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Le point VAR de la Coupe du monde (épisode 3)
Avec l’Islande et le Panama, elle dispute sa première Coupe du monde : c’est l’assistance vidéo. Et si le nombre d'erreurs est réduit dans l'absolu, nombreuses sont les décisions discutables et beaucoup d'équipes peuvent se sentir lésées. Tout au long de la Coupe du monde, sofoot.com fait le point sur les situations litigieuses qui ont nécessité le recours à la VAR ou pas.
Rappel du cadre d’utilisation de la VAR pendant la compétition :
Quatre arbitres officiels internationaux désignés par la FIFA sont chargés de regarder les matchs depuis Moscou, en ayant à disposition les 33 caméras utilisées par les télévisions internationales, ainsi que deux caméras supplémentaires focalisées sur le hors-jeu. En cas de situation litigieuse bien spécifique, soit l’arbitre central demande au référent vidéo de regarder les images, soit celui-ci lui recommande d’avoir recours à l’analyse vidéo. Ensuite, l’arbitre principal peut s’appuyer sur la décision du référent vidéo ou décider de visionner lui-même l’action au bord du terrain. Les quatre cas d’utilisation de la VAR sont les suivants : valider ou non un but, accorder ou non un penalty, attribuer ou non un carton rouge et corriger une erreur d’identification d’un joueur sanctionné.
Arabie saoudite 2-1 Égypte
Le détail de l’action :
45e minute. Dans un silence de cathédrale à la Volgograd Arena, l’attaquant saoudien Fahad al-Muwallad s’écroule au contact d’Ali Gabr dans la surface. Les deux joueurs se sont tiré le maillot, mais l’arbitre juge que c’est le défenseur égyptien qui fait la première faute, alors il désigne le point de penalty.
L’assistance vidéo a-t-elle été utilisée ?
Oui, le référent vidéo revoit les images encore et encore avec son équipe. Deux minutes après son coup de sifflet, M. Wilmar Roldán décide d’aller vérifier par lui-même au bord du terrain. « Avant ! Avant ! Avant ! » hurle-t-il au technicien qui lui montre la séquence. L’arbitre principal finit par confirmer sa décision, en rajoutant un carton jaune au défenseur. Quatre minutes après le coup de sifflet initial, Salman Al Faraj s’élance et trompe le vétéran Essam El Hadary.
La preuve que la VAR n’est pas une baguette magique ?
Même après de multiples re-visionnages, l’équipe vidéo à Moscou n’a pas réussi à se faire une idée sur l’action. Les deux joueurs se tirent le maillot, impossible d’avoir un avis tranché sur cette action.
Espagne 2-2 Maroc
Le détail de l’action :
91e minute. Le Maroc, déjà éliminé, pense tenir sa victoire face à l’Espagne. Les Lions de l’Atlas concèdent un corner, qui prend de court la défense et même le réalisateur qui s’attarde sur les ralentis. Iago Aspas marque d’une superbe madjer, mais l’arbitre assistant lève son drapeau pour signaler un hors-jeu. Dans un premier temps…
L’assistance vidéo a-t-elle été utilisée ?
Oui, M. Ravshan Irmatov indique tout de suite à Sergio Ramos qu’il vérifie le hors-jeu auprès de son référent vidéo. Les secondes s’écoulent. Près de deux minutes après son coup de sifflet initial, l’arbitre principal désigne le rond central pour signaler qu’il accorde le but, son référent vidéo considérant que Iago Aspas est couvert par Mbark Boussoufa.
La preuve que la VAR n’est pas une baguette magique ?
Le but n’aurait pas dû être accordé. Le ballon est sorti à gauche de la cage et les Espagnols l’ont joué au coin opposé. Selon les Lois du Jeu de la FIFA (page 135), quand un ballon sort en corner, il doit « être positionné dans la surface de coin la plus proche de l’endroit où le ballon a franchi la ligne de but » . Le corner aurait dû être retiré par les Espagnols. Au fait, c’est ce but qui permet à la Roja de terminer première du groupe devant le Portugal…
Iran 1-1 Portugal
Le détail de l’action :
89e minute. Ramin Rezaeian envoie un centre anodin au deuxième poteau. Sardar Azmoun s’élève plus haut que Cédric Soares, son coup de tête touche le bout des doigts du latéral portugais. L’arbitre laisse le jeu se poursuivre, avant de l’interrompre dix secondes plus tard.
L’assistance vidéo a-t-elle été utilisée ?
Oui, c’est le référent vidéo qui parle à l’arbitre principal pour lui signifier l’action litigieuse. M. Enrique Cáceres implore les joueurs des deux équipes de patienter et finit par vérifier les images par lui-même au bord du terrain. Trois minutes après son coup de sifflet initial, l’arbitre principal revient sur sa décision et accorde un penalty à l’Iran. Karim Ansarifard le transforme, 1-1. Dans la foulée, Mehdi Taremi se procure une occasion en or de donner la victoire à l’Iran qui aurait pu éliminer le Portugal…
La preuve que la VAR n’est pas une baguette magique ?
Pour qu’une faute de main soit avérée, il faut que le joueur de champ « touche délibérément le ballon de la main » (c’est marqué à la page 105 du règlement). Or, là, comme tout joueur qui veut se donner une impulsion, Cédric Soares s’aide de ses mains. Et il ferme les yeux quand le ballon lui retombe sur la main. Une main volontaire, vraiment ?
Nigeria 1-2 Argentine
Le détail de l’action :
75e minute. Le Nigeria a une balle de contre pour mener 2-1, autant dire que les Argentins serrent les fesses. Javier Mascherano s’arrache de tout son long pour contrer un centre d’Ahmed Musa, la volée d’Odion Ighalo frôle le cadre. Mais avant de retomber dans les pieds de l’attaquant nigérian, le ballon a touché la main de Marcos Rojo.
L’assistance vidéo a-t-elle été utilisée ?
Oui, le référent vidéo demande tout de suite à M. Cüneyt Çakır d’arrêter le jeu. Comme l’équipe de Moscou ne se prononce pas, l’arbitre principal vérifie pas lui-même au bord du terrain et ne met pas longtemps à constater que Marcos Rojo a touché le ballon de la main involontairement en loupant son dégagement de la tête.
La preuve que la VAR n’est pas une baguette magique ?
Si c’est l’arbitre d’Iran-Portugal ou Danemark-Australie qui avait revu l’action… Aujourd’hui, Marcos Rojo ne serait sûrement pas un héros national en Argentine.
Corée du Sud 2-0 Allemagne
Le détail de l’action :
92e minute. L’Allemagne doit marquer pour rester en vie, mais Son Heung-min est à la baguette sur corner, il envoie un tir tendu au premier poteau… Le ballon revient sur Kim Young-gwon, qui marque à bout portant. Une fausse joie, car l’arbitre lève son drapeau. Les Coréens sont déjà replacés, mais cette histoire ne va pas en rester là…
L’assistance vidéo a-t-elle été utilisée ?
Oui, l’arbitre M. Mark Geiger temporise en attendant d’avoir la confirmation de son référent vidéo. Il choisit ensuite d’aller juger par lui-même au bord du terrain… et valide finalement le but. Après presque deux minutes de battement, la VAR vient de clouer le cercueil de l’Allemagne, éliminée au premier tour de la Coupe du monde pour la première fois depuis 1938.
La preuve que la VAR n’est pas une baguette magique ?
Si l’arbitre principal a validé le but, c’est parce qu’il considère que le buteur coréen est remis en jeu par une passe allemande. Or, si c’est bien Toni Kroos qui pousse le ballon du bout du pied, il vise clairement Niklas Süle, mais ce dernier dévie le cuir vers Kim Young-gwon en se prenant un petit pont. Que dit le règlement (pages 101-102) ? « Un joueur en position de hors-jeu au moment où le ballon est joué ou touché(…)par un coéquipier doit être sanctionné uniquement lorsqu’il commence à prendre une part active au jeu(…)en tirant un avantage, car il joue le ballon ou interfère avec un adversaire après que le ballon a rebondi ou été dévié par(…)un adversaire. » Il dit aussi plus loin : « Un joueur en position de hors-jeu qui reçoit un ballon joué délibérément par un adversaire (à l’exclusion d’un ballon repoussé par un adversaire) n’est pas considéré comme tirant un quelconque avantage de sa position. » Or, cette action ressemble précisément à un ballon repoussé par un adversaire, en l’occurrence Toni Kroos. Donc, Kim Young-gwon aurait pu être considéré comme étant hors jeu.
Mexique 0-3 Suède
Le détail de l’action :
28e minute. Coup franc lointain en faveur de la Suède. C’est dans la boîte, Mikael Lustig fait une remise de la tête, interceptée par Javier Hernández. L’arbitre laisse le jeu se poursuivre, mais les Suédois réclament un penalty pour une main de Chicharito.
L’assistance vidéo a-t-elle été utilisée ?
Oui, la Suède allait jouer un corner lorsque M. Néstor Pitana a stoppé le jeu, en discussion avec son référent vidéo. L’arbitre principal décide d’aller vérifier les images par lui-même au bord du terrain. Et deux minutes après l’action en question, il confirme sa décision et indique aux Suédois de jouer le corner.
La preuve que la VAR n’est pas une baguette magique ?
Si c’est l’arbitre d’Iran-Portugal ou Suède-Danemark qui avait revu l’action… C’était penalty. D’autant que pour le coup, Chicharito fait un (très) léger mouvement du bras afin d’emmener le ballon dans sa course.
Suisse 2-2 Costa Rica
Le détail de l’action :
89e minute. Keylor Navas balance un énorme dégagement dans le camp suisse. Kendall Waston prolonge de la tête vers Bryan Ruiz, qui dribble Michael Lang avant de s’écrouler au contact de Ricardo Rodríguez. Penalty.
L’assistance vidéo a-t-elle été utilisée ?
Oui, le référent vidéo indique à M. Clément Turpin que l’action est litigieuse. Une minute plus tard, il lui assure que le buteur costaricien est hors jeu sur la remise de Kendall Waston. L’arbitre principal fait confiance à son référent vidéo et annule le penalty. Le jeu reprend avec un coup franc en faveur des Suisses… Quelques instants plus tard, le Costa Rica se procurera un autre penalty, converti par Bryan Ruiz avec l’aide de la transversale et du dos de Yann Sommer.
Pourquoi la VAR a été bien utile ?
Parce que le hors-jeu est implacable au ralenti et qu’il avait échappé à l’arbitre assistant à vitesse réelle.
Sénégal 0-1 Colombie
Le détail de l’action :
16e minute. Au bout d’un contre éclair, Sadio Mané se présente face à David Ospina, mais Davinson Sánchez tacle le ballon in extremis. L’arbitre siffle penalty.
L’assistance vidéo a-t-elle été utilisée ?
Oui, M. Milorad Mažić montre très clairement aux Colombiens qu’on lui parle dans l’oreillette, il s’empresse d’aller voir les images de lui-même. Une minute et demi après son coup de sifflet initial, l’arbitre principal fait le geste « relève-toi » à Sadio Mané (qui est debout depuis un certain temps) et annule le penalty.
La preuve que la VAR n’est pas une baguette magique ?
Bah, Davinson Sánchez embarque la jambe de Sadio Mané avec le ballon…
Par Florian Lefèvre