ACTU MERCATO
Le PSG et le mercato d’hiver : un jour sans fin
Comme chaque année depuis bientôt cinq ans, le Paris-SG a terminé son mercato d’hiver sans réussir à renforcer significativement son effectif malgré des manques évidents et des rumeurs persistantes. Une sale habitude qui laisse en bouche un léger goût amer et l’impression qu’il faudra, encore, serrer les fesses jusqu’en juin en évitant les pépins physiques.
« Je ne m’attendais à rien et je suis quand même déçu », disait Dewey dans la série Malcolm. On pourrait résumer ainsi le mercato de janvier 2024 du Paris-SG. Un état d’esprit sensiblement similaire aux mois de janvier 2020, 2021, 2022 et 2023. Depuis l’arrivée, moyennant 47 millions d’euros, de Leandro Paredes fin janvier 2019, le PSG n’a jamais trouvé de quoi renforcer son équipe première lors de la fenêtre hivernale, un mercato que l’on qualifie souvent de « réajustement ». Cela veut-il dire que le club de la capitale n’a pas besoin de se rééquilibrer ? Pas du tout. Il n’a, tout simplement, pas trouvé son bonheur. La faute à qui ? À tout le monde. Alors certes, Luis Campos s’est démené malgré tout, puisque 50 millions ont été dépensés sur Lucas Beraldo et Gabriel Moscardo, deux prospects brésiliens.
Le premier joue pour le moment majoritairement en Coupe de France et vient de réaliser une sortie très moyenne, au poste de latéral gauche, alors qu’il est défenseur central, contre Brest. Le second, annoncé bien plus prometteur, a été opéré d’une tumeur au pied au Qatar et va retourner, en prêt, dans son club des Corinthians avant de rejoindre Paris l’été prochain. Autrement dit, le PSG a balancé 50 patates sur la table pour un défenseur central que l’on fait jouer à gauche et un milieu blessé – sur lequel aucune ristourne n’a été faite –, ce qui n’améliore pas, dans les faits et dans l’immédiat, le roster. Avec la blessure longue durée de Milan Škriniar, que Beraldo vient compenser, numériquement, le groupe ne ressort même pas étoffé de ce mois de janvier. Voilà donc un mercato où les besoins étaient évidents (un défenseur central titulaire et un milieu de terrain) qui va se terminer sans que ceux-ci aient été comblés.
Le bal des rumeurs
Comme souvent, les rumeurs ont circulé avec insistance – Joshua Kimmich, Bruno Guimaraes, Manu Koné, Leny Yoro, Diego Llorente, Lucas Martinez Quarta, Giorgio Scalvini –, mais rien de réellement concret. Entre fausses pistes d’agents, négociations compliquées et délires d’insiders, le mercato du PSG dans le sens des arrivées s’est donc soldé par un non-événement. Certes, il est préférable de ne pas acheter pour acheter, surtout si c’est pour se coltiner, durant de longues années, des joueurs inadaptés à des salaires délirants – le club en compte déjà suffisamment –, mais il est évident que ce groupe avait besoin d’être renforcé cet hiver.
En défense, les absences longue durée de Presnel Kimpembe et Milan Škriniar et les doutes autour de l’état de santé de Nuno Mendes rendent l’arrière-garde un poil fragile. Que se passe-t-il si Lucas Hernandez est out, par exemple ? Dans l’entrejeu, il faudra aller guerroyer sur tous les fronts avec Warren Zaïre-Emery, Vitinha, Manuel Ugarte, Fabian Ruiz, Carlos Soler et Kang-in Lee. Voilà, c’est tout. C’est quand même léger pour un club qui a dépensé, entre l’été dernier et ce mois de janvier, près de 450 millions d’euros pour, finalement, n’avoir aucun milieu de terrain de haut niveau dans l’escarcelle et être obligé de s’en remettre à un gamin du centre de formation de 17 ans, au talent incroyable cependant.
Du côté des départs, ce n’est pas mieux
Les arrivées sont-elles dépendantes des départs ? Sans doute. Car même au rayon délestage, Luis Campos a eu un mal de chien à faire des affaires. Cher Ndour a été prêté à Braga, un club détenu en partie par… QSI. C’est comme envoyer son fils en vacances chez ses grands-parents. Layvin Kurzawa et Keylor Navas sont toujours là, adossés à leurs juteux contrats qui se terminent en juin prochain et le dossier le plus simple, sur le papier, n’a pas beaucoup avancé : Hugo Ekitike en l’occurrence. Poussé vers la sortie dès le mois d’août avec les arrivées de Gonçalo Ramos et Randal Kolo-Muani, l’ancien Rémois n’a plus été convoqué dans le groupe depuis. Lui et son agent avaient donc plusieurs mois pour préparer une porte de sortie pour ce mois de janvier. Moralité, au 31 du mois fatidique, tout ce petit monde n’avait pas bougé d’un pouce malgré des marques d’intérêt en Allemagne et en Angleterre.
Il serait trop facile de mettre l’échec du mercato hivernal sur Ekitike et son clan, comme cela avait été un peu le cas l’été dernier, mais cela donne surtout l’impression que le Paris-SG n’arrive plus à faire de coups. Qu’il semble loin ce mois de janvier 2012 où Leonardo avait réussi à ramener une triplette incroyable : Alex, Maxwell et Thiago Motta. Oui, en théorie, le PSG peut facilement conserver son titre de champion de France avec ce roster. Mais dans une fin de saison qui va, encore, être polluée par deux habitudes maison – la Ligue des champions et l’avenir de Kylian Mbappé –, on aurait aimé que, pour une fois, la politique sportive anticipe un peu la chose. Cet hiver ou l’été prochain, il faudra renforcer significativement la charnière centrale et le milieu de terrain. Avec des titulaires, des joueurs forts, capables de faire passer un cap à cette équipe.
Et même si la communication officielle de Luis Enrique est optimiste (il est ravi de son super effectif de la mort qui tue), les faits sont quand même têtus. Quand on s’obstine à aligner Carlos Soler ou Warren Zaïre-Emery au poste de latéral, c’est que quelque chose manque cruellement dans ce groupe. Mais bon, on n’est plus à un mercato près pour, enfin, trouver un successeur à Thiago Motta. Reste maintenant une question qui fait mal. Un an après une double confrontation honteuse contre le Bayern Munich, le milieu de terrain du Paris-SG 2023-2024 est-il meilleur que celui qui n’a pas existé contre les Bavarois ? La réponse est loin d’être évidente. Pis, elle fait potentiellement peur.
Par Mathieu Faure