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- Lille-Ajax (0-2)
Le prince Hakim Ziyech
Brillant à Stamford Bridge lors de la dernière journée, Hakim Ziyech a de nouveau irradié l’Europe mercredi soir et a fait lever Pierre-Mauroy au terme d’une nouvelle performance XXL.
Au détour d’une conversation de printemps, voilà ce que soufflait Peter Bosz, l’ancien chef cuisto d’un Ajax qui avait été finaliste de la Ligue Europa sous ses ordres en 2017 : « Dans cette équipe, la majorité des suiveurs n’ont d’yeux que pour De Jong, De Ligt ou Van de Beek, mais si j’ai un conseil à donner aux gens pour bien comprendre cet Ajax, c’est de revoir le Bayern-Ajax d’octobre 2018. Ce soir-là, on a pu voir, plus encore qu’à Madrid, quel joueur était Hakim Ziyech. Ce mec est un chef-d’orchestre, un joueur capable de faire transpirer un adversaire à lui tout seul et si tu lui laisses du temps et de l’espace pour déclencher… Il te tue. » Attention : Hakim Ziyech sait aussi être doux, et mercredi soir, à Lille, c’est ce qu’il aura fini par être tard dans la nuit, au moment où un gosse s’est pointé sur le gazon de Pierre-Mauroy pour le serrer dans ses bras. Le Marocain a alors ouvert les ailes et baissé la tête, pour embrasser le petit. Puis, une poignée de minutes plus tard, Erik ten Hag a sorti son DJ, et la foule s’est levée, histoire d’offrir au serial killer du scénario du soir une standing ovation méritée : brillant. Ce qu’en a fait Ziyech : un sourire timide, celui de l’employé conscient d’avoir bien fait son travail. Ce qu’en a dit Ten Hag : « On sait que lorsque Hakim a autant de liberté, il peut faire de très belles choses. On a la chance de l’avoir et de le voir évoluer à un tel niveau. En tant qu’entraîneur, je ne peux que jouir face à de telles performances, notamment au sujet de son entente avec Quincy Promes. » Un Promes à qui Ziyech a de nouveau filé une passe décisive mercredi soir, ce qui avait déjà été le cas à Chelsea (4-4), mais aussi deux fois contre l’Heracles (4-1) ce week-end. Cette saison, voilà où en est le bonhomme : 6 buts et 17 passes décisives. Tout ça en 22 matchs disputés. Monstrueux.
« Et il peut encore s’améliorer… »
Monstrueux, mais pas surprenant pour qui suit attentivement l’Ajax depuis de longs mois. Brillant lors de la dernière campagne européenne du club hollandais, Ziyech avait parfois tendance à se compliquer la vie dans le dernier geste, ce qui avait notamment coûté à son équipe un but contre Tottenham en demi-finale de C1. Cette saison, c’est une version encore améliorée du maestro marocain qu’il est possible de voir : après les départs de De Jong et De Ligt, Hakim Ziyech a naturellement récupéré les platines de l’Ajax de Ten Hag, mais l’a fait en simplifiant son jeu et en devenant toujours plus décisif. Il l’avait été à Valence, à Chelsea, il l’a de nouveau été à Lille, mercredi soir, en ouvrant le score au bout de deux minutes et en offrant délicieusement le second but à Promes à l’heure de jeu. « Et il peut encore s’améliorer » , souffle Ten Hag, malgré tout extatique au sujet d’un Ziyech royal, qui a fini la soirée avec trois tirs, 74 ballons touchés et notamment trois passes-clés délivrées au cours de la rencontre. Victime du soir, Christophe Galtier, qui a vu son LOSC s’incliner pour la quatrième fois en cinq matchs de C1 cette saison, a lui aussi reconnu la complexité de contrer le porte-missiles de l’Ajax : « C’est un joueur très talentueux et très important. Il y a toujours un plan particulier pour bloquer les grands joueurs, mais quand il y en a autant, ça devient encore plus compliqué… » Et quand Ziyech est à ce niveau, encore plus. Ce n’est peut-être que le début d’une nouvelle histoire pour cet Ajax, qui n’a pas non plus été parfait à Lille, mais qui semble armé pour faire trembler de nouveau de nombreux mollets. Pour Hakim Ziyech, c’est surtout l’heure d’une confirmation : ce type est bien de la race des artistes.
Par Maxime Brigand, à Pierre-Mauroy