- Euro 2016
- Demies
- Galles-Portugal (0-2)
Le Portugal a choisi le bon moment pour gagner
Après une première mi-temps tactique et peu enthousiasmante où les deux équipes ont fait jeu égal, les Portugais se sont mis au chaud en cinq minutes avant de contrôler tranquillement les Gallois. Ils joueront la finale à Saint-Denis, devant des milliers de supporters qui klaxonnent déjà dans les rues.
Portugal 2-0 Galles
Buts : Ronaldo (50e) et Nani(53e) pour le Portugal
Il faut toujours se méfier des pires équipes. Après la pire sélection de l’histoire du football italien qui rentre à la maison accompagnée de tous les « Grazie » de la péninsule, la prétendument moins méritante des quatre équipes encore en lice a remis le couvert ce mercredi soir à Lyon pour sa deuxième finale d’Euro. Le Portugal n’est toujours pas une équipe de génie, c’est d’ailleurs rarement l’enjeu à ce stade d’une compétition, mais on peut lui accorder les mêmes vertus que celles qui ont jonché le parcours de l’Italie, ou alors ce Portugal est victime d’un délit de sale gueule inversement proportionnel à la vague de sympathie qui a entouré le parcours de son opposant du jour. Seulement voilà, une demi-finale d’Euro ne fonctionne pas sur les mêmes principes qu’une saison de X factor. La question du mérite est toujours une affaire compliquée dans le football, mais le Portugal n’a pas laissé beaucoup d’occasion d’espérer aux Gallois qui, comme souvent, ont donné l’impression d’avoir déjà tout donné en éliminant la Belgique.
Où Ronaldo engueule l’arbitre
Ce n’est peut-être pas un hasard si Cristiano Ronaldo, longtemps énervant dans son attitude, a débloqué la situation et mis sur les rails son pays dans une posture de sauveur de la nation dont les précédents matchs l’avaient privé. La partie a débuté par 45 minutes d’ennui dans un stade bizarrement moins festif que prévu et où il restait des places vides. À part les sautes d’humeur de Ronaldo qui n’est pas loin d’accuser l’arbitre, Jonas Eriksson, d’être responsable d’une bicyclette manquée, le Portugal n’est pas la nation vaillante et immortelle comme le résume la bâche des supporters rouge et vert, mais plutôt la sélection attentiste et un peu à côté de la plaque question animation défensive que l’on a vue depuis le début du tournoi. Une entame pas folichonne où il faudra attendre 16 minutes pour assister à un début de mouvement quand Ronaldo transmet à João Mario. L’attaquant du Real est bousculé, lève la main pour crier au scandale et ne voit pas le tir trop croisé de son milieu gauche. À la 21e, Bale récupère un ballon dans son camp, mystifie Danilo – qu’on ne reverra plus et qui nous ferait presque regretter Alou Diarra –, remonte le terrain et s’offre la première frappe cadrée des 25 mètres en profitant d’un appel de Robson Kanu. À l’image de son match contre la Belgique, le pays de Galles sort petit à petit de son début de match appliqué pour aller taquiner la défense portugaise. Cette fois-ci un peu plus timidement, sans faire les fous, avec un Joe Allen qui tente de faire du Modrić en plaçant les Lego dans l’ordre. Moutinho sur le banc, Renato Sanches un peu paumé, le Portugal a choisi de faire l’économie d’un joueur capable de tirer des bords. Alors les Portugais jouent comme les Gallois n’osent plus jouer, décalage et centre dans la zone de gel capillaire de Cristiano Ronaldo. À part sur une reprise légèrement au-dessus à la 43e minute, cela ne marche pas. Peut-être que la tactique portugaise est une question de patience. Au retour des vestiaires, un corner joué à deux entre Danilo et João Mario est repris à environ 8 mètres du sol par Ronaldo qui l’envoie dans la lucarne. La détente de l’attaquant du Real mérite à elle seule la punition de s’être gaufré une première mi-temps aussi dénuée d’intensité.
Gareth Bale à l’image de son équipe
Pas ingrats, les supporters Gallois, au lieu de chanter « Wake up Boo ! » des Boo Radley’s, entonnent leur fameux « Dont take me home » . Sourd des deux oreilles à la suite d’un accident de plongée, Nani n’entend rien. À la limite du hors-jeu, il tend la jambe pour dévier un tir de Ronaldo passé entre les jambes de Renato Sanches et cela fait 2-0 en moins de 5 minutes. À l’image de la performance du nouvel attaquant de Valence en première mi-temps, les Gallois n’ont rien vu venir. Ronaldo en veut encore, il grimace de rage après un coup-franc-cognac qui passe légèrement au-dessus de la cage d’Hennessey. Peu de raisons de s’enthousiasmer ou même d’espérer pour les supporters gallois, à part sur un carton jaune filé à Bruno Alves pour anti-jeu. Forcément, les choses deviennent plus simples pour les Portugais qui enquillent les balles de 3-0, dont une tête de José Fonte qui aurait pu ficeler la belle histoire du joueur du Sporting passé par les chemins tortueux de l’anonymat avant de retrouver la lumière. Même Danilo s’offre une occasion sur une frappe aux six mètres qu’Hennessey est tout proche de laisser passer sous son ventre. À l’image de son équipe, Gareth Bale alterne approximations techniques et tentative orgueilleuse de réduire le score pour dire au revoir. Il tente le même coup franc qu’à Lens face aux Anglais. Il ne va pas plus loin que le mur. Les Anglais doivent être heureux. Il va désormais arrêter de se moquer d’eux.
Par Joachim Barbier, au Parc OL (Lyon)