- Euro 2016
- Finale
- France-Portugal (0-1 ap)
Le Portugal dit « obrigado » Michel
Il était le grand absent dimanche soir au Stade de France. Michel Platini a regardé depuis son salon à Cassis Cristiano Ronaldo et les Portugais devenir champions d’Europe. Une performance à laquelle il n’est pas totalement étranger. D’ailleurs, ça méritait bien une petite lettre de remerciement.
« Ola Michel, tudo bom ?
On t’avoue, on était un peu tristes de pas de te voir hier soir à Sao-Dinis. D’ailleurs, on n’a même pas calculé qui avait remis le trophée à Cristiano. Un Espagnol ? Merci les Français de nous chambrer jusqu’au bout. Michel, personne a pensé à te filer une place ? Même pas une petite catégorie 3 ? C’est moche quand même quand on sait que ce stade aurait pu porter ton nom si tu n’étais pas trop modeste (ou trop vivant) et que Liane Foly n’avait pas proposé « Stade de France » , à moins que ça ne soit ce bon Francis Huster. Michel, tu sais, ici, au Portugal, on t’aime bien. D’ailleurs, on ne te tient même pas rigueur pour 1984 et on n’aurait même pas idée de comparer les neuf buts sur quatre championnats d’Europe avec ton record sur un seul. Et puis on t’imagine avec ta bouteille de rosé tiède à regarder la finale chez toi à Cassis. Tu ne t’es quand même pas infligé Le Capital sur France 2 avec Gad Elmaleh ? Déconne pas.
Michel, si on t’écrit, c’est pour te dire merci. Un putain d’obrigado. On ne va pas se mentir, sans toi, on n’aurait jamais gagné cet Euro et on ne serait pas en train de descendre un troisième pack de Super Bock à la santé d’Eder. On entend ici et là que tu aurais provoqué un sacré bordel avec ton idée d’un Euro à 24 équipes, que le niveau général s’en serait ressenti avec toutes ces équipes moyennes qui ne pensaient qu’à dresser une ligne Maginot pour faire couleur locale. On te connaît Michel, tu es du genre à vouloir le plus de monde possible autour de la table. Tu es dans la générosité.
Sur le papier, on aimait bien l’idée de cet Euro élargi. Déjà mathématiquement, on avait moins de risques de devoir s’arracher en barrages contre la Bosnie. Mais ta vraie idée de génie, c’est quand même d’avoir remis au goût du jour la qualification des meilleurs troisièmes de poule. Alors, les gens critiquent et disent qu’ils ne pigent rien au règlement. Il était pourtant très clair ce tableau explicatif. Alors oui, l’honnêteté nous pousse à dire que ça nous arrangeait bien. Un peu comme l’Argentine de 1990, une équipe presque aussi dégueulasse que nous au passage. Au départ, un groupe avec l’Islande, l’Autriche et la Hongrie, c’était du velours, une autoroute vers les huitièmes. Sauf que chez nous, personne ne roule sur les autoroutes. Trop chères pour nous et notre SMIC à moins de 600 euros. On préfère les nationales congestionnées, alors forcément, ça ne roule pas toujours. Résultat : trois nuls, et on sort la Texas Instrument pour vérifier que ça passe. Qualifiés sans gagner un match, si ce n’est pas du panache à la portugaise ?
Alors que pouvait-il nous arriver derrière ? Prendre un bouillon contre la Croatie qui avait paraît-il réinventé le foot au premier tour ? Perdre contre les Polonais aux tirs au but ? Disputer presque toute une finale sans Cristiano ? Ah oui, on a quand même gagné une rencontre au passage contre les Gallois. Oui, le pays de Galles était en demi-finales de l’Euro. Tu as raté de ces histoires. Tu sais Michel, on n’est pas un très grand pays et on n’a pas souvent l’occasion de faire parler de nous. On avait juste envie de voir ce que ça procurait comme effet de gagner. Ton but en 84, ce con d’Abel Xavier qui ne sait pas garder ses mains dans les poches, la tête de Charisteas ou Henry qui trébuche sur le pied de Carvalho. Tu nous l’accorderas, l’histoire nous en devait une quand même. Je te l’accorde, taper ton pays en finale sur un but d’Eder, c’était aller un point trop loin dans le troll. Et puis, on imagine que tu dois avoir de la peine pour Deschamps. Allez ressers-toi un peu de rosé.
Michel, on va devoir te laisser, mais tu nous connais, on a la cuisine toujours ouverte. Alors n’hésite pas à passer à l’occasion, tu as bien prévu quelques matchs à Lisbonne ou Porto pour ton Euro à 13 pays en 2020 ? Même pas ! Passe quand même, on te gardera un morceau de frango assado et tu feras glisser avec quelques pasteis avant le café.
Sinon, tu as des nouvelles du chauve de l’UEFA qui préside la FIFA maintenant ? C’est bien lui qui nous remettra notre Coupe du monde dans deux ans en Russie ? Juste pour savoir. »
Abraço Michel
Le Portugal
Par Alexandre « Ederzito » Pedro