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Le Portugal, tuteur du football chinois

Par William Pereira
Le Portugal, tuteur du football chinois

Le football demeure l'un des rares sports où la Chine se montre incapable de briller. Afin de progresser rapidement, les émissaires du foot chinois multiplient les partenariats avec certains pays européens, le Portugal en tête, lequel espère en contrepartie gagner du terrain sur le marché asiatique.

Début 2007. Benfica fait signer plus ou moins discrètement un jeune Chinois de 17 ans en provenance de Dailan. Il s’appelle Yu Dabao et serait doté d’un grand talent. Du moins, c’est ce que racontent les dirigeants benfiquistas – qui viennent alors de débourser 400 000 euros pour s’attacher les services du jeune inconnu – pour faire passer la pilule auprès des socios. Chez les juniors, Dabao s’amuse au cours d’un bizutage lors duquel il marque trois des huit buts de son équipe en ne jouant qu’une petite heure. La chance du débutant. Car à vrai dire, il s’avère que le bonhomme n’a aucun talent particulier. Rien qui justifie le prix de son transfert, ni son transfert tout court, dans le plus grand club portugais, et encore moins sa rapide promotion dans l’effectif principal aux côtés de Di María, Reyes, Maxi Pereira et compagnie. En fait, Yu Dabao est un jeune Chinois estampillé crack dans son pays natal. Et c’est ce qui compte alors aux yeux des Encarnados, chez qui la popularité et le nombre de socios à travers le monde sont une obsession depuis plusieurs décennies. « Le football est devenu un business et il est important que la marque Benfica se positionne sur le marché asiatique » , expliquait à l’époque Antonio Carraça, alors directeur de la formation de l’écurie lisboète. Si l’on est loin des charters de Chinois qu’évoquera quelques années plus tard Paulo Futre, l’intégration de Yu Dabao à l’équipe A de Benfica, ainsi que ses quelques matchs disputés en Coupe de la Ligue provoquent l’effet escompté. Les médias nationaux vantent les mérites de leur pépite dans un club européen historique, tandis que o Estádio da Luz enregistre la venue de ses premiers supporters chinois. La hype dura aussi longtemps que le séjour de l’attaquant asiatique dans la capitale portugaise, c’est-à-dire deux ans. C’est peu, mais suffisant pour faire parler de soi en Orient.

Du Sporting à l’Oriental Dragon FC

Huit ans après l’arrivée de Dabao à l’ouest de la péninsule, le président Luis Filipe Vieira vient de signer un accord avec une entreprise de la ville de Hangzou. Celui-ci prévoit l’envoi de sept techniciens benfiquistas en terres chinoises dont la mission sera de former des jeunes joueurs locaux et de professionnaliser les structures locales. La contrepartie est inconnue. Certains évoquent un cadeau à plusieurs zéros. Deux ans avant l’épisode Yu Dabao, le Sporting avait également mis en place un système similaire. Les Leões avaient, eux, négocié directement avec la Fédération chinoise de football, qui soumettait alors une liste des 100 meilleurs jeunes du pays (de 12 à 15 ans) au Sporting qui sélectionnait ensuite les meilleurs parmi les meilleurs. Les heureux élus gagnaient le droit de s’entraîner dans la fameuse academia et d’aller à l’école à Lisbonne jusqu’à leur majorité. Les Leões n’ayant tiré aucun bénéfice de cet échange en raison du faible niveau du football chinois, l’accord entre les deux parties a rapidement été rompu.

Ironiquement, le meilleur partenariat sino-portugais conclu jusqu’ici ne concerne aucun gros club de Liga Nos. Le projet s’appelle Oriental Dragon FC, nom de l’équipe fondée par un dénommé Qi Chen, entrepreneur né en Chine, mais habitant au Portugal depuis de longues années. C’est lui qui a joué les médiateurs entre Benfica et Dailan en 2007 dans le dossier Yu Dabao. Amoureux de football, Chen connaît les lacunes de son pays d’origine et sait que sa terre d’accueil a beaucoup à offrir à cette première. C’est pourquoi il n’hésite pas à investir un demi-million d’euros dans son projet d’équipe 100% chinoise à Lisbonne. Grâce au séjour de Dabao à Benfica, l’entrepreneur réussit à s’entourer d’anciens coachs des catégories de jeunes ou de l’équipe B des aguias. Ces derniers voyagent en Chine pour dénicher d’éventuels talents, mais également rencontrer les familles des joueurs pour dresser un profil psychologique afin de savoir si ces garçons âgés de 16 à 19 ans sont suffisamment solides pour encaisser le choc culturel auquel ils seront confrontés en débarquant en Europe.

Objectif Coupe du monde pour la Chine

Le sérieux avec lequel est mené le projet (qui vient de fêter son premier anniversaire) est, d’après Qi Chen, la principale raison pour laquelle la Chine préfère avant tout travailler avec le Portugal sur le plan footballistique. « La Chine s’entend très bien avec le Portugal, car les Portugais nous prennent au sérieux » , argue l’ancien agent de Yu Dabao dans les colonnes du site Mais Futebol. L’amitié sino-lusitanienne ne date pas de la dernière pluie, mais n’explique pas à elle seule la multiplication de ce genre d’échanges. Nie Quan, conseiller de l’ambassadeur de Chine au Portugal et grand fan de Benfica a, durant l’inauguration du partenariat entre le SLB et la fameuse entreprise d’Hangzou, insisté sur le fait que le Portugal était une référence mondiale entre les quatre lignes, mais aussi sur le banc de touche, ainsi que sur le plan structurel. Cette polyvalence intéresse fortement un pays dont les joueurs aussi bien que les entraîneurs et, plus largement, les clubs sont en retard par rapport aux autres nations du football. C’est que Xi Jinping a des ambitions pour sa Chine. Il veut la revoir disputer un Mondial rapidement avant de pouvoir envisager d’accueillir elle-même la Coupe du monde et, bien sûr, la remporter un jour. À en croire Qi Chen, ce n’est pas gagné. « Il faut revoir le système de compétitions chez les jeunes. En Chine, les gamins disputent beaucoup de matchs pendant une semaine, puis ne jouent plus pendant un trimestre. Au bout du compte, ils ne jouent pas assez. » Au lieu de chercher la potion magique chez les druides portugais, les dirigeants chinois feraient sans doute mieux de s’attaquer à ce problème majeur. Car, entraîneurs chevronnés ou pas, matériel ou pas, argent ou pas, un gamin qui ne joue pas ne pourra jamais rivaliser avec ses pairs qui dédient leurs journées à la pratique du football.

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Par William Pereira

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