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Le Portugal a les armes
On ne pensait pas revoir un Real-Barça avant la Supercoupe d'Espagne, on a eu tort. Portugais et Espagnols s'affrontent dans un clásico où Cristiano Ronaldo sera orphelin de Messi, tout comme l'Espagne d'ailleurs. En 2010, la Roja avait battu la Selecção en 8es de la Coupe du monde, mais ça, c'était avant que Bento ne débarque sur le banc portugais. En novembre 2010, il enfile un 4-0 à Del Bosque. Autant dire que le Portugal a les armes. Mais saura-t-il s'en servir?
Comme pour la Coupe du monde 2010, le Portugal s’est pitoyablement qualifié pour la phase finale de la compétition. Comme en 2010, il a écopé du groupe de la mort, duquel il était censé ne pas sortir. Comme en 2010, les Portugais sont passés, et vont devoir croiser le fer avec les Espagnols. La différence cette année, c’est que Paulo Bento est sur le banc portugais, Cristiano Ronaldo pète la forme et que l’Espagne semble un peu moins écrasante depuis deux ans. Alors forcément, la Selecção y croit et pourrait bien emmerder la Roja ce soir.
Cristano Ronaldo version Real
Malgré leur victoire en huitièmes de finale du Mondial sud-africain face au Portugal de Queiroz et leur statut d’archi-favori aujourd’hui, les Espagnols n’ont qu’un ascendant psychologique minime sur les troupes de Paulo Bento. Parce que c’est un « classico » (ou « clásico » ) ibère, et que chacune des deux parties va y aller avec les crocs. Sergio Busquets a lancé les hostilités il y a quelques jours en clamant haut et fort que ses coéquipiers, y compris les Merengues, n’épargneraient pas les jambes de Cristiano Ronaldo. Et tant pis si le démon qui sommeille en Pepe se réveille pour découper Iniesta et Xavi, au pire ça donnera un Pays-Bas – Portugal à la sauce 100% latine, ou un bon vieux Real-Barça. Ça serait moche pour le spectacle, mais si les hommes de Del Bosque parviennent à diminuer CR7 physiquement, voire à le blesser, ils auront accompli la moitié du boulot pour atteindre une troisième finale en 4 ans.
Cela peut paraître caricatural, mais tous les espoirs portugais sont contenus dans le brassard de leur capitaine, parce qu’il a enfin explosé avec la Selecção et qu’il marche à présent sur les traces qui sont les siennes avec le Real Madrid. Avec à son actif deux changements de coiffure à la mi-temps, trois buts marqués, quatre tirs sur le poteau et une centaine de passements de jambes, le Ballon d’Or 2008 n’a jamais été aussi bon en sélection que cette année. De là à réduire la montée en puissance des Lusitaniens dans cet Euro « soviétique » , il y a un gouffre qu’il vaut mieux ne pas franchir. Car, contrairement à ce que la légende dit, CR7 a besoin d’évoluer dans un schéma tactique conçu pour lui, où ses coéquipiers travaillent pour lui. Comme Messi au Barça, comme Ibra à Milan et surtout en Suède, bref, comme n’importe quel joueur à égo et talent surdimensionnés.
Joue-la à la Bento
Ce principe, Carlos Queiroz ne l’avait pas compris en son temps. Pendant la Coupe du monde 2010 – match contre la Roja inclus – Ronaldo a été absent, nul, méconnaissable. Outre le problème psychologique qu’il a, semble-t-il, résolu, le capitaine guesh était à l’époque bien trop isolé pour faire quoi que ce soit. Face à l’Espagne il y a deux ans, Queiroz avait décidé de la jouer à la Grèce, en alignant un faux 4-3-3 qui, pour le coup, était un vrai 4-5-1, dont les seuls buts étaient de défendre à outrance pour ne pas se prendre une branlée et de récupérer le ballon pour le balancer à CR7. Tant mieux si ça passe, tant pis si ça casse. L’ancien bras droit de Ferguson obtient ce qu’il veut. Une courte défaite, sans gloire. Depuis l’arrivée de Paulo Bento, le Portugal a évolué. Et sur le principe, il ressemble quand même vachement au Real de Mourinho, les joueurs en moins. Paulo Bento part du principe qu’il y a des moments où il faut savoir jouer sans ballon et observer son adversaire, avant de monter brutalement sur le terrain en s’appuyant sur la vitesse d’exécution de ses ailiers.
Comme son prédécesseur, l’ancien coach du Sporting est donc adepte du contre. La différence, c’est que, dans le dispositif de ce dernier, il y a un milieu de terrain entre la défense et l’attaque qui permet de remonter rapidement et efficacement le ballon. Il commence par Miguel Veloso au poste de récupérateur. Le joueur du Genoa réalise l’Euro de sa vie et prouve ne pas être un simple fils à papa. Devant lui, dans le rôle de relayeur, Raul Meireles est à l’image de sa dégaine : magnifique. Et surtout, dans le rôle de maestro, il y a ce João Moutinho. Ses contrôles, sa conduite de balle, sa vision de jeu et ses passes jouissaient déjà d’une excellente réputation au Portugal, ils régalent à présent toute l’Europe. Autant dire que Cristiano Ronaldo est très bien entouré. Plus chiant pour la Roja, elle devra affronter un autre problème absent en 2010 : Nani. Le joueur de Manchester United, quoique un tantinet individualiste, s’amuse sur son côté droit et se pose comme une alternative de luxe à la solution CR7 sur les côtés. Álvaro Arbeloa a plus de chances de passer à la trappe que Jordi Alba et, pourtant, le Valencian va se coltiner le futur Ballon d’Or 2012 toute la soirée. En tout cas, une chose est sûre, comme en 2010, le Portugal n’a pas de buteur…
Par William Pereira