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Le PSG doit-il miser sur ses jeunes l’année prochaine ?
Battus en finale de la Youth League par Chelsea lundi après-midi (1-2), les U19 du PSG ont donné une bonne image de la formation parisienne. Or, ils sont peu à pouvoir prétendre à du temps de jeu de manière récurrente. Alors que l’été s’annonce chaud du côté de la capitale, la jeunesse parisienne pourrait-elle s’attendre à autre chose l’an prochain ?
Oui, ça coûte moins cher et ça permet d’être en règle avec l’UEFA
Coman, Areola, Rabiot, le PSG pourrait compter dans son onze de départ trois produits maison, donc gratuits, avec un potentiel « équipe de France » . Trois garçons qui rentreraient également dans les fameux quotas « Ligue des champions » , puisque, sur chaque liste de 25 noms déposés en début de saison, il faut 8 joueurs formés en France, dont 4 au club. En misant sur la jeunesse, le PSG ferait à la fois des économies et serait très facilement en conformité avec les règles européennes. Forcément, quand on fait pousser ses propres fruits dans son jardin, on limite les sorties au marché du coin.
C’est un peu l’idée du club qui cherche depuis bien longtemps « son Lionel Messi » sur les terrains parisiens. Même si le club de la capitale n’est pas encore un centre réputé, ça commence à prendre forme. Contre Guingamp et Caen, les deux dernières sorties nationales, Laurent Blanc avait titularisé cinq jeunes formés au club : Adrien Rabiot, Presnel Kimpembe, Christopher Nkunku, Hervin Ongenda et Jean-Kevin Augustin. Ce n’est pas la Masia, mais c’est un début. Surtout dans un club à 500 millions de budget et dont les dirigeants raffolent des noms ronflants à chaque mercato.
Oui, c’est un modèle qui marche
Barcelone, Lyon, Atlético de Madrid, Manchester United, Southampton, Nice, Monaco : des clubs qui misent énormément sur leur centre de formation se prennent rarement un mur. Cela donne une certaine crédibilité au club et incite plus facilement les meilleurs espoirs du pays à terminer leurs classes à la maison. Même s’il n’est pas un formateur dans l’âme, l’Espagnol Carles Romagnosa, universitaire passé par le Barça et recruté au poste de directeur technique, démontre l’envie du PSG de construire quelque chose avec sa jeunesse. Depuis qu’il a pris ses fonctions, l’homme travaille, rédige beaucoup de rapports, et les premiers résultats palpables sont très attendus. Ce qui manque encore au PSG, c’est une passerelle entre les jeunes et l’équipe première. En gros, moins de blabla, plus de faits. Faute de club affilié, les jeunes pousses parisiennes sont obligées de s’émanciper dans le prêt (Areola, Sabaly, Hebling, Bahebeck) sans vraiment savoir de quoi demain sera fait.
C’est le souci du PSG. Y a-t-il une place pour eux dans une équipe où chaque poste est occupé par une recrue à 50 barres ? Adrien Rabiot, le plus talentueux des formés au club, joue car il est doué. Récemment, Presnel Kimpembe a eu droit aux éloges de Laurent Blanc alors que le stoppeur enchaîne les titularisations : « Il va prendre un peu plus d’expérience, surtout qu’à ce poste-là, il en faut beaucoup. Il doit améliorer son jeu de tête aussi paradoxalement. C’est un garçon que l’on fait beaucoup travailler. Quand il est arrivé, on me l’a proposé arrière gauche. Il peut dépanner à ce poste-là, mais sincèrement, c’est un joueur d’axe. Il relance de mieux en mieux. Il faut qu’il prenne un peu plus de bouteille. Quand tu alignes Kimpembé-Marquinhos, défensivement tu peux être sûr que ça va être solide. C’est une garantie intéressante pour moi. En plus, c’est un garçon qui est exemplaire. Bravo à lui ! » Pour autant, ces deux garçons sont régulièrement annoncés sur le départ pour jouer plus. Pour les garder, il faut les montrer. Et les inscrire dans l’équipe type. Adrien Rabiot est une formidable vitrine. Il faut s’en servir.
Non, les vrais talents se comptent sur les doigts d’une main
Sur les finalistes U19, il y a des promesses évidentes : le stoppeur Doucouré, le latéral droit Georgen, le milieu Bernede, la pépite Nkunku, l’ailier Ikoné, les attaquants Meïté et Edouard. Mais combien de « titis » auront la chance de jouer en équipe première ? Pour le moment, seuls Georgen et Nkunku ont signé un contrat professionnel et aux dernières rumeurs, Ikoné et Meïté seraient tentés par l’étranger (Italie et Angleterre).
Le vrai crack annoncé, c’est Odsonne Edouard, meilleur buteur de l’Euro U17, mais que le club tarde à signer. Depuis les départs de Coman (Juventus) et Dembele (Fulham), le PSG traîne une réputation peu flatteuse : les jeunes n’y ont jamais leur chance et seuls les meilleurs y percent. Et encore. Les meilleurs jeunes préfèrent tenter l’aventure ailleurs plutôt qu’au PSG où les portes s’ouvrent difficilement. C’est ainsi que toutes les pépites de l’Île-de-France ont filé ailleurs à leurs premiers rêves érotiques (Mbappe, Bakayoko, Ben Arfa, Saint-Maximin, etc)
Non, ça ne fait pas vendre
Passer de Zlatan Ibrahimović à Jean-Kevin Augustin, il faut se mouiller la nuque. C’est aussi ça, le souci des jeunes du PSG. Ça ne fait pas vendre. Et ça n’attire pas les foules. Dans une démarche sportive et attractive, le PSG se trouve bloqué vis-à-vis de sa jeunesse, car elle n’est pas bankable. Face à une attente XXL et un public versatile, lancer des jeunes joueurs tout en demandant de la patience et de l’indulgence est quasiment mission impossible. D’ailleurs, Laurent Blanc – qui n’est pas non plus le plus grand fan de la formation en règle générale – a attendu d’être sacré champion de France pour envoyer systématiquement des bambins parmi ses titulaires.
Quand vous recrutez Di María, Cavani ou David Luiz, vous réduisez votre marge de manœuvre. On en revient toujours au même point : pour qu’un jeune Parisien formé au club perce, il faut qu’il soit très, très fort. Sakho et Chantôme, pourtant internationaux tous les deux, ont échoué. C’est dire. Et quand en plus, le garçon joue à un poste offensif, s’il ne plante pas dans les premières sorties, il est foutu.
Par Mathieu Faure