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Le Poiré survit

Par Steven Oliveira
6 minutes
Le Poiré survit

Il y a deux ans, Le Poiré-sur-Vie disputait sa quatrième saison d'affilée en National. Redescendu volontairement en Division d'Honneur, le club vendéen vit très bien son statut d'amateur.

23 juin 2006, troisième match du groupe G à la Coupe du monde, Togo-France. Le jeune Franck Ribéry, milieu droit, est alors opposé au défenseur Richmond Forson. Sa particularité ? Il évolue en France, à la Sainte Jeanne d’Arc du Poiré Football, en Division d’Honneur. Si, après le Mondial allemand, le Togolais profite de sa nouvelle célébrité pour rejoindre Cherbourg en National, le club vendéen connaît, lui, une ascension fulgurante, passant de la DH au National en moins de dix ans. Après un bref retour en CFA, celui qu’on appelle désormais Vendée Poiré-sur-Vie Football retrouve le troisième échelon du foot français à partir de l’été 2011. Suivront quatre saisons durant lesquelles les Vendéens s’offrent une sixième place en 2013 et Hervé Bazile dans la foulée. Mais, après une douzième place au classement à l’issue de la saison 2014-2015, le Poiré-sur-Vie préfère quitter le National. Président du club, Jean-Yves Cougnaud rembobine : « On a vécu de belles années en National, on en garde de beaux souvenirs. Mais ça a été un choix d’arrêter, ce n’est pas un dépôt de bilan. Un choix par rapport à des contraintes d’équipements et financières. Les budgets sont difficiles à tenir en National. »

Huit cents spectateurs en DH

Reparti de CFA 2, soit l’échelon de son équipe deux, le Poiré-sur-Vie connaît une année de transition difficile. Malgré un budget confortable de 500 000 euros, le club vendéen entame sa nouvelle vie par une relégation en Division d’Honneur. Insuffisant pour saper le moral du club des Pays de la Loire, actuellement pimpant leader de DH. La montée, Jean-Yves Cougnaud la veut et ne s’en cache pas : « On a l’ambition affichée de remonter en CFA 2. On a conservé tout notre groupe de l’an dernier, car les gars sont revanchards, ils ont été déçus de ne pas pouvoir se maintenir. Les joueurs ont donc relevé le challenge de jouer en DH et remonter en CFA 2 de suite. » Avant de grimper en CFA, puis en National ? « Non, si on a quitté le National ce n’est pas pour le retrouver » , rigole le président.

Si les « Genôts » ont vu tous les joueurs du groupe pro s’envoler après le retour au monde amateur, les supporters sont, eux, restés fidèles au club, malgré une baisse logique d’affluence. De 1 800 à 3 000 spectateurs présents au stade de l’Idonnière en National, le club vendéen est passé à 800 personnes assises en tribunes lors des rencontres de DH. Un soutien sans faille lié à la transparence des dirigeants au moment de quitter le monde pro : « Il a fallu digérer cette déception de nos supporters, même si on a bien expliqué les raisons de notre retour en arrière, on a fait un gros travail là-dessus. Et les gens adhèrent toujours au club, on n’a pas perdu de licenciés, ni de bénévoles ou de partenaires. Ils sont tous restés et ont compris le message. »

Le retour au club familial

Trop grand pour cette petite commune rurale de 8 000 habitants, le National n’a pas fait que du mal au club vendéen, qui ressent encore les bienfaits de ces quatre ans au troisième échelon du foot français. « Les membres de notre staff actuel s’occupaient des équipes inférieures durant le passage en National. Ils ont pu profiter de l’expérience en côtoyant les coachs et les préparateurs physiques de l’équipe première (entraîneur principal entre 2011 et 2015, Ozwald Tanchot est aujourd’hui le coach du Havre en L2, ndlr). On avait les équipements exigés par le National à notre disposition. Tout ça a fait grandir le club au niveau structure et on est en train d’en profiter aujourd’hui indirectement » , sourit le président Cougnaud. Un homme a su tirer profit de ce retour en division inférieure : Benjamin Guillou. Ancien joueur du club, Benjamin était chargé d’observer les équipes adverses lorsque les Genôts évoluaient en National. Désormais coach de l’équipe première, ce n’est pas lui qui va contredire son président : « Les quatre années de National ont été bénéfiques pour tous les éducateurs du club. Le staff était ouvert, on échangeait beaucoup avec lui et nous avons appris plein de choses. Ils ont laissé un savoir-faire au club qu’on utilise encore aujourd’hui. »

Des équipements de qualité, une connaissance du haut niveau et une ambiance familiale avec des joueurs de la région issus pour la plupart du centre de formation. De quoi rendre heureux le président qui ne regrette pas du tout ces joueurs « pros ou ceux qui se considéraient comme tels alors qu’ils ne l’étaient pas » et qui changent de club tous les ans à l’issue de leurs contrats d’un an : « Nous prenons peut-être plus de plaisir maintenant, nous sommes beaucoup plus libérés. Beaucoup plus proches des joueurs. Nous retrouvons un esprit club encore plus important. C’est normal, nous n’avons pas le même profil de joueurs. Là, nous avons des joueurs beaucoup plus attachés au club. » Mais attention, le club n’en reste pas moins compétitif pour autant avec quatre entraînements par semaine déplacés à 19h, afin de permettre aux joueurs d’allier travail et football. Une difficulté qui demande à l’entraîneur de s’adapter : « Si un joueur arrive cinq minutes en retard, je ne peux pas lui crier dessus parce qu’il a fait cinq minutes ou une heure de plus au boulot. Alors qu’en National, le mec qui est sous contrat fédéral et arrive cinq minutes en retard, c’est une faute professionnelle. »

La Coupe de France pour prouver

Amateurs, mais ambitieux, les Genôts espèrent bien réaliser un beau parcours en Coupe de France, eux qui ont déjà atteint les huitièmes de finale en 2015, avant de s’incliner aux tirs au but face au futur finaliste, l’AJ Auxerre. Motivés comme jamais, les joueurs du Vendée Poiré-sur-Vie ont repris l’entraînement le 27 janvier, jouant même un amical le 31 décembre. S’il aurait préféré tomber sur un gros club de Ligue 1, Jean-Yves Cougnaud se contente de la venue de Viry-Châtillon et espère au moins que cette compétition serve à « redonner du plaisir à nos supporters qui ont toujours cru en nous » . Plus rancunier, Benjamin Guillou espère, lui, gagner pour prouver que le club n’est pas mort : « Il y a plein de gens qui pensaient qu’on allait s’écrouler. Ce match est une bonne occasion de montrer à tout le monde que le club est bien vivant et qu’il reste ambitieux. » Enfin, pas jusqu’au point de remonter en National.

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Par Steven Oliveira

Tous propos recueillis par SO.

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