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Le PSG et Toulouse : deux stades, deux ambiances
En moins de 24 heures et à quelques kilomètres de distance, l'Île-de-France a vécu deux rencontres que tout opposait ce week-end. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que le contraste était violent.
Ce dimanche soir, pendant que le Parc des Princes roupillait devant une nouvelle prestation indigente de ses protégés, ils étaient déjà repartis faire la fête dans leur ville, à grand renfort de fumigènes violets et de chants occitans. Eux, ce sont les supporters du Toulouse Football Club, qui ont embrasé le Stade de France samedi soir dans le sillage d’une équipe venue pour martyriser le FC Nantes sur la pelouse. Dans ses rues puis en tribunes, Saint-Denis a ainsi vécu une soirée folle, entre ferveur des deux camps, sourires sur des milliers de visages, chants, tifos impressionnants et feux d’artifice sur le terrain. Bref, tout l’inverse de la mauvaise parodie proposée 24 heures plus tard dans le XVIe arrondissement parisien, sur le pré comme dans les gradins.
Contraste, définition
78 038 personnes venues assister au match le plus important de leur saison, si ce n’est de leur vie, cela fait forcément du bruit. Ce samedi soir, le Stade de France en a été le témoin privilégié, quand autant de gorges se sont déployées pour hurler à pleins poumons dès l’échauffement et pousser derrière les leurs. Si le scénario a vite permis aux Toulousains – battus en nombre dans les travées – de prendre l’avantage, la furia jaune a également marqué les esprits (et fait souffrir quelques tympans). Débarqués dans l’un des 48 bus affrétés par le club, en train, en avion ou au sein des innombrables covoiturages, les Violets ont déferlé sur la capitale, avant de s’en retourner illuminer le Capitole, sans demander leur reste. Il valait mieux.
Le message des supporters de Lorient pour apporter du soutien aux supporters du PSG ! 🔴🔵 pic.twitter.com/bBIkUE4WF3
— Media Parisien (@MediaParisien) May 1, 2023
Le lendemain, les joueurs parisiens, sans doute vexés d’avoir loupé la fête pour la deuxième saison consécutive, de n’avoir gagné qu’une seule fois sur leurs trois dernières représentations à domicile ou ne serait-ce que parce qu’il ne leur reste plus que ça cette saison, allaient forcément envoyer du bois. Raté. Dans le sillage d’un tifo pour le mieux approximatif déployé par la tribune Paris, le Parc des Princes a vécu un après-midi difficilement imaginable, privé du son d’Auteuil, fermée. Si les Rouge et Bleu présents sur le pré n’en avaient visiblement pas grand-chose à faire, que dire des quelque 40 000 badauds ayant garni les tribunes ? Qu’ils ont respecté à la lettre les consignes du club, restant sagement assis sans piper mot. Maîtres sonores des lieux, les quelques centaines de Lorientais présents en parcage s’en donnaient à cœur joie, sans manquer de faire passer un message : « Refuser des drapeaux, imposer des tenues… et surtout ne pas bouger. Bienvenue au Parc. » Sans réaction, les locaux ont préféré continuer d’écouter les mouches voler.
Pas le même maillot, ni la même passion
Si l’enjeu sportif d’une première finale de coupe depuis 66 ans pour un club dont le palmarès reste peu garni n’a rien à voir avec une 33e journée de championnat pour un PSG gavé jusqu’à l’os depuis dix ans, le constat n’en est pas moins violent. Et dit forcément beaucoup de la manière dont ces deux clubs sont en train d’écrire leur histoire. Avec 29 trophées nationaux (sur 39 mis en jeu) depuis 2013, Paris continue d’empiler l’argenterie comme une vulgaire collection de vaisselle, ayant déjà abandonné depuis plusieurs années ce qui fait l’essence même du sport : la passion qu’il génère. L’an dernier déjà, le PSG avait totalement raté les célébrations du titre, les ultras (en grève depuis de longues semaines) préférant sortir du stade avant la fin de la partie contre Lens pour fêter le sacre entre eux sur le parvis, sans les joueurs. Lesquels n’avaient même pas pris la peine de saluer les autres tribunes avant de quitter les lieux, sans la moindre émotion. Qu’en sera-t-il cette année ? On ne le saura peut-être jamais, après tout.
700 kilomètres plus au sud, le Téfécé s’est grandement appuyé sur une ferveur nouvelle pour redresser la tête après une décennie en enfer, rouler sur la Ligue 2 et parvenir jusqu’à cette apothéose. Une rareté qui expliquerait l’ampleur de la fête ? C’est oublier bien vite à quel point les supporters canaris, pourtant pas les moins bien lotis en matière de titres, avaient basculé dans l’ivresse l’an dernier, et ne demandaient qu’à recommencer. Mais est-ce que tout cela importe encore vraiment du côté de la porte d’Auteuil ? Les centaines de touristes ayant fait sauter leurs économies pour s’offrir le luxe de venir voir la bande de Christophe Galtier et repartir les mains pleines de merchandising à tout va rentreront eux aussi avec le sourire. Et un magnifique selfie dans l’un des monuments touristiques les plus hype du moment dans la capitale : le Parc des Princes. Mais comment leur en vouloir ? S’ils n’avaient d’yeux que pour Lionel Messi, ils n’ont pas dû voir grand-chose de la partie.
Par Tom Binet, au Stade de France et au Parc des Princes