. Patatras ! L’OL l’emporte 3-1 et, spécialité lensoise, un ancien gamin du club, Pierre Laigle, marque contre ses anciennes couleurs. Les 2000 fans lensois, médusés et bloqués dans leur tribune, essuient une pluie de projectiles de supporters lyonnais qui ont envahi la pelouse. Bon retour en Artois.

Troyes-Lens, mai 2007 En jeu, une place qualificative pour le tour préliminaire de la C1. Lors de l’ultime journée de championnat, le Racing, 3e, se déplace chez un relégué, Troyes. À la 8e minute, Lens perd 1-0, à la 35e joue à dix, et à l’heure de jeu se fait chambrer : « Et un, et deux, et trois zéro » . Les 4 500 supporters présents dans l’Aube manifestent leur colère en tribunes à coups de projectiles lancés sur la pelouse. Le match est interrompu quelques minutes avant d’aller à son terme. Exit la Ligue des champions, Lens, 5e, aura son ticket pour « la coupe à Toto » . Gillot, furieux et pas soutenu par les dirigeants malgré une saison plus que correcte, partira. La saison suivante, Guy Roux, JPP et Leclercq lui succéderont. Et Lens descendra…

Lens-PSG, mars 2008 La « finale de la peur » (de la Coupe de la Ligue) entre deux clubs très mal en point au classement de la L1, 17e et 18e. Malheur au vaincu pour la suite du championnat. Lens a l’occasion de garnir un peu plus sa vitrine qui ne contient que deux trophées, champion de France et Coupe de la Ligue, tous deux obtenus sous l’ère du druide en 1998-1999. Les dieux du stade seront-ils donc avec les Lensois ? Déroulement de la soirée cauchemardesque pour les Sang et Or venus par milliers au Stade de France : leur atout offensif majeur, Loïc Rémy, sort sur blessure à la 10e, ouverture du score de Pauleta à la 19e, égalisation de Carrière à la 52e, un poteau sauve le PSG et Landreau sur une frappe de Monterrubio à la 67e, des fans parisiens leur claquent en pleine figure la banderole « Pédophiles, chômeurs, consanguins : bienvenue chez les Ch’tis » , et Mendy transforme devant le virage Sang et Or prostré un penalty litigieux obtenu par Luyindula à la suite d’un accrochage avec Hilton à la… 93e minute. Le traumatisme est lourd. Et Lens, qui avait pourtant deux points d’avance sur Paris en championnat, sera dépassé par le PSG et relégué en L2. « Les supporters ne méritaient pas ça » , déclare Monnet-Paquet après la rencontre. Un refrain maintes fois entendu par les Lensois depuis vendredi soir.

Lens-Brest, mai 2014 Dernier match de la saison à Bollaert, et une victoire lensoise sera synonyme de retour parmi l’élite du football. La ville est en effervescence, le stade est plein comme un œuf, la fête prête à exploser. Même les anciennes gloires du club, dont Sikora, Moreira, Adjovi-Bocco, sont présentes dans le kop. Avec un coach comme Antoine Kombouaré, ça va le faire, se disent les fans du RCL, rarement aussi confiants. À l’heure de jeu, Bollaert retient son souffle : Touzghar s’élance et… rate son penalty. À la 80e, Brest fait le hold-up. 0-1, score final. Au lieu de fête, la pelouse sera envahie et quelques débordements à déplorer. Martel, fou de rage, lancera le paper-board du vestiaire quand Kombouaré balance une bouteille pleine en direction de deux de ses joueurs. Ambiance. Le Racing obtiendra néanmoins son ticket pour la L1 la semaine suivante au CA Bastia. Contents les fans lensois ? Pas vraiment, car ni leurs voisins lillois et valenciennois ne daigneront leur prêter leur stade alors que Bollaert est en travaux pour l’Euro. Il leur faudra donc se taper 200 bornes jusqu’à Amiens à chaque match pour redécouvrir la L1. C’est le moment que choisit aussi l’actionnaire azéri Mammadov pour commencer à faire des siennes. Lens perd ses meilleurs joueurs et fait l’ascenseur.

Lens-Arsenal, avril 2000 Le RC Lens en finale d’une Coupe d’Europe ? Vraiment ? Possible ? Oui, pour cela, il faut renverser la vapeur après une courte défaite 1-0 à l’aller dans l’antre de Highbury. Le peuple Sang et Or y croit. Gervais Martel a souvent confié que son club aurait pu doubler la capacité de son stade pour accueillir toutes les demandes de billets de ses supporters pour ce match. Le 20 avril 2000, Bollaert reçoit donc les Gunners de Wenger, Henry, Petit, Vieira ou encore Bergkamp, Kanu et Overmars. Le Mbappé de l’époque douche le public de Bollaert juste avant la pause, avant que Nouma lui redonne espoir à la 73e. Mais à la 87e, le géant Kanu privera définitivement les Sang et Or de finale tandis que 25 000 de ses supporters s’apprêtaient à se rendre à Copenhague.

Lens-Paris, mai 1998 Des centaines de trains doubles, d’autocars et de voitures particulières. Le peuple lensois se déplace à 35 000 pour la première finale au Stade de France. Jamais le RC Lens n’a encore remporté la Coupe de France. Deux défaites jusqu’ici, en 1948 et en 1975. En face, c’est le PSG de Raí. Mais Lens, alors leader du championnat de France devant Metz à une journée du terme, est une redoutable machine à gagner. Le doublé, les supporters y croient plus que jamais. Mais, impressionnés par cette folle ambiance devant 77 700 spectateurs, les Sang et Or déjouent. Raí puis Simone les assomment. Šmicer leur redonnera un peu d’espoir à la 83e. Trop tard. Les longues cohortes de fans du Racing regagnent le Pas-de-Calais dans une ambiance morose. Avec la crainte de perdre aussi le championnat une semaine plus tard à Auxerre. Mais cette fois, et c’est tellement rare, les dieux du stade seront avec eux.
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Par Yannick Lefrère

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