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Le PSG et son ancien joueur bourreau : mythe ou réalité ?
Le Paris Saint-Germain pré-QSI s’est souvent nourri de légendes. Qu’elles soient basées sur des faits réels ou non. Outre la fameuse « crise de novembre » ou les énièmes prodiges annoncés du centre de formation (Yannick Boli et Rudy Haddad en tête), un mythe tenace a longtemps tenu les travées du Parc des Princes en haleine, celui du retour du joueur banni. En effet, on ne compte plus les anciens Parisiens, souvent partis du club la queue entre les jambes, que l’on a retrouvés métamorphosés lors des retrouvailles avec leur ex. Ceux-ci n’ont alors qu’une idée en tête, marquer, et souvent cela paye. Alors l’ancien Parisien bourreau, mythe ou réalité ?
« J’ai joué six mois au PSG en 1997. L’année suivante, je suis transféré au Havre. Je reviens jouer au Parc et je marque un doublé » S’il y a un homme pour valider la thèse, c’est bien Cyrille Pouget. Car outre le doublé, l’ancien PP flingueur permet ce jour-là à son équipe de l’emporter 2 buts à 0. Et trois ans plus tard, il remet le couvert : « J’ai également marqué contre Paris lors de mon passage à Marseille en 2000, au Vélodrome » Un match encore une fois remporté, sur le score de 4 buts à 1 cette fois. Quand on lui évoque cette théorie, peu dire que le désormais dirigeant de magasins de meubles valide. Et avance même une explication : « On disait que les anciens du PSG marquaient régulièrement contre leur ancien club, c’était très à la mode dans la presse. Je me souviens que ça arrivait régulièrement à mon époque, avec Jérome Leroy, Bruno N’Gotty, Florian Maurice… Dans ce genre de match, l’attaquant souhaite marquer, c’est une évidence. Cela lui permet de prouver qu’il peut marquer sous n’importe quel maillot. »
Marre d’être « pris pour un con »
Cet étrange phénomène ne serait pas uniquement le fruit du hasard. Une version confirmée par Virginie Dalla Costa, psychologue du sport : « C’est une victoire psychologique, un challenge. Ils ont envie de prouver à leur ancienne équipe qu’ils ont eu tort de ne pas leur faire confiance. C’est une sorte de revanche, où le joueur se dit : « Okay, vous m’avez pris pour un con, vous ne m’avez pas fait confiance, moi je vais vous montrer par mon attitude que vous n’avez pas su exploiter mes capacités, que le problème ne venait pas de moi mais de l’entraîneur. » Il va chercher à démontrer que ses mauvaises performances avec le club n’étaient pas de sa faute. Il veut mettre fin aux soupçons sur son niveau. »
Lorik Cana, Kaba Diawara, Fabrice Abriel ou Mevlüt Erding plus récemment avec Saint-Étienne, nombreux sont ces joueurs à avoir, un jour, planté un couteau dans le dos de leur ex-employeur parisien, grâce à une motivation décuplée à l’entrée du terrain. Pouget se souvient de ce sentiment : « Ce qui est certain, c’est que j’avais envie de gagner ce match avant tout, et de marquer un but. Je me souviens du but marqué à Lama où je laisse un rebond et je reprends en reprise de volée. C’est le but du 2-1, alors qu’on était menés 1-0 en début de rencontre. C’était magique, ça reste un de mes meilleurs souvenirs en tant que footballeur. »
Une tradition qui se perd
L’existence du bourreau, mué par un désir de vengeance, jouissant de son retour triomphal, est cependant nuancée par Dalla Costa : « Le but d’un joueur de foot, qui plus est un attaquant, c’est de marquer des buts. C’est leur travail. Si c’est son ancienne équipe, le joueur n’a pas à se poser plus de questions que contre un autre équipe. Il doit faire abstraction du contexte et simplement se concentrer sur son travail : marquer des buts. » Selon la psychologue, l’attaquant chercherait avant tout à marquer pour prouver au club qui lui a tendu la main qu’il a eu raison de lui faire confiance, notamment si son nouvel employeur lui a proposé un bail plutôt court : « Cela est aussi lié à la durée de son contrat : un an, deux ans, trois ans… Moins la durée est longue, plus le joueur a de la pression sur les épaules. Il a une épée de Damoclès sur la tête. Son horizon va s’agrandir ou se rétrécir en fonction de sa performance. »
Les buts marqués par les anciens tiendraient donc plus d’une série de coïncidences fâcheuses pour le PSG. De plus, Pouget rappelle que si la question pouvait se poser avant l’arrivée de QSI, la possibilité pour les anciens joueurs du PSG de marquer aujourd’hui contre les pensionnaires du Parc des Princes est bien plus faible : « Cela s’est beaucoup passé dans les années 90-2000, mais beaucoup moins maintenant parce que Paris n’a plus la même équipe! » La faute à un niveau de jeu bien plus élevé mais aussi à une baisse des transferts entre le PSG et les autres pensionnaires de Ligue 1. Depuis l’arrivée de QSI, il y a deux saisons et demie, seuls Biševac, Rabiot, Chantôme, Tiéné, Bodmer et Bahebeck ont évolué pour une autre écurie du championnat français. Sur les sept joueurs, aucun véritable attaquant de pointe. Les sceptiques répètent à l’envi qu’au PSG, il y a des choses qui se perdent depuis l’arrivée des Qatari. Cela fait trois hivers que la « crise de novembre » n’est plus réapparue. Le mythe de l’ancien joueur bourreau semble, lui aussi, s’effriter peu à peu. À Guillaume Hoarau désormais, de satisfaire les nostalgiques.
Par Paul Piquard et Antoine Donnarieix