- France
- Trophée des champions
- PSG/Bordeaux
Le PSG a-t-il la meilleure attaque du monde ?
« La signature de Cavani, c’est très bien pour le PSG, mais aussi le football français. C’est un des meilleurs attaquants actuellement. Pour moi, reconstituer le duo napolitain Lavezzi-Cavani, cela a du sens indépendamment d’Ibrahimović. Dans l’état actuel des choses, avec Cavani, Lavezzi, Ibrahimović, Lucas, Pastore et Ménez, j’estime que le PSG a la meilleure attaque du monde. » Ça, c'est Jean-Pierre Papin dans les colonnes du Parisien. Le consultant de beIN Sport a-t-il raison ou a-t-il simplement trop enfoncé son coton-tige dans l'oreille ?
– Oui, parce que c’est complet et efficace
Zlatan Ibrahimović (30 buts en championnat l’an dernier), Edinson Cavani (29 buts en Serie A), rien que pour cette association, l’attaque du PSG peut facilement faire péter une braguette. Entre le Suédois et l’Uruguayen, l’entente peut marcher. Elle doit marcher. D’autant qu’avec le temps, le Z prend de plus en plus de kiff à « dézoner » pour jouer comme un numéro 10. L’an dernier, on l’a souvent vu régaler ses collègues via des offrandes bien senties entre les lignes. On se souvient notamment de son match au Parc des Princes contre Zagreb où il termine le match avec quatre passes dé. Costaud. Avec Cavani, Ibra pourrait envoyer le Matador au paradis à chaque match. La qualité de passe, il l’a. Et le duo peut fonctionner : un type qui court comme un chien, tueur devant le but et un autre en meneur de jeu reculé. Sur le papier, c’est bandant. Et en plus, Laurent Blanc peut envoyer du jeu sur les côtés avec quatre profils différents : Lavezzi la dynamite, Ménez le casseur de reins, Lucas Moura la mobylette et Pastore la passe de velours. Mieux, Ménez et Lavezzi peuvent également évoluer dans l’axe, à la place d’Ibra ou de Cavani. Ménez, Pastore et Lavezzi sont , eux aussi, capables de distiller une chiée de caviars (en 2011, Pastore et Lavezzi avaient terminé le championnat d’Italie avec chacun une douzaine de passes décisives au compteur). Globalement, le Président se retrouve avec six internationaux, quasiment tous polyvalents, pour quatre postes offensifs. C’est varié, sexy, bandant, cher et ça peut péter n’importe quoi. N’importe quand. N’importe comment. Même avec les blessures, les méformes et les suspensions, Blanc peut aligner un carré magique différent à chaque match de la saison. Chapiteau.
– Oui, parce que c’est jeune et beau
Lucas Moura, 21 ans. Javier Pastore, 24 ans. Jérémy Ménez et Edinson Cavani, 26 ans. Ezequiel Lavezzi, 28 ans. Zlatan Ibrahimović, 31 ans. Globalement, c’est très jeune, mais relativement expérimenté. Hormis Lucas Moura, tout le monde commence à bien connaître le football européen, notamment les trois Sud-Américains (Lavezzi, Cavani et Pastore). Ce n’est pas très grave cette jeunesse, on l’a bien vu à Valence en Ligue des champions, pourtant une équipe plus expérimentée, où les minots ont plié la rencontre en 45 minutes. Ce soir-là, Lucas Moura avait des guiboles de feu. Il n’a rien respecté. Preuve qu’en dépit de son jeune âge, l’international brésilien est déjà prêt pour les gros matchs. Compte tenu de la jeunesse de l’ensemble, ça court dans tous les sens (un peu moins vrai pour Ibra et Pastore, deux belles feignasses) et, en plus, ça envoie du jeu au niveau de la gueule et du style. Lavezzi est un bel homme (oui, il n’y a aucun mal à le dire). Ibra est bien bâti, Pastore est une caresse pour les yeux et Ménez a les yeux bleus. Pour Cavani, sorte de Philippe Vasseur sans instrument, on est plus sceptique. Bref, l’ensemble est harmonieux. C’est beau, jeune, vigoureux et séduisant. Miam.
– Non, parce que ça manque encore d’automatismes
A priori, ça devrait rouler tout seul. Lavezzi et Cavani se sont éclatés ensemble à Naples pendant deux saisons (2010/2012). Avant cela, Cavani et Pastore s’étaient essayés ensemble à Palerme. Bref, tout le monde se connaît un minimum et pourtant ça demande du temps. L’an dernier, la relation technique entre les étoiles parisiennes n’a jamais vraiment sauté aux yeux. En dehors du duo Ménez-Ibra qui fonctionnait plutôt bien, les autres jouaient plutôt en solo. De temps en temps, l’un avait un éclair de génie pour l’autre, mais globalement, ça manque encore cruellement d’automatisme. On est encore loin d’une animation offensive ultra rodée et efficace, et ce, peu importe les quatre alignés sur le terrain. On est encore dans la dépendance d’un exploit technique. C’est beau, mais pas encore tout à fait au point collectivement. C’est dommage. Ça demande du temps. Mais à Paris, le temps, c’est comme les bonnes critiques. C’est rare.
– Non, parce que les milieux « latéraux » ne marquent pas assez
Sur les six lascars, quatre sont capables d’évoluer sur les côtés dans un 4-4-2 (Pastore, Lucas Moura, Ménez et Lavezzi). Dans l’art de déglinguer des défenses ou de faire la passe juste, ça répond présent. Quand il s’agit de marquer, par contre, c’est beaucoup moins efficace. Par exemple, Lucas Moura n’a encore jamais défloré une cage depuis qu’il est au PSG, et Lavezzi souffre d’un énorme problème de concrétisation devant les buts. Rien que la semaine dernière contre le Real Madrid, l’ancien du Napoli s’est salement troué devant le but. Et deux fois. Une sale habitude (3 petits buts en Ligue 1 l’an passé alors qu’il carburait en Ligue des champions), l’Argentin se dévore tellement dans les courses, appels, pressing, qu’il en perd systématiquement en lucidité devant le but. On se souvient encore son incroyable raté, seul face au gardien, contre le Stade de Reims après une course de 45 mètres. Pastore et Ménez marquent un peu plus, mais pas encore assez. Cette absence d’efficacité, encore plus prononcée l’an dernier avec l’ombre faite par les énormes statistiques d’Ibra, tend à rendre le quatuor un peu trop dépendant de la réussite de ses deux pointes. Le système en devient donc bancal. Et prévisible.
– Non, parce qu’il y a largement meilleur ailleurs en Europe
Pour ce faire, suffit de reluquer les grosses cylindrées européennes pour comprendre que le PSG n’est pas la seule équipe à posséder du caviar dans ses lignes offensives. Partout en Europe, on tombe sur des carrés d’as. Que ce soit au FC Barcelone (Messi – Neymar – Pedro – Iniesta), au Real Madrid (Özil – Cristiano Ronaldo – Di María – Benzema), en passant par Manchester City (Negredo – Jesús Navas – David Silva – Jovetić), Chelsea (Hazard – Mata – Oscar – Lukaku), le Bayern Munich (Mandžukić – Kroos – Götze – Ribéry), United (Nani – Kagawa – Rooney – Van Persie), le Borussia (Lewandowski – Aubameyang – Mkhitaryan – Reus) ou encore le nouveau Napoli de Rafael Benítez (Hamšík – Callejón – Higuaín – Mertens), il y a largement de quoi répondre aux cartes parisiennes dans tous les tripots du Vieux Continent. Et si vraiment on doit sortir le carré d’as ultime en matière de buts plantés, complémentarité, beauté et automatisme, on ressort le quatuor Giggs-Beckham-Yorke-Cole de 1999. Un must. Alors ouais, on a déjà vu mieux.
Par Mathieu Faure