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Le PSG a un refrain : « On a Leo »
Avant de jouer son premier quart de finale de Ligue des champions depuis 2016, le PSG a mangé son pain noir en collectionnant, outre les éliminations prématurées, trois directeurs sportifs pour finalement se réjouir du retour au berceau de l’enfant du pays : Leonardo. Depuis un mois, le Brésilien occupe l’espace médiatique, jouant au ping-pong avec Thomas Meunier, tout en taclant l’OL et Noël Le Graët avant de s’atteler à son plus grand chantier : le mercato. D’ici là, certains fidèles de la capitale boivent les paroles de l’homme né avec le pouce levé au son de ralliement « On a Leo ».
N’y allons pas par quatre chemins, Leonardo est-il la meilleure recrue de l’été 2019 du PSG ? Oui. Un grand oui. Un an après son arrivée, le club de la capitale s’apprête à disputer son premier quart de finale de C1 depuis 2016. Ça, ce sont les faits. Faut-il y voir un lien de cause à effet avec le retour de la mèche la plus soyeuse de l’Ouest de la capitale ? Le hasard fait bien les choses en tout cas. Après la ridicule élimination face à Manchester United au printemps 2019, il avait été décidé qu’il manquait une vraie « Paris touch » au sein du PSG de QSI. Quelqu’un qui connaît à la fois le club mais aussi la manière de fonctionner des Qataris ainsi que le football moderne. Ils sont peu à posséder les trois casquettes. Leonardo, ancien joueur maison durant la saison 1996-1997 et principal architecte de l’équipe 2011-2013, est donc revenu après les échecs successifs d’Oliver Létang, Patrick Kluivert et Antero Henrique au poste de directeur sportif.
En 2020, le poste de « DS » est devenu primordial dans la vision sportive d’un club. Un job qui est devenu, avec le temps, ultramédiatisé et presque vital pour avancer. Alors Leonardo est de retour à son poste, sur son trône, avec son savoir-faire, son style, son verbe, son sens de la négociation et sa capacité à prendre la lumière pour laisser son groupe à l’abri de la colère médiatique. Mais depuis le mois de février et sa sortie, maladroite, avant le match aller de Dortmund où il ne fallait pas en faire trop avec la C1, le Brésilien a dû dribbler des éléments délicats.
La baisse des salaires, Aouchiche et Kouassi, des couacs à son CV
Déjà, il a fallu gérer la crise du Covid-19 durant laquelle il n’a pas réussi à trouver un terrain d’entente avec son groupe sur la baisse des salaires avant de s’avouer vaincu sur les dossiers Adil Aouchiche mais surtout Tanguy Kouassi, deux jeunes qui ont préféré signer leur premier contrat professionnel loin de Paris. Dans le même temps, « Leo » a dû s’employer pour conserver les meilleures joueuses de la section féminine, convoitées par l’OL, tout en sécurisant certains « Titi » comme Michut et Bitshiabu. Son cœur de métier, la négociation, s’est également accompagné d’une communication ciblée sans être omniprésente. On reprochait à Kluivert et Henrique, en dehors de leurs appétences pour les bonnes gamelles, une absence totale de communication. Leonardo, lui, parle. Et fort. Mi-juin, il se livre dans le JDD pour confirmer les fins de contrat de Cavani et Thiago Silva. Un peu plus tard, il demande à l’OL d’arrêter de prendre position sur le PSG au micro de RMC Sport : « Je ne comprends pas pourquoi Aulas parle autant du PSG, et Juninho maintenant parle de Paris et de Neymar. Ça serait mieux de parler de leur club. Nous, on ne parle pas de la situation de l’OL et je demande à l’OL de ne pas parler de nos joueurs et de notre club » . Une sortie bizarre et pas forcément opportune, notamment sur les propos de Juninho, mais qui donne l’impression qu’il n’est plus possible de tacler le PSG gratuitement sans s’exposer à une joute verbale en retour. Mais à trop vouloir défendre le club, Leo choisit parfois mal ses combats comme sur ce ping-pong verbal entrepris avec Thomas Meunier depuis plus d’un mois.
Leonardo vs. Meunier, combat de coqs
Entre les deux hommes, c’est à celui qui parlera en dernier. Pour le Brésilien, Meunier n’a pas voulu terminer l’aventure dans la capitale au contraire de Rico, Thiago Silva et Choupo-Mouting ( « Ils ont eu un comportement parfait » ). Pour le Belge, très bavard sur son ancien club depuis plusieurs semaines, le directeur sportif n’a pas été très réglo non plus. « Leonardo n’a jamais tenté de trouver un accord avec le BVB, encore moins avec moi ! Il voulait que je vienne jouer pour le PSG pratiquement gratuitement » , lâche-t-il à l’agence DPA. « J’ai presque été me mettre à genoux à Dortmund avec mon agent pour parvenir à trouver un accord pour qu’ils me laissent jouer avec le PSG, parce que le 1er juillet, j’étais joueur de Dortmund, raconte-t-il ensuite à la RTBF (…) J’avais eu Leonardo au téléphone et il me demande : « est-ce que toi tu es encore prêt à jouer la Champions League ? Je lui dis : « à 100%, je serai concerné jusqu’au bout. Je veux terminer. Même si c’est pour se faire sortir en quart de finale. Je veux être avec le groupe, je veux vivre mes derniers instants aussi intensément que possible et jouer avec le PSG la Ligue des champions et les deux Coupes. Le fait de ne pas avoir trouvé d’accord entre Paris et Dortmund, ne veut absolument pas dire que je refuse de prolonger, puisqu’il n’y a pas eu d’accord. Donc il n’y a même pas eu de proposition. La première étape, c’était trouver un accord entre Paris et Dortmund et après, trouver un accord entre Paris et moi. Et c’est là où la communication, je ne sais pas si je peux dire du club, mais de Leonardo puisque c’est lui qui gère le dossier, a été un petit peu tronquée… Ce n’était pas très très correct. Et finalement, après discussion, j’ai bien compris qu’il n’y avait pas vraiment d’envie de vouloir me prolonger. Ça a été clair comme de l’eau de roche. C’était un peu ingrat au niveau de la communication. » Une passe d’armes qui peut durer des heures entre deux grands bavards qui mériteraient pourtant qu’on passe à autre chose.
Leonardo tacle Le Graët mais…
Car pour Leonardo, le plus dur est devant lui : la C1. Et sur le sujet, le Brésilien estime que le PSG est un peu abandonné dans sa quête. « Le contexte français n’aide pas le PSG à l’approche de la Ligue des champions. Programmer une finale de Coupe de France après quatre mois sans jouer, pour faire plaisir au président… » , lance-t-il peu de temps après la finale de la Coupe de France. Une pierre dans le jardin de Noël Le Graët que le patron de la FFF n’a pas manqué de renvoyer via L’Équipe : « Leonardo m’agace un peu gentiment. Je n’ai pas compris sa sortie. Ce n’était pas possible de faire jouer les finales à une autre date » . Car, s’il y a bien un sujet sur lequel on aurait aimé entendre un peu plus Leonardo mais aussi les dirigeants du PSG, c’est sur l’arrêt de la Ligue 1 courant mars. Peut-être qu’une prise de position affirmée, publique et sans sous-entendu de Leonardo sur l’arrêt du championnat aurait donné plus de force à la voix du football français où Jean-Michel Aulas, parfois forceur dans sa communication, s’est épuisé en solitaire sur le sujet. Mais il est trop tard pour refaire l’histoire. Le futur, en revanche, peut s’écrire autrement.
Malgré les absences de Di Maria, suspendu, de Verratti et de Mbappé, blessés ou amoindris, le PSG joue sa saison contre Bergame. Si le club joue gros, ils sont deux à jouer très gros : Thomas Tuchel et Leonardo. Le premier résistera-t-il à la pression du second en cas d’élimination ? L’Allemand n’est pas le choix de Leo et à un moment, ça va finir par se voir. Et pour le moment, Leonardo a ce qu’on appelle un totem d’immunité. Au sein de la communauté parisienne, on est encore beaucoup à croire en Leonardo. « On a Leo » est même devenu un gimmick rassurant que l’on sort à toutes les sauces pour se donner du courage : « Pas de panique, on a Leo » . Comme si le gaucher était le remède miracle à tous les maux y compris les plus délicats. Mais jusqu’au 5 octobre, date de la fin du mercato, Leonardo va devoir se multiplier pour solidifier un groupe encore et toujours bancal où il faudra remplacer Thiago Silva, gérer les latéraux, trouver le fameux milieu défensif et s’atteler aux prolongations de Bernat, Mbappé et Neymar tout en gérant la fin de la C1 et la reprise de la Ligue 1. Des broutilles en somme. Car si la fin de saison parisienne peut être folle avec un doux rêve de quintuplé historique (Ligue des champions, Ligue 1, Coupe de la Ligue, Coupe de France et Trophée des champions), elle peut aussi s’arrêter subitement mercredi soir face à Bergame. À ça, le directeur sportif a déjà trouvé la parade : « Si on perd, on va mourir ? » Non, on a Leo… mais se qualifier permettrait à beaucoup de gens de mieux dormir.
Par Mathieu Faure