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Le prince Arthur

Par Antoine Donnarieix
Le prince Arthur

Recrue estivale du FC Barcelone, Arthur Melo regroupe beaucoup d’espoir dans la réincarnation du grand Barça. Proclamé comme le successeur attitré de Xavi, le Brésilien fait désormais partie des plans de la Seleção dans l’objectif d’une reconquête mondiale.

Il y a des comportements qui ne trompent pas. Quand Arthur Melo décide d’ouvrir la porte d’entrée de sa villa barcelonaise aux journalistes du Mundo Deportivo, sa maman Lúcia veille au grain à ses côtés. Sourire orné d’une dentition parfaite, le milieu de terrain du FC Barcelone accueille avec la chaleur et la générosité brésilienne traditionnelle. Son accent issu de l’État de Goiás indique ses origines et démontre un attachement aux racines aussi fort que le besoin d’acquérir une maturité auprès de ses proches. À 22 ans, Arthur Henrique Ramos De Oliveira Melo s’est décidé à changer de cadre de vie, mais habite encore avec des parents câlins, comme s’il était un diamant brut à protéger avec le plus grand soin. Pas de vida louca à la Ronaldinho donc, mais une sérénité quotidienne à toute épreuve. Et si tout cela était vrai ?

Le maillot à papa, les angoisses à maman

Depuis son arrivée à Barcelone, Arthur est passé dans une autre dimension : celle où l’héritier doit succéder au maître Xavi, vainqueur de quatre C1 durant sa carrière, le tout avec l’ancien numéro d’Andrés Iniesta dans le dos. Une pression monstrueuse que sa famille semble prête à assumer, du moins dans la majeure partie des cas. D’abord, il y a la fierté. Depuis sa présentation au Camp Nou le 12 juillet dernier, son père Aílton porte à chaque match du Barça le premier maillot blaugrana floqué au nom de son fils, sans aucun numéro derrière. Issu de la classe moyenne, Arthur était durant sa jeunesse un enfant pris sous l’aile du paternel, prêt à travailler dur pour que sa progéniture ne manque de rien. Cajolé par Lucía au foyer, le prodige doit désormais faire sans le soutien d’une mère trop émotive pour suivre les rencontres de son fils depuis le stade. Sa dernière expérience en finale retour de Copa Libertadores, à l’époque où Arthur jouait encore à Grêmio, s’est soldée par un malaise en tribunes à la suite d’une grosse blessure de son fils.

Que Lucía se rassure : O Diretor, surnom donné en référence à ses qualités de leadership sur le terrain, va beaucoup mieux depuis ses pleurs sur le banc de touche avec une cheville gauche en vrac. Privé de Mondial des clubs après cet incident qui l’éloigne des terrains pendant quatre mois, l’ex-Tricolor a tout de même quitté son club de la meilleure des manières avec un titre continental acquis sur la pelouse de Lanús (1-0, 2-1). Dernière recrue souhaitée par l’ancien directeur sportif du Barça Robert Fernández avant son remplacement par Éric Abidal, Arthur remplace poste pour poste un Paulinho retourné en Chine après avoir fait taire les sceptiques concernant sa capacité à réussir dans un top club européen. Mais pour les deux internationaux auriverde, l’histoire diffère car si l’un est au crépuscule de sa carrière professionnelle, l’autre vient à peine d’entamer le cinquième chapitre de la sienne : après Nilton Maravilha, club de futsal où l’intéressé a passé trois ans, Goiás, Grêmio puis ses premiers pas catalans, voici celui de sa carrière internationale.

« Quelle que soit la situation, il trouve la bonne sortie de balle »

Si Tite préférait laisser ce talent à la maison pour regarder le Mondial russe, le sélectionneur national n’est pas passé par quatre chemins au moment d’expliquer le pourquoi de la présence d’Arthur dans la liste des 23 post-Coupe du monde. « Arthur détient la capacité d’engendrer une passe pour le futur passeur, détaillait Tite lors d’une conférence de presse en décembre dernier. Il assure la transition des défenseurs vers les ailiers comme Coutinho ou Neymar et il sait l’exercer avec une facilité impressionnante. Il y a peu, j’en parlais avec Roger (Machado, son entraîneur à Grêmio, N.D.L.R.), qui me disait « quelle que soit la situation, il trouve la bonne sortie de balle. » Arthur, c’est un programmateur de passes. » Un éloge de poids pour souligner la forte capacité intellectuelle d’Arthur pour comprendre les mécanismes d’un collectif et bonifier son rendement. Un Xavi 2.0 au sein du Brésil ? Après trois sélections soldées par trois victoires pour la Canarihna contre les États-Unis (2-0), le Salvador (5-0) et l’Arabie saoudite (2-0), c’est en tout cas ce que l’Argentine s’apprête à devoir contrer. « Être comparé à Xavi et Iniesta ne m’affecte pas, résumait Arthur lors de sa présentation. Je suis juste Arthur. » Le monde s’en contentera.

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