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Le point G des Bleus
Leurs partisans rêveraient qu'ils deviennent les « GG », avec un Griezmann et un Gameiro pour animer l'attaque de l'équipe de France. Simeone l'a en partie réalisé en les réunissant à l'Atlético, et Deschamps se prête au jeu en convoquant Gameiro chez les Bleus. Mais le couple est-il fait pour s'entendre ?
Cette fois-ci, Didier Deschamps ne pouvait plus faire autrement. Karim Benzema toujours recalé à l’entrée, Alexandre Lacazette en forme olympique – six buts en trois journées de Ligue 1 – mais blessé, c’était enfin au tour de Kevin Gameiro d’être appelé. Une première sous l’ère Deschamps, puisque le petit nouveau de l’Atlético n’avait plus connu l’équipe de France depuis ce match amical sans intérêt, France-USA, en novembre 2011. Soit un peu plus d’un an après sa première sélection, en septembre 2010. Huit matchs, un petit but, et puis s’en va. Avant l’Euro, une petite campagne avait bien démarré et militait pour son retour en Bleu, mais le suspense était quasi inexistant. Avec un Giroud indéboulonnable, la surprise aurait pu venir de l’attaquant de pointe remplaçant. Mais même en cas de non-sélection de Gignac, Deschamps aurait très probablement réservé la place à Lacazette. Lucide, Gameiro avait passé une grande partie des mois qui ont précédé l’Euro à répondre aux questions sur sa place parmi les 23, en dégonflant le ballon et en expliquant qu’il ne se faisait que très peu d’illusions. Début mai, après son doublé en demi-finale de Ligue Europa, il répondait encore sur le ton de l’humour à ceux qui osaient mettre le sujet sur le tapis : « Si vous pouviez appeler Deschamps, ce serait mieux. » Quelques mois plus tard, le genou de Lacazette qui lâche face à Dijon sera plus efficace qu’un coup de fil au sélectionneur, et Gameiro est bon pour retrouver un maillot bleu, aux côtés de celui avec qui il partage désormais le vestiaire de Vicente-Calderón, Antoine Griezmann. Assez pour commencer à faire naître ce fantasme chez certains : les voir associés dans un système à deux attaquants, aussi bien à Madrid qu’en bleu.
Gameiro, déjà biélorusse il y a six ans
Le 31 juillet dernier, en officialisant l’arrivée de Kevin Gameiro, l’Atlético de Madrid s’offrait un petit plaisir : réunir une paire française en attaque qui pesait 61 buts la saison dernière. Des Français qui jouent dans un grand championnat, et qui sont tout simplement les deux tricolores ayant le plus planté. Deux petits d’à peine 1m75, un gaucher de la génération 91, vainqueur de l’Euro des moins de dix-neuf ans en 2010, et un droitier né en 87, mais qui n’a pas participé aux folles épopées de cette génération mythique du football français. Et avec un Gameiro renard, capable de marquer avec n’importe quel type de ballon récupéré dans la surface, et un Griezmann à l’aise sur l’aile ou en faux 9 et susceptible d’organiser des actions, les deux compères semblent faits pour développer des automatismes. Une entente parfaite à l’Atlético ne pourrait que faire cogiter Deschamps, même si ce dernier a toujours privilégié les attaquants puissants, les armoires de type Gignac ou Giroud, aux profils moins physiques à la Gameiro. L’épisode pilote du duo n’a rien donné, puisque pour leur première titularisation ensemble à la pointe de l’attaque, le week-end dernier face à Leganés, les « GG » ont rendu copie blanche, avec un 0-0 et un manque de réussite évident. Gameiro avait pourtant sabré le champagne en marquant sur penalty dès son premier match, pour l’ouverture de la Liga, avec un Griezmann suspendu ce soir-là. Face à l’Italie, Deschamps n’a pas souhaité réunir la doublette, faisant entrer successivement Dembélé, Payet ou Gignac, mais laissant Gameiro sur le banc. Afin de se rassurer pour ce soir, l’ancien Sévillan pourra se réfugier dans la superstition. Il y a six ans, quasiment jour pour jour, le 3 septembre 2010, la France affrontait déjà la Biélorussie. Ce soir-là, Kevin Gameiro connaissait sa première sélection en Bleu.
Par Alexandre Doskov